Toulouse : témoignage d'un policier qui se dit "lâché et désabusé"

Il est policier à Toulouse dans les quartiers difficiles depuis plusieurs années. Le malaise de sa profession, il le vit tous les jours. Il y a la violence de son quotidien, les critiques, de plus en plus nombreuses et les paroles décevantes du Ministre de l'intérieur. Trop c'est trop.

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Nous l'appellerons Maxime. Il est policier depuis 1991, à l'époque il n'avait pas encore 20 ans. Il a été muté à Toulouse en 2004. En 2012, il a vécu l'affaire Merah et a escorté des policiers du RAID. Les années passant, il a vu les tensions se multiplier, la violence exploser. Quand on lui parle d'aujourd'hui, il s'interrompt et lâche que les policiers vivent des moments très difficiles.

Il a accepté de témoigner, de parler de son métier et du malaise des policiers.

De policier auxiliaire, aux quartiers difficiles

En 1991 Maxime fait partie du 1er contingent de policiers auxiliaires. Des appelés ayant choisi d'effectuer leur service national comme auxiliaire dans la Police nationale. Il débute sa carrière à Paris, avant d'être muté à Toulouse en 2004. Il arrive au lendemain de l'affaire Havrin. L'ancien patron de la police toulousaine vient d'être renvoyé par Nicolas Sarkozy pour avoir défendu la police de proximité. Un tournant dans les relations entre la police et les habitants des quartiers sensibles.

"Nous avons vu la violence exploser"

Pour Maxime, depuis plusieurs années le quotidien des policiers s'est considérablement dégradé. Le niveau de violence auquel ils sont confrontés ne fait que monter. Les missions s'accumulent : gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites, surveillance du confinement.

Aujourd'hui, c'est l'affrontement direct. Est-ce-que les gens sont à bout ? je ne sais pas, mais c'est tout de suite l'affrontement. Je suis même favorable à la caméra ; en voyant ce que nous vivons, j'ai l'impression que les gens comprendraient mieux les situations auxquelles nous sommes confrontés.

Quand vous entendez dans les manifestations "suicidez vous", "suicidez vous", c'est terrible.

 

Maxime, policier

L'abandon de Castaner

Après les manifestations contre les violences policières, l’Elysée a demandé à Christophe Castaner de prendre des mesures pour améliorer la déontologie des forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur a alors annoncé l’interdiction de la « clé d’étranglement » et des suspensions en cas de « soupçon avéré de racisme », déclenchant la colère des policiers.

On a été lâché. C'est du jamais vu de la part d'un ministre de l'intérieur. On attend une réponse politique à nos problèmes depuis plusieurs années. Alors l'entendre dire ça, ça a été une vraie douche froide. On est vraiment désabusé.

Maxime, policier

L'absence de réponse pénale

Maxime comme beaucoup de ses collègues attend un signal fort de la Justice. Il estime que les contrôles judiciaires n'inquiètent personne. Le policier précise que la réponse pénale est indispensable, sinon les individus qui enfreignent la loi n'ont pas de raison de s'arrêter. Ils le vivent sur le terrain : personne n'a peur des magistrats.

 

"Ne dis pas à tes copains que je suis policier"

Etre policier aujourd'hui, cela a des impacts sur toute la famille. Maxime est père de famille, il a deux filles.

Je leur ai demandé de ne pas dire que leur papa était policier. Elles savent très bien que si ça se sait, elles vont se faire insulter. Se faire traîter de "poucave", celui qui dénonce. Dans les carnets de correspondance des enfants de policier, à "profession du père" il n'y a jamais écrit "policier", on met plutôt "fonctionnaire" ou "agent de sécurité".

Maxime, policier

En mars 2012, lorsqu'il escorte un homme du RAID blessé par Mohammed Merah, le policier se confie à lui : "le jeu n'en vaut pas la chandelle". Des mots que Maxime n'a jamais oublié. Et qui retentissent encore plus aujourd'hui.

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