Toulouse : la compagnie La Machine exporte son spectacle dans le nord de la France

Après avoir émerveillé les Toulousains avec le Minotaure, François Delarozière et sa compagnie La Machine exportent leur spectacle vivant dans le Nord de la France, à Calais, avec un dragon des mers. 

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Crachant feu, eau et fumée, un dragon gigantesque "venu d'un autre monde" va entrer, vendredi, dans Calais: haut de 10 mètres, long de 25, l'attendu monstre mécanique imaginé par François Delarozière sera au centre d'un "spectacle urbain" de trois jours, avant de devenir attraction touristique.
Mais pas d'inquiétude, la Halle de la Machine à Toulouse n'est pas délocalisé dans le Nord. 
 
Une légende courait depuis plusieurs mois sur internet et dans les médias: alors que "sous la croûte terrestre, d'immenses galeries abritent des êtres mythiques et chimères", les importants travaux menés à Calais (Pas-de-Calais) pour étendre
le port ont malencontreusement "ouvert une brèche entre les mondes", permettant au dragon de s'échapper, conte François Delarozière, directeur artistique de la compagnie "La Machine", qui a mis au point la créature articulée.

Une attraction touristique comme à Toulouse

Après le Minotaure de Toulouse, le concepteur scénographe a créé pour Calais une machine "plus grande encore", pesant 72 tonnes et faite d'acier, cuir, toile et bois sculpté. 

Pensée pour "accompagner, de manière pérenne",  les grands projets de mutation urbaine engagés à Calais, notamment la rénovation complète du front de mer, elle doit devenir à terme une attraction touristique et participer au développement économique de la métropole, comme l'a connu Toulouse avec la Halle de la machine.
 
Capable de marcher jusqu'à 4 km/h, cracher du feu, se coucher, bouger la langue ou les oreilles et même battre des ailes, "ce dragon des mers va d'abord circuler dans le centre-ville pendant trois jours et trois nuits entières, s'endormant parfois deux heures pour se réveiller à nouveau, accompagné de musique et d'effets, les rues devenant son théâtre", dévoile M. Delarozière.
 

Au départ sauvage, un peu farouche, "il va être reçu comme un corps étranger, faire peur aux Calaisiens qui vont réagir, tenter de le repousser avant de se rendre compte qu'il est en fait bienfaiteur et plutôt le gardien des terres et mers du
Nord
", sourit-il. Les parcours et lieux de réveil ne sont pas annoncés: "les spectateurs devront partir à la recherche de l'animal, le suivre, se parler entre eux. L'idée est de créer des échanges, une émotion commune", explique le scénographe, espérant "émerveiller" 300.000 spectateurs au total.

Réenchanter et dynamiser la ville

A l'issue du spectacle, "le dragon s'installera à Calais pour y vivre plusieurs dizaines d'années", entre le front de mer et une nef transparente dédiée. Devenue "machine de ville", il arpentera quotidiennement la ville dès la mi-décembre, transportant sur son dos une cinquantaine de Calaisiens ou touristes pour un voyage payant d'environ 30 minutes. Il circulera notamment dans les voies de bus à sens unique.
 
La compagnie entend "réenchanter et dynamiser la ville" pour transformer le regard des habitants et capter l'attention des millions de touristes qui transitent chaque année par le port de Calais, venus notamment du Royaume-Uni. 

Les migrants éloignés 

Financé par la métropole, la région Hauts-de-France et l'Etat, ce projet à 27 millions d'euros est pour la maire LR Natacha Bouchart un "formidable moyen de donner une nouvelle attractivité à Calais", qui a pour ambition de devenir "station
balnéaire du XXIe siècle
" et "destination touristique de référence sur la Côte d'Opale" et créer ainsi "70 emplois directs". 
 
Mais ce spectacle à Calais ne réjouit pas tout le monde. Certains habitants dénoncent les conditions de l'arrivée de ce spectacle, comme ce texte extrait d'un blog hébergé par Médiapart "Le conseil municipal de Calais, avec à sa tête Natacha Bouchard, vient de produire une série d’arrêtés visant à éloigner les migrants et les bénévoles du centre ville. C’est qu’il faut faire place nette au « dragon des mers », cette mécanique géante sortie des ateliers de la Machine à Nantes, et à ses admirateurs. Cette bête va dévorer 27 millions d’euros, aux fins de redorer l’image de Calais et faire venir des touristes. Il ne s’agit donc pas que les exilés troublent la fête, par le spectacle de leur misère, et que les bénévoles des associations humanitaires les encouragent à rester en ville en leur distribuant repas et couvertures."
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