Au lendemain de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, à l'appel d'"Osez le féminisme 31", une centaine de femmes s'est rassemblée à Toulouse, au "Monument aux Mortes" pour y commémorer "les femmes victimes de violences machistes" .
"Chaque jour, partout dans le monde, des millions de femmes sont humiliées, violées, mutilées et tuées par des hommes, uniquement parce qu’elles sont femmes", expliquent les militantes d'"Osez le féminisme 31".
Voilà pourquoi, au lendemain de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l'association "Osez le féminisme 31" a organisé samedi en début d'après-midi un rassemblement symbolique devant le Monument aux Morts de Toulouse, rebaptisé pour l'occasion "Monument aux Mortes". Une centaine de femmes, représentant plusieurs associations, était présente. Sur un panneau étaient inscrits les noms des cent femmes tuées depuis le début de l'année 2016 en France, victimes de violences conjugales.
Si des millions de filles et de femmes sont chaque jour victimes de violences sexistes, c’est d’abord parce que chaque jour, des millions d’hommes commettent ces violences sans être inquiétés,
poursuivent les militantes d'"Osez le féminisme".
"France, 21ème siècle, année 2016. Une femme sur 10 violentée par son conjoint au cours de sa vie", rappellent-t-elles. "Une femme violée par un homme toutes les 7 minutes. 100% des franciliennes harcelées par des hommes dans les transports en commun. Une collégienne sur cinq confrontée à des cyberviolences sexistes. Une femme tuée tous les 2,7 jours par son conjoint ou ex-conjoint. Soit, en 10 ans, 1500 femmes".
Mercredi, la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a présenté en Conseil des ministres un 5e plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes, comportant 122 mesures, dont la création de 350 places d'hébergement d'urgence supplémentaires.
Vendredi soir, à Toulouse, après une manifestation "contre les violences sexistes" émaillée d'incidents, deux militantes féministes ont été placées en garde à vue.
En vidéo, le reportage de sandrine Morch et de Jean-Pierre Duntze :
Une femme sur sept a été victime de violence sexuelle dans sa vie
Une femme sur sept (14,5%) et un homme sur 25 (3,9%) déclarent avoir subi au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie, selon une enquête publiée mercredi par l'Ined (Institut national d'études démographiques).Cette enquête "Violences et rapports de genre" (Virage) a été réalisée en 2015 par l'Ined auprès d'un échantillon représentatif de 27.268 personnes (15.556 femmes et 11.712 hommes) de 20 à 69 ans.
Elles ont été interrogées sur les viols, tentatives de viols et autres agressions sexuelles subies (hors harcèlement sexuel et exhibitionnisme qui feront l'objet de travaux ultérieurs).
Le nombre de personnes disant avoir été victime d'au moins un viol, une tentative de viol ou des deux dans les 12 derniers mois est estimé à 62.000 femmes (soit 0,3% des femmes de 20 à 69 ans) et 2.700 hommes. Parmi ces victimes, 27.600 femmes et 1.100 hommes cumulent au moins un viol et une tentative de viol.
En ajoutant les personnes victimes d'autres agressions sexuelles dans l'année écoulée (attouchements, baisers imposés, pelotage) et/ou de pratiques sexuelles forcées, on dénombre au total 580.000 femmes et 197.000 hommes victimes de violences sexuelles l'année passée (2,9% des femmes et 1% des hommes).
Plus de 5% des femmes de moins de 35 ans, soit une sur vingt, disent avoir subi une agression sexuelle dans les douze derniers mois.
Au cours de leur vie, la proportion de femmes victimes d'au moins une forme de violence sexuelle est estimée à 14,5%, soit une femme sur sept, et la proportion d'hommes à 3,9%, soit un homme sur 25.
Beaucoup plus fréquentes, les violences sexuelles que subissent les femmes se produisent dans tous les espaces de vie, et tout au long de la vie.
Parmi celles qui déclarent avoir subi des viols et tentatives de viol, 40% les ont vécus dans l'enfance (avant 15 ans), 16% entre 15 et 17 ans et 44% à 18 ans ou plus. Les violences subies dans le cadre familial ou conjugal sont en effet fréquemment répétées et peuvent se poursuivre pendant de longues périodes.
En revanche, pour les hommes, les trois quarts des viols et tentatives de viols ont eu lieu avant 18 ans.
C'est au sein de l'espace privé, c'est-à-dire dans les relations avec la famille, les proches, les conjoints, petits amis et ex, que se produisent l'essentiel des viols et tentatives de viols.
5% des femmes ont subi au moins une violence sexuelle depuis leur enfance dans leur famille ou parmi leur entourage proche, et 1,6% y ont subi au moins un viol ou une tentative de viol. C'est également l'espace où les hommes déclarent le plus de viols et de tentatives de viols.
Les relations de couple sont le deuxième espace de vie dans lequel les femmes subissent le plus de viols et tentatives de viol, devant l'espace public.
Les études ou l'activité professionnelle sont principalement le cadre d'agressions sexuelles autres que le viol et la tentative de viol.
Près de 8% des femmes disent avoir été victimes de violences sexuelles dans l'espace public (y compris les transports publics).