Au printemps 2022, deux enfants décédaient suite à une intoxication causée par des pizzas surgelées. Une dizaine d'autres enfants étaient tombés gravement malades. L'entreprise vient d'être mise en examen, notamment pour homicide involontaire. L'avocat toulousain Pierre Debuisson défend une soixantaine de victimes.
Ce vendredi 5 juillet l'entreprise Nestlé a annoncé officiellement sa mise en examen ainsi que celle de l'une de ses filiales dans le cadre de l'affaire des pizzas Buitoni. D'après une porte-parole de Nestlé France interrogée par l'AFP, l'entreprise est mise en examen pour "homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie".
Deux enfants décédés
Des pizzas surgelées de la marque Fraich-up, contaminées par la bactérie E. coli semblent à l'origine de la mort de deux enfants en 2022 et de l'intoxication d'une dizaine autres tombés malades. Depuis deux ans les parents de ces enfants témoignent du remord de leur avoir servi ces pizzas et de leur inquiétude aussi. Les séquelles peuvent être lourdes et notamment gravement toucher le fonctionnement des reins.
Enfin ! bonne nouvelle pour toutes les victimes !
— Quentin Guillemain (@qguillemain) July 5, 2024
Il est temps que @NestleFr réponde de ses actes et puisse être condamnée de façon exemplaire ! #Buitoni #Pizza #contamination https://t.co/5UN8xgoIAU
La mise en examen est vécue comme un soulagement par les familles comme en témoigne la mère d'Elea, une petite fille aujourd'hui âgée de 5 ans qui "figurait parmi les enfants les plus touchées". Une mère qui attend "avec impatience" le procès
Une information judiciaire avait été ouverte en mai 2022 à Paris pour homicide involontaire et mise sur le marché d'un produit dangereux pour la santé.
Des familles soulagées
"Deux ans après, on n'oublie pas, on apprend seulement à vivre avec ce traumatisme", a témoigné une autre maman, dans le département de la Vienne, dans un message à l'AFP. Sa fille, alors âgée de sept ans, avait dû être hospitalisée pour une pyélonéphrite. Celle-ci "va mieux" aujourd'hui.
"Une étape cruciale"
L'avocat toulousain maître Pierre Debuisson représente une soixantaine de victimes en France de ces intoxications. Pour lui la mise en examen de Netslé est "une étape cruciale dans la compréhension de l'origine de ce drame".
Il espère que cela "incitera vivement les grands groupes agroalimentaires à renforcer considérablement les contrôles internes afin de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs".
En parallèle de la procédure judiciaire, "un accord d'indemnisation a été passé avec une soixantaine de familles et des discussions sont toujours en cours avec d'autres", a indiqué Nestlé France à l’AFP. L’entreprise précise que cette "démarche amiable a [vait] pour objectif d'apporter un soutien immédiat aux familles". Des familles restées solidaires dans l'action.
Usine fermée
De leur côté, les anciens salariés de l'usine de Caudry où les pizzas étaient fabriquées attendent eux aussi beaucoup de cette procédure judiciaire. Ils veulent "vraiment savoir ce qui a causé ces contaminations", a réagi Stéphan Derammelaere, ancien délégué syndical FO de l'usine. "On a été salis pendant des mois et des mois", a-t-il dit, assurant que "les salariés travaillaient selon les standards de propreté" et n'étaient pour rien dans les contaminations.
À l’époque, la filiale française du leader mondial de l'agroalimentaire avait estimé que "l'hypothèse la plus probable" était celle d'une "contamination de la farine" utilisée dans la fabrication de la pâte à pizza. Des inspections sanitaires avaient mis en évidence "la présence de rongeurs" et le "manque d'entretien et de nettoyage des zones de fabrication", selon la préfecture.
Un scandale qui a durablement terni l'image de l'industriel et des pizzas surgelées. Un scandale qui avait abouti à la fermeture de l'usine de Caudry rachetée depuis par une société italienne.