Le tribunal correctionnel de Toulouse condamne cinq familles roms bulgares à des peines de prison allant d'un à huit ans. Elles étaient poursuivies pour traite d’êtres humains et blanchiment.
Le tribunal a rendu sa décision. Les familles roms bulgares qui comparaissaient depuis le 1er février salle Jean Mermoz à Toulouse ont été condamnées pour traite d’êtres humains et blanchiment à des peines de prison allant d'un à huit ans.
Nombreux sont les automobilistes qui ont eu l’occasion de se retrouver à un feu rouge sollicités par un mendiant. A Toulouse, il y a quelques années, des roms bulgares passaient la journée à faire la manche sur des ronds-points dans différents quartiers de la ville. Certains étaient lourdement handicapés et certains, selon la justice, étaient contraints de mendier par des membres de leur communauté.
Obligés de mendier sous peine d'être frappés
Les faits remontent aux années 2015-2016, ils auraient été recrutés en Bulgarie. On leur promettait un travail ou le partage du fruit de la mendicité mais une fois à Toulouse ils étaient obligés de mendier et ceux qui se rebellaient pouvaient être frappés ou menacés. Selon le policier qui a mené l’enquête, certains étaient "tenus" par l’alcool. Si la journée avait été bonne ils avaient le droit à un grand verre de vodka ceux qui ne rapportaient pas assez n’avaient qu’un petit verre. En juin 2018, cinq familles roms avaient été interpellées dans le camp de Gabardie à Toulouse, dans le quartier Balma Gramont et les 33 victimes avaient été rapatriées en Bulgarie.
Le procès s’était ouvert lundi 1er février sans parties civiles, dans une salle municipale spécialement aménagée pour accueillir le tribunal, les avocats, les 17 prévenus et 6 interprètes.
On a découvert lors de cette audience un autre monde. Celui de ces roms bulgares venus chercher une vie meilleure en France. Des hommes et des femmes âgés de 21 ans à 62 ans. La plupart ne parle pas français, certains sont illettrés.
Des faits niés durant tout le procès
"La misère a toujours quelque chose de dérangeant surtout quand elle est visible", avait dit l’une des avocates de la défense avant que le tribunal se retire pour délibérer. "Ne faisons pas semblant d’avoir éradiqué la mendicité," avait plaidé maître Emmanuel Franck, "parce que le camp de Gabardie est encore occupé. Le vrai secours aux misérables ce n’est pas la sévérité de la sanction mais l’abolition de la misère tout simplement".
Les prévenus avaient supplié le tribunal d'avoir pitié et de prononcer une peine juste rappelant qu'ils avaient déjà passé plus de deux ans et demi en détention provisoire. Loin de leur famille, sans argent. Ils ont toujours nié les faits qui leur sont reprochés mais ce mardi avant que le tribunal rende sa décision ils se sont excusés d'avoir pu enfreindre la loi française sans le savoir.