5 ans de prison pour le frère des Béatitudes

Procès de Rodez: le religieux pédophile condamné à cinq ans de prison

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Rodez:frère des Béatitudes coupable d'attouchement

Le frère Albert de la communauté des Béatitudes a reconnu s'être livré à des attouchements sur des enfants.

Jeudi 1er décembre en soirée : 5 ans de prison

Le tribunal correctionnel de Rodez a condamné jeudi à 5 ans de prison l'ancien frère Pierre-Etienne Albert pour les actes de pédophilie qu'il a commis pendant des années sur des dizaines d'enfants à travers toute la France.

Le tribunal a délivré un mandat de dépôt à l'audience et Pierre-Etienne Albert, qui avait comparu libre pendant deux jours, devait repartir entre deux policiers.

Jeudi après-midi 1er décembre : réquisitoire

Le procureur a requis jeudi 10 ans de prison, soit le maximum de la peine encourue, contre l'ancien frère Pierre-Etienne Albert, jugé depuis mercredi par le tribunal correctionnel de Rodez pour des actes de pédophilie commis sur des dizaines d'enfants pendant des années.

Dans une réquisitoire accablant, le procureur Yves Delpérié a décrit l'ancien chantre de la communauté catholique des Béatitudes comme un "vrai pédophile", un "handicapé du coeur" qui "manque totalement d'empathie" pour ses victimes.

Il a aussi demandé contre lui 10 ans d'interdiction de ses droits civiques, un suivi socio-judiciaire pendant 15 ans et une interdiction définitive d'activité le mettant au contact des enfants.

Pierre-Etienne Albert répond depuis mercredi de 38 cas d'agressions sexuelles commis entre 1985 et 2000 sur des garçons et des filles alors âgées de 5 à 14 ans.

S'il n'y en a pas davantage, c'est que d'autres faits sont prescrits.

Aujourd'hui âgé de 60 ans, il a dit à plusieurs reprises assumer l'entière responsabilité de ses actes, et a exprimé son repentir.

Le jugement sera rendu après l'audience jeudi ou bien mis en délibéré.

Jeudi matin 1er décembre : pas de huis clos

Le tribunal correctionnel de Rodez, qui juge depuis mercredi l'ancien frère Pierre-Etienne Albert pour des actes de pédophilie commis sur des dizaines d'enfants dans toute la France, a rejeté jeudi une demande de huis clos déposée par les avocats des victimes.

Ces avocats se sont émus de constater que le nom des parties civiles, mineures au moment des faits, avait été rendu public par la presse locale dans sa couverture en direct sur internet du procès de cet ancien membre de la communauté catholique des Béatitudes.

L'un des avocats, Me Yann Le Doucen, a jugé cela "inadmissible". Le procureur Yves Delpérié a soutenu la demande de huis clos.

Après s'être retiré pour délibérer, le tribunal correctionnel a refusé le huis clos. Le président Jean-Marc Anselmi a expliqué que la règle est à la publicité des débats et que le huis clos est "facultatif", et que si les parties civiles voulaient le huis clos, elles auraient dû le demander mercredi, quand le procès s'est ouvert.

Le tribunal devait en terminer ce jeudi avec l'examen des faits et commencer à entendre les plaidoiries de la douzaine de parties civiles.

Mercredi 30 novembre : premier jour du procès.

Le frère Pierre-Etienne Albert, ancien membre de la communauté des Béatitudes qui a reconnu des attouchements sur une cinquantaine d'enfants, a débuté mercredi matin face à ses victimes, aujourd'hui des adultes, devant le tribunal correctionnel de Rodez. Pour cause de prescription, la justice retient 38 victimes lors de ce procès.

La plupart des victimes âgées de 5 à 14 ans au moment des faits, sont arrivées à l'audience couvertes de foulards, capuches, lunettes de soleil masquants leurs visages. Selon elles, la justice a été lente et les blessures demeurent profondes. Elles dénoncent le silence pesant de tous qui a régné autour des agissements pédophiles du frère de l'Eglise. Victime elle aussi, Solweig Ely ose, avec courage, témoigner. Elle a écrit un livre "Le silence et la honte" pour tenter de se reconstruire.

Le prévenu, quant à lui, est arrivé libre au tribunal et est entré par une porte à l'arrière du Palais de Justice. Il a confessé ses agressions sexuelles sur mineurs commises entre 1975 et 2000 : des attouchements, des caresses, des baisers alors qu'il était chantre de cette communauté catholique. A Rodez, ce matin, il s'est exprimé ainsi : "Le fait de me retrouver devant la justice est très important par rapport à mes victimes. J'espère qu'elles trouveront un certain apaisement après ce procès, je l'espère de tout coeur".

Le moine encourt une dizaine d'années de prison. Il est aujourd'hui âgé de 60 ans. Durant plus de 20 ans, il a fait partie de la communauté des Béatitudes.

Le début du procès

Pierre-Etienne Albert entré à 25 ans aux Béatitudes composait les chants et les musiques de cette communauté née d'un mouvement "d'expression joyeuse de la foi". A ce titre, il était appelé à travers la France dans les dizaines de "maisons" de la communauté. Il était appelé aussi à côtoyer les enfants. Pourquoi celui que les experts psychiatres décrivent comme un "pédophile séducteur" et chez qui les parties civiles voient plutôt un "pédophile prédateur" n'a-t-il pas essayé de garder ses distances avec l'objet de la tentation, lui demandent d'emblée les avocats des victimes lors du procès. "Comment voulez-vous que je fasse ? Je suis comme le renard dans le poulailler, je suis dans une communauté où c'est bourré d'enfants", répond le prévenu. On sanglote sur le banc des victimes.

