Approcher, écouter, réconforter, renseigner. C'est la base de la mission du secouriste en santé mentale. L'idée de former à l'écoute et à la gestion de situations délicates est née en Australie dans les années 2000. Les formations se développent en France depuis 2019 et l'on compte aujourd'hui plus de 94 000 secouristes. L'objectif est d'atteindre le nombre de 150 000 d'ici un an. Des formations sont proposées à Toulouse et dans le Tarn
Un Français sur cinq souffre de trouble psychique, selon l'OMS. Mais comment déceler mal-être, troubles anxieux ou dépression ? Le ministère de la Santé appuie la formation de secouristes d'un nouveau genre : les secouristes en santé mentale. En janvier 2024, on comptait plus de 94 000 personnes formées.
Lever le tabou
Gabriel Maffre est l'un d'eux. Il a suivi une formation encadrée par la PPSM (Programme de premiers secours en santé mentale) et propose désormais des sessions de formation. "J'avais des personnes en souffrance autour de moi. Mais je ne savais pas comment les aider et surtout comment aborder ces questions. Les années Covid ont pesé, on le sait. On retrouve par exemple de plus en plus de pensées suicidaires chez les jeunes notamment. C'est un problème de santé publique", explique-t-il.
On sait souvent comment prendre en charge une jambe cassée. On sait aussi parler avec empathie à une personne qui nous annonce qu'elle souffre d'un cancer. Mais souvent face au mal-être ou une maladie psychique, on est désarmé.
Gabriel Maffre, secouriste en santé mentale
Et c'est tout l’enjeu de ces formations. Mettre à disposition une boîte à outils pour adapter ses mots, sa gestuelle à une situation. Souvent du cas par cas. La formation s'attelle dans un premier temps à permettre d'identifier les troubles pour agir au mieux.
"On ne va pas s'adresser de la même manière à quelqu'un qui souffre d'un trouble anxieux ou quelqu'un qui est en pleine crise schizophrène par exemple. Un secouriste en santé mentale doit savoir écouter sans jugement ni préjugé. L'idée est de toujours prendre au sérieux une personne qui souffre. Ne jamais prendre à la légère ce qu'une personne nous dit dans le cas d'une crise de panique par exemple. Tout cela, on le travaille en formation par des mises en situation."
Écouter et orienter
Le secouriste doit donc savoir rassurer et guider la personne vers des prises en charge possibles.
"Nous ne nous substituons pas aux professionnels de santé. Nous pouvons orienter. Notre rôle, c'est aussi permettre de lever les tabous sur les troubles psychiques. Oser poser la question directement au sujet de pensées suicidaires notamment", explique Gabriel Maffre qui mènera des sessions de formation à Toulouse et dans le Tarn au mois de mars.
"Dans ce type de formation, nous rencontrons des ambulanciers, des pompiers, des étudiants. C'est une manière d'être mieux armés pour faire face à des situations délicates", poursuit-il. Lui qui par exemple, au cours du mois de janvier, a pu intervenir auprès de trois personnes dans son entourage professionnel. "Je n'aurais pas été à l'aise avant d'être formé, mais là, j'ai pu écouter, déceler une vraie souffrance et orienter vers une prise en charge", conclut Gabriel Maffre.