Dans un communiqué, le Groupement Pour la Défense du travail Social (GPS) nous interpelle sur ce constat macabre : trois hommes ont été retrouvés morts dans la rue, sur un parking ou encore sous le pont où ils dormaient et dans une totale indifférence.
Entre le 4 et le 14 novembre 2019, trois personnes sont décédées dans les rues de Toulouse.
Trois hommes âgés de 32 à 50 ans, morts durant la nuit passée dehors.
Jacques avait 45 ans, il dormait dans une cabane en bois route de Revel, son corps a été découvert le 4 novembre.
Zhulien, ressortissant de l'Union européenne avait 50 ans, amputé des deux jambes, il a été retrouvé le 8 novembre sur son fauteuil roulant, au bord du canal.
Nicolas, 32 ans a été trouvé sans vie sous un pont près de la médiathèque Marengo. Il avait été employé au pôle technique de la mairie de Toulouse comme maçon.
Depuis un an, suite à des problèmes de santé, il n'occupait plus ses fonctions et avait été mis en disponibilité.
Joint par téléphone, Daniel Rougé, en charge de la Solidarité et des Relations avec les acteurs sociaux à la mairie de Toulouse, nous informe que Nicolas n'avait pas fait de demande récente d'hébergement et "qu'il avait fait le souhait d'une vie libre et sans contrainte".
Les trois hommes étaient suivis par les équipes médico-sociales du SIAO (service intégré d'accueil et d'orientation) lors des maraudes organisées quotidiennement.
Selon la mairie, 25% des 767 personnes sans-abri à Toulouse ne demandent pas d'hébergement car elles sont trop marginalisées.
Un manque de places
Selon les travailleurs sociaux du GPS (Groupement Pour la défense du travail Social), 315 places sont disponibles en hébergement d'urgence à Toulouse pour les hommes isolés.Malgré la création de 50 places supplémentaires en deux ans, 44% des demandes d'hébergement n'aboutiraient pas.
Chaque jour, 40 hommes isolés appelant le 115 n'obtiennent pas de place pour passer la nuit à l'abri.
Les femmes isolées sont elles aussi fragilisées par des demandes non abouties au 115.
176 places sont disponibles aux femmes seules sur l'agglomération toulousaine.
Par jour, 20 à 30 femmes n'obtiendraient pas d'abri.
Le 115 inaccessible
L'association rappelle que le 115, le numéro d'urgence du Samu social est saturé et injoignable.Les demandes d'hébergement ont augmenté de 13% par rapport à 2017, ce qui représenterait 11.315 personnes différentes.
En 2018, 95% des appels ont été rejetés faute de moyens. Au-delà de 4 appels en attente la ligne est coupée.
Beaucoup de personnes se résignent et n'appellent plus le 115.
Le plan hivernal, dispositif mis en place par les services de l'Etat du 1er novembre au 31 mars de l'année suivante, pour mettre à l'abri les personnes à la rue, ne répondrait pas à l'urgence de la situation. L'ouverture des gymnases de la ville aux sans-abri permet une prise en charge quantitative quand le thermomètre dégringole, mais surement pas qualitative, explique le GPS. A ce jour, ils ne sont toujours pas ouverts.
Vincent est militant au GPS :
Les critères d'obtention de places en hébergement d'urgence sont stricts pour les familles. L'association dénonce une "politique de l'hébergement déshumanisée, une politique sociale du chiffre qui laisse une grande partie de la population SDF sur le carreau, notamment les bébés de plus de 6 mois et les femmes enceintes de moins de 8 mois".Rien ne se met en place au 1er novembre, passer la nuit dehors dans Toulouse c'est une mise en danger immédiate.
Ouverture d'un gymnase le 15 décembre
De son côté la préfecture de la Haute-Garonne assure que l'équipe d'écoutants du 115 sera renforcée et qu'elle mobilise des équipes de rue pour assurer 2 à 4 maraudes quotidiennes.La mairie de Toulouse ouvrira dès le 15 décembre prochain, un gymnase dans l'agglomération qui pourra accueillir une centaine de personnes sans-abri, surtout des homme isolés et quelques familles.
Une mise à l'abri hivernale accessible depuis le 115, par le biais des associations ou directement à l'adresse (non communiquée à ce jour).
En cas de pic de grand froid (une température à -2° et deux nuits successives), un gymnase supplémentaire sera ouvert.
L'association Coeur de ville est une plateforme toulousaine mettant en relation les gens de la rue et les associations d'aide et permet de trouver les informations pratiques pour se loger, se nourrir ou encore se déplacer.