Deux professeurs de l'université de Toulouse sont suspendus définitivement de l'enseignement supérieur pour harcèlement sexuel et moral. La sanction la plus lourde pronconcée par une université. Leurs avocates dénoncent une parodie d'instruction.
Ils ne pourront plus enseigner à l'université.
Deux enseignants d'art plastique de la faculté Jean Jaurès à Toulouse viennent d'être suspendus définitivement de l'enseignement supérieur, indique le syndicat UET.
Depuis un an, l'Union des Etudiant-e-s de Toulouse se battait pour faire reconnaître le harcèlement sexuel et moral que subissaient les étudiant-e-s.
Dans un premier temps, comme nous l'avions révélé en juin dernier, par mesure de précaution, pour protéger les victimes, les deux professeurs avaient été suspendus provisoirement.
Des questions intrusives sur la vie sexuelle
Le 19 mai dernier, un important dossier avait été déposé par l'UET à l'université. Il comportait les témoignages précis d'une douzaine de victimes. Ils faisaient état notamment de questions intrusives sur la vie sexuelle, de discrimination par rapport à une orientation sexuelle supposée. Et des phrases sans ambiguïté sur le viol et "les pulsions incontrôlables des hommes".
La sanction la plus lourde dans une université
Deux sections disciplinaires avaient été ouvertes pour étudier ces faits. Les éléments du dossier on semble-t-il convaincu les "enquêteurs".Ce lundi soir 15 juillet, le "verdict" est tombé et a il a été affiché au rez de chaussée de la présidence de l'université. Les deux enseignants sont suspendus définitivement de l'enseignement supérieur. L'information est confirmée par la présidence de l'université Jean Jaurès.
Il s'agit de la sanction la plus lourde qui peut être prononcée dans une université.
Cynthia Nevache, membre du syndicat étudiant, est celle qui se bat depuis plus d'un an pour "libérer la parole".
Elle pense que c'est l'accumulation des témoignages et les précisions accablantes de certaines plaignantes qui ont permis de caractériser les faits.
Parole libérée et présomption d'innocence
Les avocates des deux enseignants ne cachent pas leur colère. Selon elles, l'instruction a été une parodie.Maitre Agnès Souleau Travers et maître Emmanuelle De la Morena nous précisent :
On nous parle de phrases prononcées et de gestes mais à aucun moment ces faits n'ont été vérifiés. Or, on aurait pu vérifier car de nombreux étudiants étaient présents sur les lieux (...) il y a eu une adhésion immédiate aux thèses des prétendues victimes. La parole se libère mais il faut voir à quel prix. Au mépris de la présomption d'innocence.
Les deux avocates estiment que les sections disciplinaires de l'université ne sont pas compétentes pour examiner des faits de harcèlement sexuel et moral. "On est dans une structure où l'on se base sur des éléments qui relèvent de la croyance, de la foi, au lieu de relever de la preuve, de la rationnalité."
Ce sont des qualifications pénales. Elles appellent de leurs voeux l'ouverture d'une enquête judiciaire.
Pas de commentaires de la direction de l'université
Interrogée sur cette sanction l'université Jean Jaurès ne souhaite pas faire de commentaires.La direction confirme que "chacun des enseignants a été reconnu coupable de pratiques pédagogiques contraires à la déontologie de l'enseignant, ayant eu pour conséquence de placer les étudiantes dans une situation de harcèlement moral et sexuel."
Elle précise que les deux professeurs ont une interdiction définitive "d'exercer des fonctions d'enseignement ou de recherche dans tout établissement public d'enseignement supérieur".
Les enseignants sanctionnés peuvent faire appel de la décision auprès du CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche).
Vers une enquête judiciaire ?
Cette procédure disciplinaire contre les professeurs a été automatiquement transmise au procureur de la République, nous indique l'UET.Une enquête judiciaire pourrait être ouverte.