La mairie de Toulouse a installé une première caméra de vidéo surveillance équipée de haut-parleur pour pouvoir rappeler à l'ordre directement les auteurs d'incivilités. Le dispositif qui a été mis en place discrètement dans le quartier de la Daurade fait polémique.
On aurait pu croire à un poisson d'avril tardif mais c'est très sérieux : la mairie de Toulouse a installé dans le quartier de la Daurade une caméra équipée de haut-parleur.
Un dispositif qui permet aux agents du poste de commandement de vidéo surveillance de la ville de s'adresser directement aux toulousains qui seraient en train de "commettre" une incivilité.
Cet équipement viserait en particulier les jeunes qui viennent boire de l'alcool le soir sur la pelouse de la place de la Daurade ainsi que les sans domicile fixe qui s'installent pour dormir sur l'aire de jeux pour enfants. Il permettrait également de gérer un début de rixe. Pour la municipalité, il s'agit de prévention, cela permet d'éviter d'envoyer une patrouille.
Dans un communiqué de presse, le comité toulousain de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dénonce "la discrète dérive vers toujours plus de sécuritaire à Toulouse".
La LDH condamne la mise en place de cet équipement "sans concertation ni débat" et remarque avec cynisme qu'avec ces progrès en termes de respect de libertés individuelles, la prochaine innovation consistera peut-être à installer des logiciels de reconnaissance faciale et de comportements anormaux.
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc a fait de la vidéo protection l'une de ses priorités. En quelques années le nombre de caméras installées dans la ville a considérablement augmenté. On en compte aujourd'hui plus de 350 sur la commune.
Sur son site internet, la mairie explique que les images sont visionnées depuis le centre d’information et de commandement de la police municipale mais aucune précision sur le nouveau dispositif avec haut-parleur.
Le dispositif pourrait être étendu à d'autres secteurs du centre ville. Les toulousains pourraient donc entendre des voix bientôt place Saint-Pierre notamment et peut-être un jour place Jeanne d'Arc...Dans les rues de la ville rose, les avis divergent évidement sur l'intérêt de cet équipement comme le montre ce reportage de Claire Sardain et Solenn Lagha.
Des dispositifs similaires ont été installés il y a déjà deux ans dans des villes comme Mandelieu et Cannet dans les Alpes-Maritimes. Dans un reportage réalisé à l'époque par des journalistes de France2 on peut voir des citoyens surpris de se faire réprimander en pleine rue.