Guillaume Faury, 51 ans, succède mercredi à Tom Enders à la tête d'Airbus où il devra, au-delà du défi de la montée en cadence de la production, négocier le virage vers l'industrie aéronautique du futur grâce au numérique.
Entré à Airbus Helicoptères -à l'époque Eurocopter- en 1998, Guillaume Faury, 51 ans, passionné d'aviation, a effectué une incursion dans le secteur de l'automobile de 2009 à 2013 comme vice-président exécutif de la recherche et développement du constructeur français Peugeot.
Il est ensuite revenu au sein d'Airbus Helicopters, qu'il a dirigé jusqu'en 2018 en assumant le poste de président au pire moment, peu de temps avant que le secteur offshore, principal client des voilures tournantes, ne plonge dans une crise structurelle liée à la chute des prix du pétrole. Il est parvenu à limiter les dégâts, grâce à une stratégie d'innovation et un rééquilibrage autour des services, et a mis en place une réorganisation de la production afin de réduire les coûts et les délais de fabrication.
En février 2018, il est nommé président d'Airbus aviation commerciale et succède à Fabrice Brégier, emporté par la crise de gouvernance qui a secoué le groupe fin 2017, sur fond d'investigations du Parquet national financier (PNF) en France et du Serious fraud office (SFO) en Grande-Bretagne pour des irrégularités sur des transactions, des faits que le groupe avait lui-même dénoncés en 2016.
Guillaume Faury, désigné comme successeur du président exécutif du groupe Tom Enders le 8 octobre, n'a pas été aux commandes entre 2008 et 2013, soit les périodes visées par les enquêtes en cours.
"Simplicité efficace et sans fioritures"
"Courtois et accessible", avec un côté "ascète", il agit dans la "simplicité efficace et sans fioritures", selon des cadres du groupe s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
Le nouveau patron du géant de l'aéronautique a en interne la réputation d'être un "vrai spécialiste de l'aéronautique qui sait ce que c'est qu'une machine volante", selon un de ces cadres.
Depuis sa prise de fonction comme patron de la division aviation commerciale il y a 14 mois, il a examiné le fonctionnement d'Airbus "dans ses moindres détails" en faisant "un scanner très méthodique de l'entreprise et de ses équipes", commente un autre salarié. Désormais, pour diriger un géant de l'aéronautique, présent dans les domaines du spatial et de l'aviation civile et militaire et qui emploie quelque 129.000 personnes dans le monde, "il va devoir changer de dimension", ajoute-t-il.
Après la montée en cadence sur ses programmes phares, le moyen-courrier A320 et le dernier né de ses gros porteurs, l'A350, l'un des grands chantiers d'Airbus est la modernisation de son outil industriel avec l'arrivée de nouvelles technologies liées au numérique.
En parallèle, le constructeur continue à se concentrer sur l'amélioration des performances environnementales de ses avions.
A moyen terme, il travaille aussi sur des projets de mobilité urbaine comme l'hélicoptère sans pilote CityAirbus, développé par Airbus Helicopters sous la houlette de Guillaume Faury.
A très court terme, "il va devoir réagir à l'impact de possibles et réelles retombées sur la compétitivité d'Airbus" en cas de sortie du Royaume uni de l'Union européenne sans accord, estime Howard Wheeldon, un expert britannique en aéronautique.
Airbus emploie plus de 14.000 personnes au Royaume-Uni où il fabrique les ailes de ses avions. Fin janvier Tom Enders a averti les autorités britanniques de décisions "très douloureuses" en cas de Brexit sans accord.
Marié et père de trois enfants, Guillaume Faury est un grand sportif adepte du triathlon et amateur de vin de Bourgogne.
Diplômé de l'École polytechnique de Paris en 1990 puis de l'École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace de Toulouse, il a débuté sa carrière aéronautique auprès de la Direction générale de l'armement (DGA) où il supervisait les essais en vol de l'hélicoptère de combat Tigre.