Toulouse : 26 décès auraient pu être évités en 2015 grâce aux arbres d'après une étude

D'après une étude espagnole publiée par The Lancet, plus de 4% de la mortalité estivale peut être attribuée aux ilots de chaleur dans 93 villes européennes. Parmi elles, Toulouse. La plantation d'arbres est préconisée, l'arrachage évidemment proscrit.

Plus de 4% des décès dans les villes sont dus, pendant l'été, à des îlots de chaleur urbains d'après une étude du Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), publiée par le journal The Lancet le 31 janvier. Les auteurs estiment que 2.700 de ces décès auraient pu être évités si le couvert d'arbres représentait 30% de la surface de ces villes, au lieu de 15% actuellement.

L'étude a été menée dans 93 villes européennes dont Toulouse. Elle se base sur l'existence d'îlots de chaleur et la différence de températures entre ville et campagnes environnantes.

30% de couverture arborée par quartier

En ville, le béton et l'asphalte avec ses surfaces imperméables, la faible végétation et l'évacuation des réseaux de climatisation des bâtiments font monter le mercure. Les arbres avec leur ombrage, mais aussi grâce à l'évapotranspiration (rejet de l'eau absorbée), temporisent ce phénomène.

D'après l'étude, la couverture arborée doit représenter au moins 30% de la surface de chaque quartier pour avoir un effet. Une urgence en terme sanitaire car l'exposition à la chaleur a été associée à la mortalité prématurée des personnes les plus fragiles, notamment les plus jeunes et les plus âgées, aux maladies cardiorespiratoires et aux hospitalisations. 

Le phénomène est avéré pour les vagues de chaleur, mais se produit également avec des températures modérément élevées en été. Compte tenu du réchauffement climatique et de la croissance urbaine en cours, cet effet devrait s'aggraver au cours des prochaines décennies.

6.700 décès prématurés

L'étude a estimé les taux de mortalité des habitants âgés de plus de 20 ans dans 93 villes européennes (un total de 57 millions d'habitants), entre juin et août 2015, et collecté des données sur les températures rurales et urbaines quotidiennes pour chaque ville. A Toulouse, 26 décès auraient pu être évités cette année-là d'après les chercheurs.

Dans un premier temps, ils ont estimé la mortalité prématurée en simulant un scénario hypothétique sans îlot de chaleur urbain. Ils ont ensuite estimé la réduction de température qui serait obtenue en augmentant le couvert arboré à 30% et la mortalité associée qui pourrait être évitée.

Les résultats montrent que, de juin à août 2015, les villes étaient en moyenne 1,5oC plus chaudes que la campagne environnante. Au total, 6.700 décès prématurés pourraient être attribués aux températures urbaines plus chaudes, ce qui représente 4,3% de la mortalité totale pendant les mois d'été et 1,8% de la mortalité sur l'année.

Un tiers de ces décès (2.644 précisément) auraient pu être évités en augmentant le couvert forestier jusqu'à 30%, réduisant ainsi les températures. Dans l'ensemble, les villes ayant les taux de mortalité par chaleur excessive les plus élevés se trouvaient en Europe du Sud et de l'Est.

L'étude met en évidence les avantages substantiels de planter plus d'arbres dans les villes, bien que les auteurs reconnaissent que cela peut être difficile dans certaines villes en raison de leur conception, et que la plantation d'arbres devrait être combinée avec d'autres interventions telles que les toits verts ou d'autres alternatives de réduction de la température.

Carte des îlots de chaleur

"Nos résultats montrent également la nécessité de préserver et d'entretenir les arbres que nous avons déjà, car ils sont une ressource précieuse et il faut beaucoup de temps pour faire pousser de nouveaux arbres. Il ne s'agit pas seulement d'augmenter le nombre d'arbres dans la ville, mais aussi de savoir comment ils sont répartis", affirme Mark Nieuwenhuijsen, directeur de recherche chez ISGlobal.

La Métropole de Toulouse, en collaboration avec Météo France, propose une carte des îlots de chaleur urbains. Les températures dans les différents quartiers de la ville et dans les communes environnantes sont observées et actualisées toutes les quinze minutes.

La ville mène une campagne de végétalisation avec deux pôles principaux : le développement de cinq grands parcs existants (Le Touch, l'Hers, la Garonne, le Canal, la Margelle) mais aussi le plan arbres : 100.000 arbres seront plantés en 10 ans à Toulouse. La municipalité veut créer des îlots de fraîcheur dans les quartiers. Au niveau de l'agglomération, les élus prennent également des initiatives. A l'Union, un projet de micro-forêt urbaine est en cours de réalisation.

La plantation d'arbres a un effet sur le réchauffement climatique. Mais le bénéfice n'est pas immédiat, il faut du temps pour que les arbres se développent. La végétalisation des villes apporte aussi de "nombreux autres avantages pour la santé, notamment une espérance de vie plus longue, moins de problèmes de santé mentale et un meilleur fonctionnement cognitif", rappelle Mark Nieuwenhuijsen.

Aujourd'hui, le froid est à l'origine d'un nombre de décès supérieur à la chaleur en Europe. Mais comme le précise l'une des auteures de l'étude, Tamara Lungman, les prévisions basées sur les émissions actuelles révèlent que les maladies et les décès liés à la chaleur deviendront un fardeau plus lourd pour nos services de santé au cours des prochaines décennies.

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