La hausse des prix des biens de première nécessité pousse de plus en plus de personnes à franchir la porte du Crédit municipal à Toulouse. Leur objectif : obtenir de l'argent liquide en échange d'un bien de valeur qu'ils pourront venir récupérer.
Baisse du pouvoir d'achat, augmentation du prix de l'énergie et des produits de première nécessité, augmentation des taux d'intérêt... le contexte économique a beaucoup évolué en quelques mois. Dans ce contexte, le prêt sur gage, autrefois appelé le Mont de piété où l'on "mettait au clou" des objets de valeur en échange d'argent, revient en force.
C'est le Crédit municipal, un établissement public qui gère ces transactions. Il propose des prêts à des taux avantageux en échange d'un objet que la personne peut venir récupérer quand elle a les moyens de rembourser.
A Toulouse, environ 80 personnes se présentent chaque jour au Crédit municipal. En ce moment, la fréquentation est en augmentation. "Pendant la crise sanitaire, les gens ont été aidés, donc ils ont pu s'en sortir, explique Franck Paindessous, directeur du Crédit municipal de la ville. Mais avec l'augmentation des prix, nous constatons un regain d'activité et une hausse de 10 à 15% de la demande par rapport à une période classique. C'est beaucoup !".
L'établissement réorganise ses services afin de recevoir cette clientèle supplémentaire. "C'est très récent et lié à la guerre en Ukraine, à l'augmentation des prix des matières premières, poursuit le responsable du Crédit municipal. Les gens ont besoin d'être aidés. Ils viennent pour des fins de mois difficiles, une facture à payer, une dépense de santé".
Des bijoux, des montres...
A titre de garantie pour l'argent prêté, les gens déposent un objet de valeur. "Ce sont à 90% des objets en or, précise Franck Paindessous, des bijoux, des montres, des petits objets en bronze par exemple. Mais ça peut être aussi des objets plus divers comme des tableaux ou des sculptures. On accepte tout ce qui a de la valeur hormis des objets trop volumineux".
"Bien sûr tout le monde n'a pas à disposition de tels objets. Ceux qui n'en disposent pas sont plutôt orientés vers l'aide sociale. Souvent les personnes qui viennent rencontrent une difficulté ponctuelle. Elles récupèrent leurs objets et nous, les sommes prêtées. En règle générale, ça tourne beaucoup".
6 000 prêts ont été concédés depuis le début de l'année, environ quatre millions d'euros. Le prêt moyen tourne autour de 500 euros. Le Crédit municipal n'a pas vocation à spéculer. Il s'agit d'un établissement public destiné à venir en aide aux personnes qui traversent un moment difficile, précise son directeur qui parle de "dépannage".
L'établissement anticipe les mois à venir et prévoit un budget supplémentaire de 3 à 4 millions d'euros pour faire face à cette nouvelle crise.