Toulouse : Guilhem, l'étudiant blessé par l'explosion d'une grenade de désencerclement, témoigne

"J'ai été victime d'une agression" : Guilhem, l'étudiant blessé, mercredi lors de son interpellation, en marge de l'évacuation de l'Université Jean Jaurès, par l'explosion d'une grenade de désencerclement que portait dans son vêtement un policier, témoigne depuis son lit d'hôpital.

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Dans quelles conditions l'interpellation de Guilhem, étudiant en 3è année de licence de grec ancien, s'est-elle réellement déroulée quelques heures après l'évacuation, mercredi avant l'aube par les forces de l'ordre de l'université Jean-Jaurès occupée par des étudiants opposés à la loi sur l'orientation et la réussite des étudiants (ORE) ?

Après cette évacuation d'une soixantaine de personnes, ces dernières s'étaient dirigées vers la gare Matabiau. C'est là, selon le parquet de Toulouse que la police avait décidé d'intervenir pour empêcher le groupe de pénétrer dans la gare et "pour prévenir un envahissement possible des voies de chemin de fer".

Toujours selon le parquet, deux policiers avaient alors procédé à l'interpellation "d'une personne identifiée comme à l'origine de dégradations commises un peu plus tôt sur le secteur de la faculté". Interpellation rendue "difficile" par sa résistance" et "l'hostilité" de son groupe. Une grenade à main de désencerclement, avait à ce moment là explosé dans une poche du vêtement de l'un des policiers, accidentellement selon la préfecture, faisant trois blessés : deux policiers légèrement et l'étudiant plus grièvement.

Grièvement blessé par la grenade, Guilhem s'est vu mourir


Aujourd'hui, Guilhem témoigne depuis son lit d'hôpital et conteste qu'il se soit agi d'un affrontement. 

J’ai été attrapé dans le dos lors de mon arrestation, j’ai été victime d’une agression […] J’ai été immobilisé par les bras, puis attrapé par le cou… Je me suis vu mourir. Je n’arrivais plus à respirer, je n’avais qu’un filet d’air […] Après l’explosion, j’ai d’abord cru que j’avais pris une balle réelle dans le flanc. Je n’avais plus qu’un poumon qui respirait,

raconte Guilhem.

Voir en vidéo les explications de Fabrice Valéry :

Selon ses avocates Maîtres Claire Dujardin et Sara Khoury, leur client "a été placé en garde à vue alors qu’il était aux urgences et dans un état critique". Guilhem affirme même "avoir été menotté à son lit une partie de la matinée" et précise : "je n’aurais jamais imaginé me retrouver en garde à vue, blessé, à l’hôpital et dans cet état".


Une enquête confiée à la police des polices

Dans un communiqué publié mercredi soir, le parquet de Toulouse avait indiqué avoir confié une enquête à la fois à l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et à la Sûreté Départementale de Haute-Garonne "en recherche des causes des blessures", pour déterminer l'origine des blessures et leurs conséquences pour les victimes.

Dans un autre communiqué, les avocates de Guilhem prennent acte de la saisine par les autorités judiciaires de l’IGPN et de l'ouverture d'une enquête par la sûreté départementale, mais s’interrogent sur "l'orientation qui pourrait être prise par cette enquête" et notamment "le fait de savoir si elle aura pour objectif de désigner Guilhem comme auteur ou victime présumée."

"Le parquet aurait indiqué que la garde à vue de Guilhem, levée en raison de son état de santé, pourrait reprendre. Nous ne pourrons admettre que Guilhem soit considéré autrement que comme victime de blessures par une arme utilisée par les forces de l’ordre, quand bien même il serait poursuivi pour des dégradations", préviennent encore les avocates.

"Nous nous étonnons qu'un" accident de grenade" puisse intervenir dans le cadre d'une opération de maintien de l'ordre et alors qu'une personne est interpellée, et nous réaffirmons que l'usage d'arme dans un tel contexte est disproportionnée et dangereuse", ajoutent Maîtres Dujardin et Khoury.

Vers l'ouverture d'une information judiciaire ?

Dès mercredi soir, les deux avocates avaient demandé "que toute la lumière soit faite, au besoin par l’ouverture d’une mesure d’instruction judiciaire, sur
  • les conditions d’interpellation de Guilhem
  • les conditions d’intervention des « forces de l’ordre » avec des armes et notamment ce qui pourrait être une grenade de désencerclement".
"Les autorités civiles se targuent d’avoir mené une opération d’évacuation sans violence et sans blessés" concluent enfin Me Dujardin et Me Khoury, "alors que les événements à la gare Matabiau sont en lien direct avec cette évacuation et qu’ils ont abouti à, au moins, un blessé grave".

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