Elle s'appelait Louise de Quengo et son corps a été découvert à Rennes dans un état exceptionnel. Un médecin toulousain est allé "de surprise en surprise" en autopsiant sa dépouille étonnamment bien conservée
Un cercueil en plomb abritant le corps exceptionnellement bien conservé d'une noble dame du XVIIe siècle, vêtue d'un costume complet de religieuse, a été mis au jour lors de fouilles archéologiques préventives au couvent des Jacobins de Rennes, futur centre des congrès de la ville.
La dépouille d'1,45 m enfermée dans le sarcophage, découvert en mars 2014 dans la chapelle Saint-Joseph du couvent, est probablement celle de Louise de Quengo, une veuve de la haute noblesse bretonne, morte en 1656 à plus de 60 ans.
Le sarcophage de Louise a réservé des surprises aux archéologues : "On a tout de suite vu qu'il y avait beaucoup de volume, des tissus, des chaussures", raconte Rozenn Colleter, archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Et, sous la cape de la dame, "on a pu distinguer des mains qui tenaient un crucifix".
Après avoir passé un premier scanner près de Rennes, le corps est expédié rapidement - pour éviter la reprise de la putréfaction - au CHU et à l'institut médico-légal de Toulouse, où il subit un deuxième scanner et est autopsié.
"Avec Louise, on est allés de surprise en surprise", a expliqué Fabrice Dedouit, radiologue et médecin-légiste à Toulouse. Les examens révèlent ainsi les "calculs rénaux importants" et les "adhérences pulmonaires" de la défunte, l'absence de son coeur - prélevé "avec une réelle maîtrise de la pratique chirurgicale" - et, surtout, des restes "de méninges, de matière cérébrale". Des organes et des matières molles qui permettront notamment "d'interroger l'évolution des micro-organismes, comme celui de la tuberculose, du XVIIe à nos jours", souligne l'Inrap.
Les vêtements que portaient Louise de Quengo lors de son ensevelissement, détériorés par les sucs de putréfaction, ont pu être restaurés et devraient être exposés prochainement au public.
La veuve, qui avait probablement choisi de finir ses jours au couvent comme il était d'usage alors, portait une tenue sans fioritures. "Loin des froufrous de
Mme de Sévigné", comme le souligne Françoise Berretrot, conservatrice au musée de Bretagne, elle était enveloppée dans une cape, une robe de bure, une chemise en toile, avec aux pieds des mules à semelle de liège et des chausses en laine. Un suaire recouvrait son visage, deux bonnets et une coiffe couvraient sa tête.
D'ici quelques mois, son corps sera de nouveau inhumé à Rennes, mais au cimetière du Nord. "On a fait le maximum d'échantillonnages qui peuvent servir à l'avenir, on ne peut pas garder le corps, ce n'est pas une momie, ce n'est pas Ramsès, il faut le laisser tranquille", explique Rozenn Colleter.
Conformément aux us de l'époque, le coeur de Louise de Quengo - prélevé par les barbiers du XVIIe siècle - a sans doute rejoint le corps de son mari, selon l'archéologue.