En pleine crise sanitaire, Ali, 70 ans, a été expulsé le mardi 20 octobre de son logement social. Suite à 4 refus de proposition de relogement, la porte de son studio a été soudée. Ali est obligé de payer une chambre d'hôtel malgré ses revenus limités.
"Toutes les expulsions sont indignes, celle-ci dépasse l'entendement", s'insurge Le DAL 31 (Droit Au Logement). Cette expulsion c'est celle d'Ali. L'homme de 70 ans s'est retrouvé dans l'obligation de quitter son logement social dans le quartier de la Reynerie, le 20 octobre dernier, en raison de la démolition prochaine de son immeuble.Après avoir refusé 4 propositions de relogement, la procédure d'expulsion a été enclenchée par la préfecture de la Haute-Garonne. Des refus car "les appartements proposés se trouvaient dans des quartiers sensibles" a expliqué Ali dans la presse. Le bailleur Groupe des Chalets, malgré un protocole qui le préconise, n'a pas été en mesure de mettre en place l'accompagnement social adéquat.
Dans un immeuble qui va être détruit, le bailleur s'engage a reloger le locataire. Il doit lui proposer d'autres solutions d'hébergements. Le Groupe des Chalets en a proposé 4 mais Ali les a refusées.
"Depuis 2010, Ali réclame une solution de relogement parce qu'il y a des violences et du trafic dans le quartier. Cela fait plusieurs mois qu'il épluche les petites annonces pour essayer de trouver un appartement, sans succès", souligne Laurence Kantzer.
Enfermé dehors
Ali ne peut plus accéder à son appartement. La porte a été soudée avec toutes ses affaires à l'intérieur ainsi que ses médicaments pour son traitement cardiaque.C'est une expulsion sèche et une atteinte à la dignité. Malgré la circulaire du ministre du logement, qui a envoyé une instruction aux préfets protégeant les personnes vulnérables au vu du contexte sanitaire actuel, la préfecture a accordé le concours de la force publique.
Le Groupe des Chalets se défend
La société du Groupe des Chalets est "très surprise". Andrade Batista, gestionnaire de risque et Lucie Pierasco, chargé de communication au sein du groupe "estiment qu'ils ont tout fait pour accompagner ce monsieur".Dans un communiqué, le Groupe des Chalets confirme que ce locataire a refusé deux des quatre propositions sans motif. Ali aurait signé un premier bail pour un nouveau logement en date du 30/11/2016, mais n’a pas déménagé par la suite. Un deuxième bail signé pour un autre logement le 19/12/2017. Sans plus de résultat.Nous lui avons fait 4 propositions de relogement depuis 2016. Pour deux d'entre elles, il avait signé le bail et même récupéré les clés mais n'a jamais occupé les appartements, ni déménagé.
"Au regard de ces refus successifs, le Groupe des Chalets s’est résolu à engager une procédure judiciaire de résiliation de bail en août 2018. Par jugement du 17 mars 2020, le Tribunal Judiciaire a validé le congé, prononcé la résiliation du bail et l'expulsion".
En attendant, c'est l'hôtel
En attendant une solution viable, Ali dort dans un hôtel qu'il paie 36 euros la nuit. Un paiement qu'il ne pourra pas assumer longtemps en raison de ses très faibles ressources. Ali touche environ 800 euros par mois grâce à l'Allocation de solidarité aux personnes agées (ASPA), qui est une prestation mensuelle accordée aux retraités ayant de faibles ressources et vivant en France.
On frappe à toutes les portes, le 115 déborde et les centres d'hébergements sont fermés. Nous avons contacté le bailleur et écrit à la préfecture pour leur demander d'appliquer la loi L345-2-2 du code de l’action sociale et des familles : "Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d'urgence".
15 993 expulsions en 2018
D'après le rapport annuel de la fondation l'Abbé Pierre sur le mal logement en 2019, 145 027 ménages étaient en attente d’un logement social dont près de 60% sont concentrés sur deux départements : l’Hérault et la Haute-Garonne.Plus de 21 000 ménages différents ont formulé une demande d’hébergement d’urgence, en 2017, aux SIAO (Service Intégré d'Accueil et d'Orientation).
En France, le nombre d’expulsions forcées n’a jamais été aussi élevé. 15 993 expulsions en 2018, soit une hausse de 169% par rapport à l’année 2000. À la suite du confinement, 2,5 à 2,8 millions de locataires et accédants supplémentaires sont probablement en difficulté (soit 6 à 7 millions de personnes). Le prix des logements a augmenté de 129 % entre 2000 et 2019.