Toulouse : une association propose de l'aide aux devoirs dans un bidonville et veut étendre son modèle

L'association "Rencont' Roms nous" propose de l'aide aux devoirs aux enfants roms d'un bidonville de 250 habitants à Toulouse. Des étudiants et des jeunes roms en service civique encadrent les écoliers, très motivés.

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Deux après-midi par semaine, des enfants du bidonville de La Flambère à Purpan se présentent devant un algeco, au sein même du campement dans lequel ils logent. L'habitude a été prise pendant le confinement.

Les membres de l'association "Rencontr Roms nous", qui travaille avec la population depuis 2013 sur des projets culturels interactifs, faisaient passer des enveloppes des professeurs aux enfants. "C'étaient des enveloppes conséquentes, explique Nathanaël Vignaud, porte-parole de l'association. Les élèves semblaient complètement démunis face à tous ces devoirs et ils ne savaient pas comment s'y prendre".

Les jeunes du camp en première ligne


L'information est remontée par les jeunes du camp : Andreï, Alberto, Alin et Rafaël déjà impliqués dans l'association. Trois d'entre eux y font leur service civique. Andreï Nicolae a terminé le sien et il a été embauché voilà 4 mois pour faire de la médiation. "On veut être des exemples, explique ce jeune homme jovial de 17 ans. Moi j'aime les enfants et là, on leur permet de jouer en apprenant. Ils ont besoin d'activités et d'apprendre des choses".

On les voit souriants et heureux de venir

"C'est très enrichissant, poursuit Andreï. Et puis je trouve important qu'ils puissent faire ce qu'ils veulent plus tard et qu'ils réussissent".

Mais rien n'était gagné. En période de confinement, il fallait respecter des protocoles draconiens sur le plan de l'hygiène et recruter des bénévoles pour établir un suivi régulier et pérenne des écoliers dans le temps. L'association a fait appel à une députée, Sandrine Mörch, qui l'a mise en lien avec des étudiants toulousains volontaires et le rectorat.

Un appétit d'apprendre


"Les choses se sont mises en place et les enfants viennent avec le sourire. Même certains d'entre eux qui ne sont pas scolarisés sont demandeurs, poursuit Nathanaël Vignaud. On a établi un protocole sanitaire très strict, fait appel à une plate-forme de réserve civique afin que les choses se fassent de façon cadrées. Et ça fonctionne très bien. Nous poursuivons car les enfants n'ont pas tous repris le chemin de l'école; or il y a un vrai appétit et une demande de leur part".
 

Les lundis et jeudis après-midi, une dizaine d'étudiants se succèdent en binôme pour cet accompagnement scolaire. L'association a aussi lancé un atelier d'écriture pour garder des traces du confinement et du vécu des uns et des autres. Une conteuse et une photographe, Léa Garcia et Gaëlle Giordan, les aident à mettre en mots ce qu'ils ont vécu. Un journal devrait bientôt être édité avec le concours des jeunes encadrants du camp.

"Tout le monde a pris des risques"


"Pendant cette aventure, les jeunes roms en service civique, les étudiants volontaires... tout le monde a pris des risques pour être solidaire avec ces enfants et ces familles pendant le confinement, explique Nathanaël. Avec ce journal, on veut recueillir ces témoignages croisés. Ce sont ces visages-là que je ne veux pas qu'on oublie". 

L'interaction est la clé de voûte du projet et sans doute son succès. Les jeunes roms impliqués dans l'atelier et l'aide aux devoirs motivent les familles et démontrent que l'intégration est possible. Des liens durables se tissent entre intervenants extérieurs et intervenant de l'intérieur.

Ce que confirme la conteuse Léa Garcia qui anime des ateliers thèâtre depuis 2014 dans ce bidonville. Elle s'est naturellement associée au projet de création de ce journal initié par "Rencont Roms nous" : "je prends énormment de plaisir à travailler avec des jeunes qui ont autant d'énergie et pour qui pourtant l'accès à la lecture et à l'écriture n'est pas facile. On a des échanges d'humains à humains et pas de prestataires de service. Le sens éducatif et artistique est très fort car avec cette association, il n'y a pas de posture condescendante ou une forme de charité chrétienne. C'est une ligne très fine et qui garantit la qualité des échanges. Ce sont des rencontres. Eux nous font découvrir des aspects de leur culture et dans cet échange, on leur apporte un vrai soutien"

Dans ce bidonville depuis 2008...


"Souvent ici les enfants souffrent des difficultés économiques que rencontrent leurs parents, renchérit Andreï. Ils n'ont pas de revenus. Ces familles sont arrivées en France suite aux inondations de 2005 et elles ont été installées là provisoirement en 2008 par la mairie de Toulouse. Mais les familles ne parlent pas bien le français, ne savent pas comment se déplacer, où aller pour faire les papiers et comment faire pour leurs enfants".

Une réalité que confirme Nathanaël : "de nombreux intervenants extérieurs se sont succédés ici, puis sont repartis. Les gens sont restés face à leurs problèmes, ça a généré une certaine méfiance. Le fait que des jeunes roms prennent les choses en main est un facteur essentiel pour lutter contre l'exclusion et les discriminations. C'est sur eux qu'on s'appuie et ça marche !"

De jeunes bénévoles hyper-motivés


Prochaine étape : organiser du soutien scolaire en fin de journée au mois de septembre. Pour cela, il faut fidéliser les étudiants qui se sont investis et proposer à d'autres de faire ce pas. Pour Taïs, une étudiante en dentaire qui coordonne l'intervention des bénévoles, c'est envisageable : "Je préviens des fois la veille pour le lendemain matin et tout le monde dit oui. C'est super d'avoir des gens aussi motivés. Cette motivation vient probablement du fait qu'on est dans des métiers de santé mais peut-être pas seulement... On est jeunes, on sait qu'on risque moins et on a envie de donner de notre énergie, c'est ça qui est chouette !"

En vidéo, le reportage de Christine Ravier et Ayham Khalaf


 
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