Une quinzaine de personnes d'origine albanaise vivent dans des tentes et des baraquements au bord de la Garonne, dans le quartier Empalot de Toulouse. Avec la montée des eaux ces derniers jours, ils sont inquiets et demandent à être relogés en urgence.
« On est en danger, on a tous très peur ». Comme une quinzaine d’autres personnes avec elle, Mirela dort depuis 3 mois et demi au bord de la Garonne, dans un campement de fortune situé dans le quartier Empalot de Toulouse. Ce sont des familles albanaises composées d’enfants, dont le plus jeune à 5 ans, et de seniors, dont le plus âgé a 70 ans. Ils sont tous demandeurs d’asile.
En raison des fortes pluies, le niveau de la Garonne a brusquement monté, inquiétant les habitants de ces baraquements au bord du canal. Vendredi 10 décembre, des policiers leur rendent visite. « Ils nous ont dit qu’on devait partir à cause de la montée des eaux, alors on a pris des couvertures et des vêtements et on est partis, mais on n’avait nulle part où aller. On ne nous a pas proposé d’endroit pour dormir », explique Mirela, qui habite ce campement.
« En réalité, il y a eu une incompréhension entre la police, qui affirme avoir juste voulu leur dire de faire attention à la crue, et les familles albanaises, qui ont compris qu’on leur disait de partir », précise Antoine Bazin, coordinateur d'Utopia 56 à Toulouse, association aux côtés de ces familles depuis leur arrivée ici. « Dans tous les cas, on ne leur a proposé aucune solution d’hébergement », regrette-t-il.
Une tente inondée contre un hall d'immeuble
Les habitants du campement de fortune se sont alors réfugiés dans un hall d’immeuble tout proche. « On y a dormi hier et on y dormira encore cette nuit et sûrement demain. Tant que l’eau ne baisse pas, on a très peur », glisse Mirela. Elle affirme appeler le 115 tous les jours pour demander à être hébergée, elle et les autres habitants du campement, mais sans succès.
On voudrait juste pouvoir dormir au chaud, se laver et manger. Il fait très froid, on n’a rien mangé depuis hier, nos affaires sont toutes mouillées. Avec nous, il y a des enfants, une dame qui a des problèmes respiratoires. On tombe tous malades les uns après les autres dans ces conditions.
Sans procédure d'expulsion, pas de relogement
Après la venue de la police, l’association Utopia 56 a appelé la mairie pour demander un solution d’hébergement pour ces familles. « On nous a répondu que, comme il n’y avait pas eu d’expulsion, le protocole de relogement d’urgence ne pouvait pas être enclenché. La mairie a fait un signalement au 115, mais en cette période tout est complet », regrette Antoine Bazin, d’Utopia 56 à Toulouse.
La décrue de la Garonne étant amorcée, aucune alerte n’a été déclenchée aujourd’hui concernant la situation de ceux qui vivent au bord de l’eau. « On est face à des gens qui sont déjà en grande précarité, qui ont peur pour leur vie et qui n’ont personne à qui parler, à part les associations », ajoute Antoine Bazin.
À défaut de les reloger, les institutions publiques pourraient au moins prendre la peine de les informer sur les risques. Ces gens ont peur, ils passent chaque nuit sans savoir ce qu’il va leur arriver le lendemain.
Si le niveau de la Garonne monte à nouveau et que les pouvoirs publics considèrent qu’il y a danger imminent, ceux qui vivent au bord du canal devraient être abrités dans un gymnase. Mais pour le moment, Mirela et ses voisins s’apprêtent à passer une nouvelle nuit dans un hall d’immeuble.