A quelques jours de la clôture du Ségur de la santé, les personnels hospitaliers étaient appelés à manifester ce mardi 30 juin. Pour les médecins comme pour les autres soignants le compte n’y est pas. Explications avec un médecin de l’hôpital de Toulouse.
"Oui, j’irai manifester cette après-midi devant l’hôtel Dieu avec ma pancarte", nous confirme le docteur Rumeau membre de l'intersyndicale nationale des praticiens hospitaliers.L’hôtel Dieu c’est le bâtiment de l’administration du CHU de Toulouse. Tout un symbole pour ce médecin gériatre. Pierre Rumeau rêve d’un hôpital au service des patients et de la population mais selon lui, le système hospitalier français qui était l’un des meilleurs au monde est parti peu à peu à vau-l’eau.
"Il faut un financement de santé publique et le faire en fonction des besoins de la population, de la recherche et de l’enseignement", dit-il.
La santé c’est une fonction régalienne qui doit permettre à l’économie de vivre au mieux même en cas de crise. Nous n’avons pas à être rentables. Ce que l’on demande ce sont de réelles négociations avec le ministère. 1 euro dans le système de santé c’est 100 euros d’économisés pour les industriels. Si on avait eu les moyens, il y aurait eu moins de confinement et moins de chômage partiel.
L’épidémie de coronavirus a démontré, s’il le fallait, le besoin d’un système de santé efficace ; alors pour ce médecin, le Ségur de la santé lancé par le gouvernement le 25 mai dernier était un énorme espoir. "On sortait de l’épidémie, on s’est dit avec le Ségur, on va enfin pouvoir agir pour le bien commun". Mais la déception est à la hauteur de l’espoir.
6 milliards d'euros pour le personnel non médical des hôpitaux publics et de l’hospitalisation privée à but non lucratif, c’est moins de 200 euros par personne, explique le gériatre.
Quant aux 300 millions d'euros annoncés pour les médecins "c’est un manque de respect supplémentaire" note le docteur Rumeau, "cela fait des années qu’on nous balade, en nous disant que cela va s’améliorer."
Pour lui, la solution est liée en partie au financement mais aussi au management.
"Ce dont on a besoin, dit-il, ce sont des gens compétents qui ont une réelle volonté de servir les patients. On ne veut plus être dépendants de gens qui ne connaissent pas nos métiers."
"Il faut modifier la façon dont sont attribués les moyens", poursuit-il.
On se bat pour que les médecins aient des téléphones portables et des ordinateurs, on a attaqué la pandémie dépourvus de ces moyens. C’est de l’aberration, ce sont des équipements de base que nos confrères libéraux possèdent car ils se le financent. A Toulouse, il y a des beaux blocs opératoires mais personne à mettre dedans et pas de matériel.
Enfin Pierre Rumeau regrette l’absence d’attractivité qui devrait être mise en place pour les personnels soignants, infirmiers ou médecins en matière d’aide au logement notamment.
"Il y avait une mobilisation avant le covid, elle va revenir au même niveau", prévient-il.