Le 5 septembre 2018 des élèves de première année de l'institut de formation d'infirmiers du CHU de Toulouse étaient victimes d'un bizutage dégradant. Après une enquête interne la Direction avait saisi le parquet de Toulouse. Le procureur de la République vient de classer le dossier sans suite.
Le bizutage est interdit en France par la loi du 17 juin 1998. Il a pourtant toujours cours dans certaines écoles. Ce rite a eu lieu à l'école d'infirmiers de Toulouse le 5 septembre 2018. Il a démontré une nouvelle fois que la frontière entre rite d'initiation et humiliation peut être vite franchie.
Ce jour là l'ensemble des étudiants de première année du Pôle Régional d’Enseignement et de Formation aux Métiers de la Santé (PREFMS) de Toulouse est en cours lorsqu'une centaine d’étudiants d’autres années font irruption. Leur bizutage vient de commencer.
Selon des témoignages "dans un premier temps les étudiants ont été attachés par deux avec du scotch dans l’amphithéâtre, certains et certaines les mains entre les jambes d'autres. Dans un second temps les étudiants et étudiantes ont été aspergés à l’extérieur avec divers produits : œufs, farine, vinaigre, coca, betadine, ketchup, mayonnaise, pâté pour chiens… Y compris dans les yeux. Ils ont été sommés de chanter une chanson contenant des propos dégradants : « La fellation c’est tellement bon …». Lorsqu’ils refusaient, des œufs leur étaient jetés dessus".
Ce bizutage a duré plus d'une heure : "plusieurs étudiantes ont mal vécu cette situation, certaines tremblaient, d’autres ont clairement déclaré avoir été humiliées publiquement".
Sous couvert d'anonymat, des élèves ont accusé certains parmi les formateurs de s'être rendu complices de ces actes dégradants, y compris en rédigeant et diffusant de fausses convocations pour rassembler les élèves dans l'amphithéâtre où ce bizutage a eu lieu.
La Direction a diligenté une enquête interne, et a saisi le parquet de Toulouse le 18 septembre 2018, tout en se réservant le droit de prendre des sanctions disciplinaires si la complicité de certains membres du personnel était avérée.
L'enquête classée sans suite
L'émotion soulevée à l'époque par ces faits avait résonné jusque dans les plus hautes sphères : les ministres de la santé et de l'enseignement supérieur, ainsi que la Présidente de la région Occitanie avaient tenu à dénoncer ces actes et à témoigner publiquement leur soutien aux étudiant(e)s victimes de ce bizutage.Un peu plus d'un an plus tard, le procureur vient de classer le dossier sans suite au motif qu'aucun étudiant n'a déposé plainte, ni n'a témoigné à charge.
Entre-temps l'atmosphère à l'institut de formation en soins infirmiers (IFSI) s'est apaisée, et la cérémonie "d'intégration" de la rentrée 2019 s'est déroulée dans une ambiance conviviale et sereine.
Voir ici le reportage de Martin Vanlaton et Thierry Villéger en septembre 2018