Dans les rues de Toulouse, un tourisme sur les traces des grandes affaires criminelles

L'Office du tourisme de Toulouse reprend ses visites guidées sur les traces des "petites et grandes affaires criminelles" qui ont bouleversé la ville. L'occasion de mettre en perspective des faits divers, l'Histoire et le patrimoine. 

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On connaissait le tourisme vert, l'éco-tourisme, le tourisme industriel, sportif, d'affaires, médical...Voici que Toulouse relance le "tourisme criminel", une forme de découverte de la ville initiée il y a déjà une décennie.

Non pas qu'il s'agisse d'aller assassiner une grand-mère innocente dans une ruelle sombre, mais plutôt de s'instruire sur la façon dont les faits divers qui ont secoué Toulouse éclaire son Histoire et sa sociologie dans un cadre visuel que ses habitants traversent tous les jours.

C'est ainsi que reprend ce mercredi soir, la visite guidée encadrée par des guides-conférenciers, dont Josèphe de la Fage. 
 

L'idée générale est de mettre en parallèle les affaires criminelles et le contexte de l'époque tout en faisant concorder le cadre visuel, en plantant un décor qui est souvent un joli lieu de Toulouse

Josèphe de la Fage. Guide conférencière, Office de tourisme de Toulouse

La décapitation du duc de Montmorency

Le parcours commence au Capitole, cour Henri IV. C'est là que fut décapité en 1632 le duc de Montmorency, qui s'était opposé au cardinal Richelieu, lequel voulait faire payer autant d'impôts aux habitants du Sud qu'à ceux du Nord. Lâché par Louis XIII, dont il était pourtant l'ami, le duc est arrêté après avoir fomenté une révolte. Il est jugé à Toulouse et décapité - privilège alors réservé aux nobles, les autres étant plutôt pendus, roués de coups ou écartelés - dans la cour Henri IV.

La guillotine trônait au milieu de la place du Capitole pendant la période révolutionnaire


La "visite sanglante" se poursuit au milieu de la place du Capitole où est évoquée la période révolutionnaire et sa guillotine placée au beau milieu. C'est là que fut par exemple raccourci le 17 janvier 1794 Jean-Baptiste Dubarry, qui avait présenté son amante Jeanne à Louis XV dont le roi fit sa favorite. La place du Capitole et sa guillotine sont aussi l'occasion d'évoquer les 57 parlementaires toulousains décapités à Paris sous la Terreur.

L'affaire de la jolie Violente de Castro, aux nombreux amants et au mari vieux, laid et sans le sou


Il suffit ensuite de s'engager rue du Taur, théâtre au début du XVIIème siècle de l'affaire Violente de Castro, une belle jeune femme aux nombreux amants dont elle choisit pour mari le plus vieux, le plus laid et le moins riche de tous. Le corps de ce dernier est retrouvé lardé de 17 coups de couteau. Les autres amants sont tous soupçonnés puis condamnés à mort, ainsi que Violente de Castro.

L'assassinat du premier président du Parlement de Toulouse

Un peu plus loin, l'église Saint-Jérôme dans l'ancienne rue des Pénitents bleus renvoie à l'assassinat en 1589 de Jean Duranti, le premier président du Parlement de Toulouse, resté fidèle au roi à l'époque des guerres de religion. Les ligueurs toulousains, des ultra-catholiques d'une ville très anti-protestante le livrent à la foule. Il est tué d'un tir d'arquebuse.

L'affaire Calas, le plus célèbre dossier criminel de Toulouse

Point d'orgue de la visite, la place Saint Georges, sur les traces de l'affaire Calas. Ce plus célèbre dossier criminel de l'histoire de Toulouse se déroule de 1761 à 1765 sur fond de conflit religieux entre protestants et catholiques. Voltaire le médiatise dans son Traité sur la tolérance. Un jeune homme, Marc-Antoine Calas, fils du commerçant protestant Jean Calas avait été retrouvé pendu en 1761 rue des Filatiers. Le père, accusé sans preuve de l'avoir assassiné pour empêcher son fils de se convertir au catholicisme, est torturé puis exécuté place Saint Georges. "Ce n'est pas un hasard que cette affaire se soit déroulée à Toulouse, commente Josèphe de la Fage, dans une ville anti-protestante et très catholique. Cela nous donne l'occasion de planter le décor de la guerre des religions. La place Saint-Georges, place très populaire avec un marché, était aussi la place des exécutions capitales, avec un pilori où on exposait les suppliciés."
 

Il faut imaginer Toulouse avec tous ces lieux de supplice, ces piloris, ces fourches patibulaires aux entrées de la ville (des gibets où les condamnés à mort étaient pendus et leurs corps laissés sur place pour être exposés à la vue des passants et dévorés par les corneilles, NDLR)

Josèphe de la Fage

Vanini, le philosophe libre-penseur dont la langue fut arrachée avant d'être étranglé et brûlé

Le parcours fait encore une halte place Saint-Etienne, pour évoquer l'affaire Vanini, un philosophe, alchimiste astronome, théologien et libre-penseur,  condamné à mort pour blasphème, corruption de moeurs, athéisme et sorcellerie. Sa langue lui fut arrachée et il fut exécuté place du Salin, étranglé et brûlé. 

Jean d'Ulmo, Premier Président du Parlement qui vendait la Justice aux plus riches

Dernière étape, l'Hôtel particulier d'Ulmo, rue Ninau, un très bel hôtel de la renaissance où vécut Jean d'Ulmo. Premier Président du Parlement de Toulouse, il fut pendu haut et court place Saint-Goerges en 1549 pour avoir vendu la Justice aux plus riches.

Au total, cette visite guidée évoque surtout les affaires criminelles à partir de la création du Parlement de Toulouse en 1444. "C'est parce que ce Parlement, le plus ancien de France après celui de Paris, a été créé que nous avons toutes ces affaires criminelles célèbres. Toulouse est un lieu où vivent de grands professeurs de droit et des hommes de loi", explique la guide-conférencière".

Parfois, il arrive de faire réference à l'Antiquité. Il faut alors rejoindre la basilique Saint Sernin sur les traces cette fois de l'évêque Saint Saturnin, envoyé par le pape pour évangéliser la Gaule. En 250, des prêtres païens lui auraient demandé d'honorer l'empereur romain en lui sacrifiant un taureau. Son refus lui valut d'être attaché au taureau du sacrifice, et traîné dans toute la ville.

Pas de grandes affaires crimelles contemporaines au programme de la visite guidée

L'affaire Combette au XIX siècle peut faire l'objet d'une variante au parcours. La visite passe alors par Saint Aubin, où Cécile Combette, âgée de 15 ans, fut retrouvé violée et assassinée le 16 avril 1847 dans le cimetière jouxtant le couvent des Frères des écoles chrétiennes. L'un d'eux fut notamment accusé.

Mais jamais la visite guidée n'aborde les grandes affaires criminelles contemporaines. Pas d'affaire Patrice Alègre ni d'affaire Suzanne Viguier au programme. "Ces affaires sont trop récentes et c'est toujours délicat d'en parler, justifie Josèphe de la Fage. Je vois bien dans les visites que nous organisons sur la Résistance à Toulouse, beaucoup de choses sont encore très vivaces. Il vaut mieux que l'Histoire passe".
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