Un silence complice, notamment des anciens supérieurs de l'accusé

Plusieurs responsables de la communauté ont reconnu avoir été au courant des agissements du chantre, qui "n'est ni prêtre ni diacre" selon la communauté et n'ont rien dit : tel le fondateur de la communauté, Gérard Croissant, alias frère Ephraïm. Présent ce matin, il a été entendu comme témoin et s'est défaussé. Ce matin, Philippe Madre, co-fondateur des Béatitudes, nie également avoir réalisé l'importance des faits. Pourtant Pierre-etienne Albert s'était ouvert de ses penchants. Philippe Madre indique au procès : "On l'appelait Monsieur Papouilles. Il avait l'habitude des effusions autant avec les adultes qu'avec les enfants". "Je n'ai rien vu, tout le monde faisait confiance à Pierre-Etienne, moi aussi". C'est à l'audience, dit-il, qu'il découvre la gravité des attouchements qu'a subis sa propre fille de la part du prévenu. Philippe Madre lui-même est mis en examen dans une autre affaire pour viol aggravé sur une adulte, révèle le président.

L'Eglise et le Vatican sont mal à l'aise avec cette affaire. La communauté spirituelle a été confortée par le Saint Siège jusqu'en 2007. Au procès, l'Archevêque de Montpellier est également présent. La communauté des Béatitudes, née en 1973, est toujours présente sur tous les continents et a été érigée en 2011 par Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse, en "Association publique de fidèles en vue de devenir une nouvelle Famille ecclésiale de vie consacrée".

Poursuivi pour agressions sexuelles sur mineurs, Pierre-Etienne Albert, 60 ans, comparaît libre. Il était le chantre de la communauté, en charge des chants et de la liturgie. Il avait un ministère itinérant qui l'amenait dans les dizaines de "maisons" de la communauté, qui revendique en avoir fondé 70 sur cinq continents.

Il a multiplié attouchements, caresses, baisers sur une cinquantaine d'enfants de 5 à 14 ans, dans toute la France, entre 1985 et 2000. Mais nombre d'entre eux ne peuvent pas le poursuivre en justice, en raison des délais de prescription pour ce type de délit.

Seuls 38 dossiers peuvent être instruits.

Des faits dénoncés en 2000

Ce procès "arrive très tard" alors que les faits ont été dénoncés dès 2000, déplore Stéphane Mazars, l'avocat d'une des plaignantes, Solweig Ely: saisi cette année-là, le tribunal d'Avranches (Manche) s'était déclaré incompétent et le dossier est resté dormant jusqu'en 2008.

"Les faits ne sont pas gravissimes", estime l'avocate du frère Pierre-Etienne, Me Elisabeth Rudelle-Vimini, qui parle de "gestes déplacés" pour lesquels son client risque dix ans de prison. "Il est conscient du mal qu'il a fait et il a des regrets", ajoute-t-elle.

Pour Me Mazars, dont la cliente vient de publier un livre intitulé "Le silence et la honte" sur sa "vie brisée", Solweig Ely veut savoir "pourquoi il y a eu dysfonctionnement de la justice, pourquoi certains ont su et n'ont rien fait..."

"Mon client veut arriver à déterminer pourquoi ces faits ont été commis sur tant de victimes et si quelqu'un savait", note également pour sa part l'avocat d'une autre victime, Me François-Xavier Berger, qui a cité comme témoin l'ancien archevêque d'Albi de 2000 à 2010, Pierre-Marie Carré.

Son client, aujourd'hui âgé de 24 ans, a été victime d'attouchements à une seule reprise, et ne s'en est pas rendu compte parce qu'il dormait. Il l'a appris quand son nom est apparu sur la liste rédigée par le prévenu lui-même, et "s'est senti sali", selon Me Berger.

Les centres des Béatitudes

En France, les membres des "maisons" de la communauté voyaient tous passer régulièrement le frère Pierre-Etienne Albert.  Les parents hébergés dans les centres des Béatitudes "déléguaient leur autorité parentale pour se consacrer à la dévotion", note Me Elisabeth Rudelle-Vimini. Beaucoup ont eu "une enfance fracassée par leur famille, ils ne peuvent pas faire retomber sur le frère Pierre-Etienne l'origine de tous leurs malheurs", estime-t-elle.

A la veille du procès, la communauté "reconnaît" dans un communiqué que "des actes très graves ont été commis" par "cet ancien frère consacré, qui n'est ni prêtre ni diacre (...) très proche du fondateur Ephraïm". Elle "tient à exprimer aux victimes et à leur famille sa douleur, son regret, sa honte devant de tels abus".

Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, en février 2008 à Rodez, l'accusé vit "isolé, entouré de proches, sans contact avec des enfants", et "il est dans une démarche de soins et de repentir", selon son avocate.

Invité du journal de France 3 Midi-Pyrénées, au Midi Pile du 30 novembre, Georges Fenech, le président de la Milivudes (La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a exprimé sa vigilance autour de la communauté catholique des Béatitudes. Pour Mr Fenech, la crise économique actuelle est un "terreau pour toutes les sectes", tout comme les discours apocalyptiques prédisant la fin du monde pour le 21 décembre 2012, ou encore la vogue des médecines complémentaires. Selon lui, les grands mouvements comme l'Eglise de Scientologie "n'ont pas progressé", mais il existe désormais "une floraison de microstructures" qui sont beaucoup plus difficiles à détecter et à suivre. Parmi les dangers actuels, il a cité l'engouement pour les médecines complémentaires, "points d'entrée pour les gourous thérapeuthiques" comme le médecin allemand Ryke Geerd Hamer, pour qui le cancer est provoqué par un choc psychologique qu'il suffit d'identifier/de traiter pour retrouver la santé.

Le procès de Pierre-Etienne Albert devrait durer deux jours.

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