L’association La Cimade a organisé ce lundi à Toulouse la deuxième édition des Charter Awards à Toulouse. Cette cérémonie vise à dénoncer les pratiques "illégales ou abusives" envers les étrangers placés dans les centres de rétention de la région Occitanie.
Dénoncer sous l’angle de l'absurde et de l’humour grinçant. Voilà l’objectif de l’association Cimade avec sa cérémonie des Charter Awards.
Après une première en 2016, la seconde édition était organisée ce lundi au théâtre du Grand Rond à Toulouse devant plus de cent personnes. Elle vise à dénoncer les pratiques préfectorales observées dans les centres de rétention sous forme de remise de prix ironique.
Dénoncer les pratiques abusives
Avec des titres flatteurs tels que "Un certain regard" ou "Au revoir les enfants", ces prix dénoncent en réalité des pratiques bien moins reluisantes à l'égard des migrants et des personnes étrangères dans les centres de rétention.
Ces derniers accueillent les étrangers faisant l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente d'un renvoi forcé. Avec cette cérémonie, l’association pointe du doigt les pratiques “illégales et abusives” observées cette année dans les centres de la région Occitanie.
Des exemples concrets
Pour dénoncer les pratiques préfectorales, l'association s'appuie sur des histoires concrètes, vécues par des personnes étrangères sur le sol français. Par exemple, la préfecture de Haute-Garonne récolte le prix "Un jour sans fin" pour sa gestion du cas d'Ayoub, un ressortissant tunisien. Malgré des libérations successives par les juges des libertés et de la détention, il a été placé 9 fois en centre de rétention depuis 2018. Arrivé mineur en France, il a fait plusieurs tentatives de pendaison pendant ces différentes rétentions. L'association critique : "Plutôt que de le régulariser, lui permettre de mener une vie normale et de s’intégrer en France, la préfecture persiste et signe à tout-va des arrêtés de placement en rétention administrative."
Selon Alban Demery, intervenant juridique de la Cimade au centre de rétention de Cornebarrieu (Haute-Garonne) : "Il y a toujours des pratiques des préfectures qui ne respectent pas du tout les droits les plus élémentaires des personnes. Que ce soit au niveau de la santé, de la famille".
Enfermement en rétention de mineurs, expulsion de personnes gravement malades, expulsion vers des pays en guerre, enfermement de ressortissants Français ou de personnes en situation régulière… Les cas de pratiques abusives sont nombreux selon l'association.
Au total, cinq prix ont été remis par le comédien et chef de chœur Lucas Lemauff durant la cérémonie. Parmi lesquels "Au revoir les enfants" décerné à la préfecture de la Haute-Garonne pour "une expulsion ayant pour conséquence la séparation" ou le prix "Hippocrate", dénonçant la non-prise en charge des problèmes de santé dans les centres de rétention de l’Hérault.
Cette cérémonie vise à éveiller les consciences avant une probable nouvelle loi immigration, souhaitée par le gouvernement pour le début de l'année prochaine. "Il n'y a plus du tout de prise en compte de l'humanité des personnes dans les décisions des préfectures", estime Alban Damery.
Une cérémonie nationale des Charter Awards aura lieu à Paris le mercredi 27 novembre.