Un prêtre de la communauté des Béatitudes, dont la direction est à Blagnac (Haute-Garonne), fait l'objet d'un signalement pour des faits d'attouchements sexuels présumés. Mikaël Corre, journaliste au quotidien La Croix, qui a enquêté sur ce dossier, fait le point pour France 3 Occitanie.
Une enquête canonique a été demandée par l'Archevêque de Toulouse à l'encontre du père Martin, prêtre et assistant de la présidente de la communauté des Béatitudes. La gouvernance de cette communauté est basée à Blagnac près de Toulouse (Haute-Garonne).
Ce prêtre fait l'objet d'un signalement pour des faits d'attouchements sexuels présumés. Ce signalement serait lié à la présence du prêtre dans l'internat catholique de la communauté des Béatitudes à Autrey (Vosges) entre 1994 et 2001. Une partie de ces faits ont été classés sans suite par la justice civile. Au total, dix victimes auraient été identifiées et deux prêtres seraient soupçonnés.
Journaliste au quotidien La Croix, Mikaël Corre a enquêté sur cette affaire ("Sous emprise" : enquête exclusive sur des abus sexuels présumés dans un internat catholique). Son enquête publiée le 13 janvier 2023 dans La Croix a fait réagir la communauté des Béatitudes qui précise qu'une "première enquête du Parquet d'Epinal s'est conclue par un non-lieu en 2004 et qu'une seconde enquête a abouti à un classement sans suite en 2010."
Il fait le point sur les derniers développements concernant le père Martin qui était numéro 2 de cette communauté religieuse, mais qui s'est retiré de ses fonctions en attendant le résultat de l'enquête.
France 3 Occitanie : pourquoi cette enquête est-elle déclenchée ?
Mikaël Corre, journaliste à La Croix : ce sont les témoignages recueillis dans mon article (paru dans le journal La Croix) qui ont alerté les autorités religieuses et conduit l'archevêque de Toulouse à ouvrir cette enquête canonique. Les différents plaignants pourraient être entendus.
France 3 Occitanie : qu'est-ce qu'une enquête canonique ?
Mikaël Corre, journaliste à La Croix : comme dans la justice classique, non religieuse, le père Martin est présumé innocent. Une enquête canonique est une enquête interne déclenchée par l'Eglise, afin de déterminer si ce prêtre a commis ou non des actes répréhensibles. Le jugement canonique portera ici sur les faits présumés de violences sexuelles, avec des règles différentes du droit pénal, mais aussi sur un éventuel usage frauduleux des sacrements ou de l'accompagnement spirituel. L'enquête a été lancée par Monseigneur Guy de Kerimel le nouvel archevêque de Toulouse, mais les faits seront sans doute étudiés à Rome au Vatican avant que l'enquête ne "redescende" vraisemblablement au niveau local.
France 3 Occitanie : comment et par qui cette enquête canonique va-t-elle être menée ?
Mikaël Corre, journaliste à La Croix : le Vatican peut s'emparer du dossier et le gérer. Mais il est plus probable que le diocèse de Toulouse gère directement cette enquête. L'Eglise peut alors demander de réunir un tribunal ecclésiastique chargé de juger le dossier.
France 3 Occitanie : que risque ce prêtre s'il était condamné par l'Eglise ?
Mikaël Corre, journaliste à La Croix : les peines peuvent être diverses. S'il était reconnu responsable de certains de ces faits, ce prêtre pourrait par exemple être condamné à une interdiction de célébrer des offices religieux, ou plus grave, il pourrait être réduit à l'état laïc, autrement dit être déchu de tous ses droits religieux. C'est la peine maximale prononcée par la justice interne de l'Eglise.
Selon le journaliste de La Croix, Mikaël Corre, impossible en l'état de savoir combien de temps va durer cette enquête canonique. Sans présager de l'issue de cette procédure, il s'interroge sur le parcours de ce responsable religieux et se demande "s'il est raisonnable, dans une communauté où il y a eu des dérives, que ce prêtre se soit retrouvé avec un tel niveau de responsabilités". Précisons à nouveau que ce prêtre a été mis en retrait par la communauté des Béatitudes.