Témoignage. Jeune femme défigurée à Toulouse : "Ils ont vécu l'horreur. Leur propre horreur et celle de l'autre"

Publié le Écrit par Marie Martin
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Dans la nuit du 18 au 19 juillet dernier, une jeune femme de 19 ans a été très violemment agressée par quatre individus mineurs, alors qu'elle se trouvait dans le centre ville de Toulouse avec son compagnon, lui aussi roué de coups. Tailladée à de multiples reprises avec un tesson de bouteille, elle est "un peu mutilée", selon son avocate, maître Hélène Pronost, qui évoque "un terrible déchaînement de violences". Entretien.

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Maître Hélène Pronost est l'avocate d'Anissa et Dorian, ce jeune couple violemment agressé il y a moins d'une semaine à Toulouse. Les auteurs présumés des faits, âgés de 14 à 17 ans, seront jugés le 17 août prochain par le tribunal pour enfants. L'une d'eux a été placée en détention provisoire, les trois autres remis en liberté sous contrôle judiciaire.
En attendant cette audience, c'est encore le temps des soins pour les jeunes victimes.

Une cinquantaine de points de suture

"C'est une altercation qui a démarré parce qu'il y a eu un mauvais regard, un échange d'insultes, c'est vrai que les causes sont assez floues", explique maître Hélène Pronost. "Finalement, ce que l'on sait, c'est surtout ce déchaînement de violences dont ils ont été victimes juste après. Cela a duré trop longtemps pour eux, le temps de se faire rouer de coups pour Dorian, à terre, impuissant.

Et pour Anissa, des coups. Puis une des personnes a saisi un tesson de bouteille et a causé plusieurs plaies. Ce qui a engendré, toutes plaies confondues, une cinquantaine de points de suture. Et pour vous donner une idée, celle qu'elle a à la face, sur la joue, est d'au moins vingt-cinq points de suture. Quand on dit une cinquantaine de points de suture, on est en deçà de la réalité, elle ne s'est pas amusée à les compter une à une car en fait, il y en a trop. Il y en a sur le visage, derrière l'oreille, la nuque, l'aisselle, le dos, les bras.

Il faut s'imaginer la violence de la scène qui n'est donc pas un coup de tesson de bouteille qui aurait engendré une grande plaie mais une multitude de coups qui ont provoqué une multitude de plaies qui ont nécessité des soins importants.

"On ne connaît pas encore l'ampleur des séquelles qu'ils vont pouvoir avoir"

L'image, c'est celle d'une personne un peu mutilée. Mais ce n'est pas tout. Elle compose aussi avec une déviation de la cloison nasale donc elle va devoir se faire opérer. Mais on n'en est qu'au début car elle passe encore des examens, des radios, des scanners, des IRM. 

Dorian souffre également de multiples contusions. Il a mal au dos, au genou, il passe aujourd'hui un IRM parce que vraisemblablement, il a un problème aux ligaments. Tout cela, c'est physique bien sûr, et je n'omets pas - et tout le monde peut se le dire aisément - qu'à ces peines physiques s'ajoutent des peines psychiques très très importantes. Et on ne connaît pas encore l'ampleur des séquelles qu'ils vont pouvoir avoir. 

Ils ont vécu l'horreur. Leur propre horreur et celle de l'autre. Pour ces jeunes gens, 19 ans, il y a des images avec lesquelles ils composent encore aujourd'hui, qui sont très violentes, qui se font dans un bain de sang. Il faut savoir qu'Anissa, avec cette grande plaie à la joue, c'était un lambeau qui pendait en fait, c'est une vision extrêmement barbare. Il leur faut survivre à ça, eux qui se demandent : "Comment on va s'en sortir ?"
A 19 ans, avoir ce type de traumatisme dans sa vie, c'est loin d'être anodin et ça laisse présager des troubles avec lesquels il faudra composer. 

On oublie souvent le parcours de la victime que ne s'arrête pas malheureusement à l'agression. Ils ont été secourus en urgence mais ils n'ont pas été hospitalisés. La peine s'ajoute à la peine parce qu'ils doivent aller porter plainte. Ils doivent aller à la médecine légale faire constater les lésions. Ils doivent être attentifs à des douleurs qu'ils n'auraient peut-être pas exprimées, car parfois un mal en cache un autre. Voilà leur parcours, ces derniers jours.

"Reclus"

Ce sont des jeunes gens, je le rappelle. Heureusement, leurs familles sont très soutenantes. Ce sont des jeunes gens profondément affectés, qui n'arrivent pas à dormir à cause des réminiscences de ce qui s'est passé. Ils vivent un peu reclus chez eux et ont du mal à faire face à ce qui s'est passé. 

Je ne sais pas vraiment ce qui a provoqué les faits, l'audience étant le 17 août, nous aurons largement le temps de revenir sur le fond du dossier. Mais s'attarder sur ces causes-là, c'est éluder l'essence même de cette histoire. La question du mobile potentiel, je ne sais pas ce qu'on pourrait en faire et il sera de toutes manières très futiles. Rien ne peut justifier un tel déchaînement de violences : se faire taillader pour l'une, et voir son amie tailladée pour l'autre. C'est terrible, en fait, cette violence-là, qui est assez inédite. J'insiste mais ce n'est pas un coup porté qui aurait pu être dramatique, c'est la répétition d'un geste sur une personne".

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