La commission d'enquête environnementale chargée d'émettre un avis sur l'impact sur l'environnement de la création d'une troisième ligne de métro à Toulouse vient de rendre son avis : favorable, malgré quelques observations et recommandations.
L'enquête (publique) a eu lieu du 15 décembre 2021 au 28 janvier 2022. Relative à l’Autorisation environnementale concernant le projet de 3ème ligne de métro et ligne Aéroport Express sur le territoire des communes de Toulouse, Blagnac, Colomiers, Ramonville-Saint-Agne et Labège, elle a été menée par trois commissaires qui viennent de rendre leur avis.
Comme le révèlent nos confrères de Médiacités, cet avis est globalement favorable au projet, estimant que " les principaux enjeux tels que le respect de l’environnement naturel et humain, le respect du patrimoine bâti, la mobilité, ont été bien analysés et traités. Cela donne un projet complexe mais rendu indispensable avec l’évolution démographique pour un coût environnemental réduit à son minimum". Le rapport est consultable en ligne.
Dans le détail, les quelques 6 000 pages du dossier de l'enquête publique ont été mises à disposition des citoyens dans divers endroits de l'agglomération toulousaine :
- Mairie de Blagnac
- Mairie de Colomiers
- Mairie de Labège
- Maison de la citoyenneté Centre de Toulouse
- Maison de la citoyenneté Rive gauche de Toulouse
- Maison de la citoyenneté Nord de Toulouse
- Maison de la citoyenneté Est de Toulouse
- Maison de la citoyenneté Sud-est de Toulouse
Les contributions pouvaient également être transmise par voie postale. Mais l'enquête n'a pas mobilisé massivement : durant les 45 jours de l'enquête publique, 1 732 visiteurs ont consulté le dossier d'enquête et 311 contributions ont été déposées, principalement par des particuliers mais également par des associations et des collectivités.
L'orientation des observations est la suivante :
- 39,8 % d'observations défavorables
- 26,8 % d'observations favorables
- 12,2 % d'observations favorables avec réserves
- 11,5 % d'observations neutres avec demandes de précisions
- 9,4 % de réserves/inquiétudes sans prise de position tranchée
Parmi les préoccupations relevées, la mobilité douce, la qualité de l'air et les émissions de gaz à effet de serre, le coût du projet.
La faune et la flore
Concernant la préservation de la biodiversité et du patrimoine naturel, la commission d'enquête environnementale conclut que "le traitement du projet au regard du respect des espèces sauvages faunistiques et floristiques semble cohérent et adapté à la situation".
La validation des propositions de compensation par le CNPN (conseil national de la protection de la nature) est un signe important du sérieux avec lequel le dossier a été étudié. La vérification du respect des engagements pris quant au suivi des actions relève de l’autorité de l’Etat.
La commission d'enquête environnementale
Le patrimoine bâti et les arbres
Environ 1 900 arbres vont être abattus à l'occasion de la construction de la troisième ligne de métro à Toulouse. 5 000 devraient être replantés. Ce qui fait dire à la commission d'enquête que "le remplacement des arbres détruits au taux de 2 pour 1 semble réaliste et suffisant".
La commission observe que ce taux s'élèvera en fin de projet à un ratio de 2,6 pour 1.
Pollution et nuisances
S'agissant des chiffres avancés en terme de réduction de gaz à effet de serre grâce à cette troisième ligne, la commission estime que "tous les calculs relatifs aux émissions reposent sur des hypothèses de trafic urbain et des ratios dont la pertinence est difficile à évaluer".
Il s'agit d’une querelle d’experts fondée sur des hypothèses fragiles. Le maître d'œuvre dressera le Bilan des émissions de GES en fin de chantier. La commission prend acte de cette décision dont elle estime que la réalisation et la publication pourraient faciliter l'acceptabilité du projet.
La commission d'enquête environnementale
Sauf que, bien sûr, quand le chantier sera achevé, il ne sera pas question de revenir sur la mise en service de la nouvelle ligne.
Même si l'essentiel des travaux auront lieu en souterrain, nul doute que le chantier va engendrer, durant cinq ans, des nuisances sonores et une certaine pollution de l'air pour les riverains. Pour la commission, il est important de "faire respecter un catalogue de bonnes pratiques par les entreprises sous-traitantes". Des contrôles fréquents devront être réalisés.
Les trois commissaires rappellent en outre les risques que constitue la présence d'engins de guerre dans le sous-sol, Toulouse ayant été bombardée à quatre reprises à la fin de la seconde guerre mondiale. La commission émet donc une recommandation afin qu'une surveillance particulière soit assurée.
Après le chantier
La commission d'enquête environnementale a également abordé la question des nuisances après la mise en service de la troisième ligne de métro. Si le bruit est négligeable pour la partie enterrée, "il doit être pris en compte sur les portions aériennes et devra respecter des normes réglementaires. Les études préalables montrent que dans quelques cas des écrans de protection ou des isolations sont à prévoir".
L'épineuse question des déblais
Enfin, s'agissant de la question des déblais et de leur transport, la commission reconnaît qu'une "incertitude demeure quant aux différentes manières d’exporter les déblais, ce qui fragilise quelque peu le schéma théorique proposé".
Le volume de ces déblais - près de 3 millions de m3 - et leur évacuation va forcément induire un va-et-vient de camions important : "ce mode de transport devant représenter entre 60 et 100 % des moyens d’évacuation selon les possibilités encore à l’étude".
Ce qui, pendant plusieurs années, va peser lourd sur un trafic routier déjà très chargé dans l'agglomération toulousaine.
Sans grande surprise, les conclusions de cette commission d'enquête environnementale font "tousser" certaines des associations de protection de l'environnement qui ont d'ailleurs apporté leurs contributions à l'enquête. La question des émissions de gaz à effet de serre, reléguée à la fin du chantier et à la mise en exploitation de la troisième ligne, est pour certains une aberration.
Et de rappeler que, comme l'écrit la commission d'enquête, "une des raisons qui motive un projet de transport public moderne - outre le service qu’il offre à la population pour se déplacer - tient au fait qu’il devrait permettre une réduction des émissions dues aux transports".