Le voyagiste toulousain Fram qui emploie 670 salariés, a convoqué ce jeudi matin un comité d'entreprise extraordinaire (CEE) avec un dépôt de bilan à la clé, une procédure qui devrait faciliter sa reprise par le français Karaval-Promovacances, seul candidat encore en lice.
Depuis une semaine et le retrait de l'offre du conglomérat chinois HNA, associé à un partenaire minoritaire français, cette procédure semblait inéluctable. La direction du voyagiste Fram a donc confirmé devant le comité d'entreprise extraordinaire (CEE) convoqué ce jeudi à Toulouse que l'entreprise était en cessation de paiement et déposait son bilan. L'offre du groupe Karavel-Promovacances, la seule encore sur la table, posait comme préalable ce dépôt de bilan. Une offre qui n'a pas été détaillée.
Dans un communiqué, la direction de Fram a confirmé avoir demandé à être "sous la protection du tribunal de commerce de Toulouse afin de poursuivre dans les meilleures conditions, l'examen de solutions permettant d'assurer la pérennité de l'entreprise." Un administrateur judiciaire pourrait être nommé pour "assister le Groupe dans son projet de cession, permettant d'assurer la poursuite de l'activité, la sauvegarde de la très grande majorité des emplois ainsi que la préservation des intérêts des clients, des fournisseurs et des différents acteurs de la profession."
"Nous n'avons pas plus d'informations quant à un éventuel repreneur. Karavel est dans la course. C'est au tribunal de décider", a indiqué l'élue syndicaliste CFDT Thouraya Ferchichi. "Ca devrait aller vite. Visiblement pour le bien des employés, il faudrait que ce dossier se passe au plus vite", a-t-elle ajouté.
Pour les clients de Fram, cette procédure devrait être sans conséquence. Selon Jean-Pierre Mas, président du syndicat autonome des agences de voyages, ils sont protégés par l'organisme de garantie financière de la profession et "seront remboursés" s'ils ne peuvent pas partir ou si un hôtelier leur demande de payer à nouveau leur séjour.
La situation financière de ce voyagiste, toujours l'un des plus importants de France en nombre de clients (environ 300.000 par an), était intenable. A l'origine : le printemps arabe qui a entraîné une désaffection du Maghreb où il était fortement implanté, l'essor des vols low-cost et la montée en puissance d'internet.
Mais il y a aussi le combat fratricide des deux actionnaires majoritaires -chacun près de 40% du capital-, Georges Colson et sa demi-soeur Marie-Christine Chaubet, conjugué à une valse de dirigeants.
La fin d'une saga familiale
Avec ce dépôt de bilan, c'est la fin d'une saga familiale. Fram, acronyme de Fer Route Air Mer, est née après-guerre en 1949, créé par Philippe Polderman. Cette marque emblématique, qui a participé à la démocratisation des vacances au soleil, a commencé, avec quatre salariés, par acheter des autocars pour relier Toulouse à Barcelone alors que les Baléares étaient en train de devenir une destination phare.Dès la fin des années 1950, elle a affrété ses premiers avions. Fram a poursuivi son développement avec une série d'acquisitions d'hôtels au Maroc en Tunisie, ou encore en Espagne et le lancement en 1984 du label Framissima, sa populaire chaîne d'hôtels-clubs. A son zénith, en 1999-2000, le groupe a dépassé les 600.000 clients.
En 2013 et 2014, miné par les pertes, Fram cède à tout va une partie de ses actifs, dont ses hôtels au Maghreb et en Espagne. Insuffisant pour se remettre d'aplomb: le groupe a reçu le coup de grâce cette année avec deux attentats meurtriers en Tunisie en mars et juin, creusant davantage une trésorerie devenue insuffisante pour la poursuite de son activité.
Karaval, repreneur potentiel, créé en 2000 par Christian Blanc, l'ancien patron d'Air France, est détenu à 75% par le fonds LBO France depuis mai 2011. Spécialisé dans la vente de séjours sur internet, il a racheté en 2001 Promovacances, devenu sa marque phare. Il exploite aujourd'hui une douzaine de marques et emploie quelque 700 salariés à Nice, Vichy et Paris. Le repreneur potentiel n'a pour l'instant rien dévoilé sur son projet de reprise de Fram qui reste fort d'une cinquantaine d'agences en propre et d'une très forte notoriété. Mais selon plusieurs sources, le groupe français serait prêt à investir jusqu'à 50 millions d'euros pour racheter le voyagiste, ce qui lui permettrait de doubler de volume.