Une fausse campagne d'information intitulée "Toulouse déclare l'urgence climatique", reprenant parfaitement les codes graphiques de la métropole, a fleuri sur des panneaux publicitaires, dans la nuit du 22 janvier. Une action revendiquée par l'ANV-COP21 pour dénoncer les mauvais résultats du plan climat de l'agglomération.
Pendant quelques heures, le doute a plané. Qui avait pu produire ces affiches plus vraies que nature, proclamant que "Toulouse déclare l'état d'urgence climatique" ? Il fallait un œil attentif et aiguisé pour distinguer en bas à gauche : "plan climat, Toulouse Métropole en retard !"
Le mystère est levé depuis midi, ce lundi 24 janvier 2021 : ce sont les militants d'ANV-COP21 qui, dans la nuit de samedi à dimanche, ont investi des dizaines de panneaux publicitaires du réseau JC Decaux pour dénoncer les faiblesses du bilan à mi-parcours du Plan Climat de la métropole, présenté vendredi dernier.
ANV-COP21 Toulouse fait partie des seize associations qui ont adressé un courrier commun aux élus de la métropole pour demander à être associées au plus vite aux réflexions de la collectivité en matière de lutte contre le dérèglement climatique, estimant que, "sans surprise, le bilan est très mauvais. La trajectoire actuelle conduirait à une baisse des gaz à effet de serre pour 2030 à -9% au lieu de l'objectif affiché dans le PCAET à -40%".
Mais cette action-là est signée de la seule ANV-COP21.
"Le maire et président de Toulouse Métropole a annoncé que de nouvelles actions pour "doper le plan climat" seraient présentées lors d'un Conseil de Métropole à l'automne. D'ici là, les activistes souhaitent informer les habitant·e·s et mettre la pression sur les élu·e·s pour que des mesures ambitieuses et réellement structurantes soient prises", indique le communiqué d'ANV-COP21.
La métropole n'a clairement pas pris la mesure de l'ampleur du changement à opérer. Les mauvais résultats du plan climat mériteraient un branle-bas de combat général. Les mesures évoquées par Jean-Luc Moudenc lors de la conférence du 22 janvier restent timides. Alors qu’il nous faut réduire les émissions de 37% en 8 ans ! La question des transports est centrale pour rectifier le tir, mais les actions prises poussent surtout vers l'utilisation de la voiture électrique. Concernant le vélo il y a peu d'avancées sur les infrastructures cyclables.
ANV-COP21
Le militant d'ANV-COP21 contacté par France 3 Occitanie ce lundi précise : "Le réseau express vélo, par exemple, on l'attend depuis le mandat précédent et on n'est pas sûr qu'il aura lieu pendant celui-ci. Et puis, l'orientation sur le tout électrique, vouloir remplacer un véhicule thermique par un véhicule électrique, c'est une aberration, c'est un plan global des transports qu'il faut porter, vélo, RER, bus, autopartage..."
Sur l'affiche, les propositions suivantes en effet : "Un moratoire sur les projets routiers, 1 000 voitures en autopartage en 2023, un RER toulousain dès 2024, la rénovation thermique de 10 000 logements par an, un réseau express vélo (REV) complet en 2026, l’abandon des nouveaux centres commerciaux en périphérie". Ce qui n'a pas manqué de faire réagir certaines personnalités politiques, Antoine Maurice, élu de l'opposition municipale notamment. Mais aussi le député ex-LREM Sébastien Nadot.
Selon les informations recueillies auprès de la mairie de Toulouse, la collectivité a porté plainte dès dimanche soir pour diffamation. L'équipe juridique de Toulouse Métropole planche actuellement sur le dossier et les chefs de détournement et d'usurpation d'identité seraient à l'étude.
Toujours selon la mairie de Toulouse, la société JC Decaux pourrait elle aussi porter plainte. A la demande de l'agglomération, les "fausses" affiches ont commencé à être retirées par l'entreprise. A 11 heures, ce lundi matin, une bonne dizaine d'entre elles avaient été remplacées, dans l'hyper-centre de Toulouse.