Experts et enquêteurs entament ce mercredi en début d'après-midi à Toulouse les analyses du fragment d'aile de Boeing retrouvé à La Réunion afin d'identifier son origine et sa possible appartenance au vol MH370,
Depuis sa découverte sur une plage réunionnaise mercredi dernier, 16 mois après la disparition du vol MH370, ce volet d'aile d'avion appelé flaperon, d'environ 2 mètres carrés, a "été officiellement identifié comme un morceau d'un Boeing 777", avait annoncé dimanche le ministère malaisien des Transports.
La probabilité qu'il s'agisse du vol MH370, disparu le 8 mars 2014, est donc réelle: aucun autre accident aérien n'a impliqué ce type d'appareil dans cette région du monde.
Analyses à Toulouse
Les analyses tant attendues se feront en présence de représentants français (la justice française s'est saisie de l'affaire car quatre des 239 disparus sont français), malaisiens (l'avion recherché appartenant à la compagnie nationale Malaysia Airlines), chinois (nationalité de 153 disparus), américains et de l'avionneur Boeing (constructeur de l'avion).
Le caisson contenant le débris, acheminé en métropole samedi, sera ouvert "mercredi en début d'après-midi" dans un laboratoire de la Direction générale de l'armement-Techniques aéronautiques (DGA-TA) de Balma, dans la banlieue de Toulouse, selon une source proche du dossier.
Les enquêteurs commenceront par vérifier la nature de la pièce et de quel type d'avion elle provient, en recoupant notamment leurs observations avec le numéro de série, les plans demandés au constructeur, les matériaux utilisés, les procédés de fabrication... Le fragment porte notamment l'inscription "657BB", qui indique selon plusieurs experts qu'il s'agit bien d'un flaperon de B777.
Numéro de série, peinture et inscriptions
L'analyse de traces de peinture et de certaines inscriptions devrait également éclairer les enquêteurs.
"Chaque compagnie aérienne peint ses avions d'une certaine façon et on doit pouvoir identifier que c'est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines. Si la peinture est utilisée par Malaysia et d'autres compagnies, on pourra peut-être avoir plus de certitudes parce que les autres compagnies n'utilisent peut-être pas de Boeing 777 par exemple", explique Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes
et d'analyses (BEA).
"La compagnie aérienne peut avoir ajouté des inscriptions pour la maintenance du type +Ne pas marcher+. Selon la formule utilisée et la façon d'écrire, ça donne aussi une idée de l'origine de l'avion", ajoute Pierre Bascary, ancien directeur des essais à la DGA.
La structure métallique de l'objet sera également scrutée "avec les moyens modernes physiques et chimiques et notamment avec un microscope à balayage électronique qui peut grossir jusqu'à 100.000 fois", confie M. Bascary.
Le but: étudier "les ruptures locales de la pièce", voir si elle a été abîmée par "des sollicitations exceptionnelles" ou par "la répétition d'un très grand
nombre de sollicitations moins fortes", poursuit-il.