Toulouse : hommage national aux policiers morts, lassitude et sentiment d'impuissance chez les collègues

Un hommage national a été rendu aux policiers morts pour la France ce lundi au commissariat de Toulouse dans un contexte particulier. Après la mort d'un policier à Avignon, un sentiment d'impuissance et de lassitude règne chez les fonctionnaires de police. Ils témoignent.

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Comme chaque année un hommage a été rendu aux policiers morts pour la France ce lundi à Toulouse. Mais c'est un contexte particulier après deux homicides récents dans les rangs de la police. La fonctionnaire assassinée au commissariat de Rambouillet (Yvelines) et le policier tué lors d'un contrôle sur un point de trafic de drogue à Avignon (Vaucluse).

Le préfet de Haute-Garonne a lu le texte du ministre de l'Intérieur rendant hommage à tous les policiers décédés ; ceux qui ont "combattu l'oppression dans les temps les plus sombres de l'histoire de France" mais aussi "les policiers du quotidien.".

"Aujourd’hui, à ces familles, à ces collègues, à vous toutes et tous, je veux dire ma fierté d’être le ministre de l’Intérieur de ces 150 000 hommes et femmes de la police nationale qui veillent quotidiennement avec un courage sans faille et une abnégation admirable à la sécurité de tous et à la protection de nos valeurs et de nos libertés", a dit Gérald Darmanin dans son hommage.

Une banalisation des homicides dans les rangs de la police

Chez ces policiers du quotidien, on sent de la résignation, de la tristesse et de la lassitude. Comme pour ces deux policières toulousaine âgées d'une quarantaine d'années. Elles ont toutes les deux près de 20 ans de métier déjà. Les deux homicides récents en région parisienne et à Avignon ne les inquiètent pas plus mais elles regrettent une forme de banalisation.

Moi mes enfants, je leur ai interdit de dire que j’étais dans la police. Le plus grand qui a 12 ans, voudrait que j’arrête. Mais je lui dis qu’il faut bien des policiers pour protéger les citoyens.

Une policière toulousaine

"Quand on entre dans la police, on sait que cela peut arriver mais malheureusement cela devient banal". "Je ne m’amuse pas à dire que je suis flic à tout le monde mais ça, cela fait déjà longtemps", dit l'une d'elle.

Dans son entourage, selon elle pas d'inquiétude non plus. "Je suis fille de flic donc on est rodé" affirme-t-elle avec un sourire. Mais pour les enfants c’est difficile ; elle vient seulement de dire à son fils de dix ans qu’elle était policière. "C’était pour ne pas le perturber", dit elle. Surtout par rapport aux copains de l’école car elle vient d’arriver à Toulouse. Elle était affectée jusqu'à présent dans un quartier difficile dans une autre ville.

Sa collègue, 17 ans d'ancienneté, confirme elle aussi les précautions à prendre avec les enfants et l’inquiétude de ces derniers. "Moi mes enfants, je leur ai interdit de dire que j’étais dans la police". Les récents homicides de policiers peuvent également être traumatisants. "Le plus grand qui a 12 ans, voudrait que j’arrête, dit-elle. Mais je lui dis qu’il faut bien des policiers pour protéger les citoyens".

Mais pour protéger et se protéger, ces femmes estiment ne pas avoir assez de moyens. "Il faut savoir que le gilet pare-balles ne pare pas les couteaux", dit l'une des deux policières. "Et puis la justice ne suit pas." 

Une réponse pénale insuffisante selon les syndicats de police

La justice et la réponse pénale, c'est le cheval de bataille des syndicats de policiers.

"Les policiers font leur travail. Ils interpellent, ils mettent à disposition de la justice des gens qui 20, 25 fois ont été interpellés", explique Didier Martinez du syndicat unité SGP Police. "Et l’impunité se traduit par les scènes récurrentes auxquelles on assiste." 

Pour le syndicaliste, le manque de sévérité se traduit par des oppositions aux interpellations, des attaques, des guet-apens. "A Toulouse, dit-il, on va au quotidien dans les quartiers sur les points de trafic qui se reconstituent très, très vite ; il y a beaucoup d’interpellations, c’est un puits sans fond, c’est une lutte de chaque instant".  Selon lui, les policiers attendent une prise en compte : être dissuasif, ferme et sévère pour endiguer l'impunité. "On espère que le sursaut va enfin être acté par nos politiques parce qu’il faut en terminer avec cette situation pour les policiers et leurs familles. "L’insécurité n’est pas un sentiment, elle est une réalité."

Quatre jours après l'homicide du policier, Eric Masson, à Avignon, trois hommes ont été interpellés au péage de Remoulins dans le Gard. Ils ont été placés en garde à vue.

Un hommage national doit être rendu à Eric Masson mardi après-midi à Avignon par le Premier ministre Jean Castex qui sera accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

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