Témoignage. "On ne se dit pas qu'ils vont en arriver là" : Alexandra fait face aux cocktails Molotov et tentatives d'incendie des pro-autoroutes A69

Publié le Écrit par Robin Doreau et Amy Mc Arthur
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En l'espace d'une semaine, Alexandra, locataire d'une maison de campagne à Verfeil (Haute-Garonne), sur le tracé de l'autoroute A69, a été victime de deux tentatives d'incendies. Des intimidations qui n'ont qu'un but : la pousser à quitter son domicile. Une pression de plus en plus difficile à vivre. Témoignage.

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L'irréductible habitante, qui résiste encore et toujours aux engins de chantier de l'autoroute A69, c'est elle. Alexandra est installée dans une maison de campagne, sur la commune de Verfeil (Haute-Garonne) depuis novembre 2013. Une bâtisse qui est aujourd'hui l'un des derniers obstacles sur le tracé de l'autoroute chargée de relier Castres à Toulouse. 

Un statut de résistante de plus en plus difficile à porter pour Alexandra. Preuve en est, ces deux agressions dont elle a été victime les 26 août et 1er septembre derniers. Deux tentatives d'incendie. L'une aux abords de sa cloture, l'autre, directement sur sa voiture. À chaque fois, le pire a pu être évité, mais les conséquences psychologiques sont bien là. 

Perte de poids, et choc émotionnel

"Je commence à prendre un coup sur la gueule, confie Alexandra. Mon cerveau a du mal à tenir le coup. Je suis en train de craquer". En l'espace d'un mois, la Tarnaise a perdu 8 kilos. "Un régime NGE", comme elle l'appelle ironiquement, en référence au groupe NGE-Atosca, concessionnaire de l'autoroute, et dont les engins de chantier s'activent à proximité. Elle souffre aussi de trous de mémoires, dû au choc émotionnel subit par ces tentatives d'incendie dont elle a été victime.

Le 26 août, vers 3h30 du matin, plusieurs individus ont jeté de l'alcool à brûler, et d'autres produits inflammables depuis le bord de la route, derrière la clôture du terrain d'Alexandra. Heureusement sans grandes conséquences, les pompiers étant rapidement alertés. 

Cagoules et cocktail molotov

Quelques jours plus tard, le 1er septembre, vers 7h15, la locataire entend des cris en provenance de son jardin. "J'ai descendu les escaliers, et j'ai vu quatre personnes, tout en noir, cagoulées, avec des cocktails molotov autour de ma voiture. Ils étaient en train d'y mettre le feu. J'ai crié je les ai insulté, ils se sont barrés." 

Depuis le premier départ de feu, Alexandra s'était équipé d'un extincteur, ce qui a permis d'éviter un drame. "On ne se dit pas qu'il vont en arriver là. On est pas dans un film quoi. Là c'est une tentative de meurtre, c'est pas possible."

Depuis plusieurs mois, pour l'aider dans son combat contre le chantier, des "écureuils", ces militants qui grimpent dans les arbres ont élu domicile sur son terrain. Après ces deux tentatives d'incendies, certains ont culpabilisé. "Ils m'ont dit qu'ils étaient désolé, que s'ils n'avaient pas été là, il n'y aurait jamais eu ces agressions. Je leur ai répondu, heureusement que vous étiez là, sinon on serait morts."

Au delà de ces deux agressions qui auraient pu avoir une issue dramatique, Alexandra assure subir des pressions depuis un long moment. "Depuis qu'ils ont commencé les travaux, ils viennent exprès avec les engins à la limite de ma clôture. Certains font des allées et venues, juste pour faire du bruit avec les tractopelles. On m'a aussi pété ma ligne Internet", assure-t-elle. 

Avant que son ancien propriétaire ne se décide à vendre la maison, il a tenté de la poursuivre en justice pour défaut de paiement, et ainsi pouvoir rompre le bail. En vain, Alexandra l'assure, elle n'avait rien à se reprocher.

 

Le HLM, seule issue de relogement

Aujourd'hui, la Tarnaise attend de la part d'Atosca "qu'ils fassent les choses bien. On me propose de me reloger, mais en HLM, dans un appartement. Moi je vis dans une maison de 180 m² sur 3 étages, avec 8000 m² de terrain, des animaux, des jeux pour mon petit."

Alexandra de conclure: "Me reloger en HLM c'est hors de question. Qu'ils fassent leur boulot. J'ai pas demandé à ce que l'autoroute passe chez moi, j'ai pas demandé à ce qu'on me vire."

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