Toulouse : pharmacies débordées, vers un risque de pénurie de vaccins contre la grippe

Une semaine après le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, c'est le rush dans les pharmacies, surtout par crainte d'une double infection avec le Covid-19. Même si c'est un peu tôt, certains pharmaciens alertent sur un risque de pénurie de vaccins.

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La campagne 2020 de vaccination contre la grippe saisonnière a été lancée le mardi 13 octobre dernier.
Depuis lors, c'est le rush dans les pharmacies, surtout par crainte d'une double infection avec le Covid-19.
Comme chaque année la Sécurité Sociale a adressé des bons de prise en charge au public prioritaire : personnes âgées de plus de 65 ans, patients souffrant de troubles cardiaques, pulmonaires, de diabète ou d'autres affections de longue durée.
Du coup, même s'il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions sur la suite de la campagne, certains pharmaciens alertent déjà sur un risque de pénurie de vaccins.

Il n'est pas toujours facile d'expliquer sereinement aux personnes considérées comme non éligibles à la vaccination antigrippale qu'ils ne sont pas prioritaires, notamment parce que les stocks disponibles sont limités : +7,6 % de doses produites, vu la demande sur le terrain, on ne sera pas au rendez-vous pour nos patients …et ce dès la semaine prochaine.

Communiqué du réseau pharmacies Lafayette

A cause de la pandémie mondiale de Covid-19, le contexte est - il est vrai - particulier cette année :
  • il y a tous ceux qui craignent une double infection, par le Coronavirus et le virus de la grippe saisonnière simultanément
  • et ceux qui manifestent une autre crainte : celle que certains cas de grippe ou de Covid soient confondus par erreur, car les premiers symptômes des deux affections se ressemblent.
De plus les autorités sanitaires ont décidé de réserver en priorité les premières semaines de la campagne de vaccination aux personnes bénéficiant de bons de prise en charge.
Du coup l'impatience - et donc l'inquiétude - gagne le public considéré comme non prioritaire, contraint de patienter - sans-doute jusqu'à la fin novembre - et qui se pose légitimement des questions sur les raisons de cette attente.

Des livraisons en plusieurs fois

Dans le même temps l'afflux des demandeurs de vaccins dans les pharmacies a pu entraîner une rupture de stock dans certaines officines.
A cela une 1ère raison simple : les doses devant se conserver au froid et ayant un courte période d'efficacité, les livraisons par les laboratoires se font la plupart du temps en 2 fois, et même souvent en 3.
L'augmentation de leur fréquentation tient aussi à un autre paramètre encore nouveau : en expérimentation depuis 2018 en Occitanie, comme dans 4 autres régions, la vaccination pratiquée dans les pharmacies - et chez les infirmières libérales - a été étendue à toute la France l'année dernière.
Dans les faits une 2ème vague de livraisons dans les pharmacies est attendue la semaine prochaine, et une 3ème vers la mi-novembre.

Il n'est pas raisonnable d'affoler les gens. Certes, du fait du battage médiatique autour du lancement de la campagne, 3 millions de vaccinations ont été effectuées les 1ers jours : c'est plus tôt que le pic habituel, qui a lieu fin octobre-début novembre avec les premiers froids. C'est un décalage dans le temps, pas une pénurie, pour le moment.

Jean-Marie Guillermin, vice-président de l'Ordre des pharmaciens de Midi-Pyrénées

La France a déjà connu une pénurie de doses de vaccins contre la grippe saisonnière : c'était en 2018.
Cette année-là il avait fallu en importer des centaines de milliers venues d'Espagne; l'hiver, plus clément de l'autre côté des Pyrénées, y avait sans doute diminué la propagation de l'épidémie.
"Il faut espérer que nous ne connaîtrons pas la même situation cette année : compte tenu de la pandémie mondiale de Covid-19, chaque pays risque de vouloir conserver jalousement ses stocks de vaccins, et en 1er lieu nos voisins les Espagnols", analyse Jean-Marie Guillermin.

Voir le bon côté

Cependant ce démarrage en trombre de la campagne 2020 a un bon côté d'un point de vue de santé publique.

Jusqu'à présent, on ne comptait qu'à peine 50% de bénéficiaires des bons de prise en charge de la Sécurité Sociale, venantt effectivement se faire vacciner. On en attend au moins 60% cette année : la contagion ne passera pas par eux, et c'est une bonne chose.

Philippe Vergnes, président du syndicat de pharmaciens FSPF en Midi-Pyrénées

Reste en suspens la question du nombre de doses de vaccin effectivement distribuées dans le pays :
  • les commandes se font au mois de février pour l'automne suivant, en se basant sur le virus en train de se diffuser dans les pays de l'hémisphère sud
  • à l'époque on voyait tout juste poindre l'épidémie de Covid-19 et personne n'avait anticipé l'ampleur qu'elle allait prendre dans l'Hexagone
  • nombre de pharmacies avaient pré-commandé 30% de doses de plus qu'en 2019 ; l'Etat avait annoncé passer commande de 20% de plus auprès des laboratoires pharmaceutiques : l'a-t-il vraiment fait ?
  • il y a 15 millions de bénéficiaires des bons de prise en charge en France, et sensiblement le même nombre de doses de vaccins : combien en restera-t-il pour le public non-prioritaire qui veut se faire vacciner ?
Cependant cette gestion est complexe : les chiffres des besoins, des commandes de doses, et de leur utilisation effective, peuvent s'avérer extrêmement disparates d'une année sur l'autre.
En 2019, à la fin de l'épidémie de grippe saisonnière, il avait fallu jeter à la poubelle 600 000 vaccins non-utilisés.
 
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