Une galerie toulousaine a annulé l'exposition d'une artiste nantaise qui détourne l'image de la Vierge, en raison de menaces venant de groupes ultra-catholiques. L'artiste, elle, défend sa liberté d'expression et s'inquiète de ces dérives sectaires.
La galerie Alain Daudet de Toulouse a décidé de retirer de son catalogue et de ce lieu d'exposition les oeuvres de Souazig Chamaillard, qui détourne l'image de la Vierge Marie. Selon le responsable de la galerie, située dans le quartier Saint-Etienne à Toulouse, ce sont des "menaces", de vives réactions émanant de personnes choquées par ces oeuvres qui l'ont conduit à mettre fin à cette exposition.C'est la première fois que mes oeuvres sont retirées d'une galerie (...) C'est un travail d'artiste, je n'ai en aucune façon la volonté de choquer"
Pour l'artiste nantaise Souazig Chamaillard, jointe par France3 Midi-Pyrénées, ses oeuvres n'ont pas vocation à choquer. Son travail a débuté lorsque son père lui a offert une statue cassée de la Vierge. Estimant que l'image pieuse était ainsi transformée, elle a orienté son travail d'artiste vers le détournemen de la Vierge pour la confronter à des univers souvent masculins : les superhéros, les mangas.
La Vierge moustachue : "C'est un clin d'oeil au collectif féministe La Barbe", indique-t-elle. Les deux vierges qui s'embrassent : "Un soutien à la communauté homosexuelle".
Les oeuvres de Soizig Chamaillard se vendent entre 300 et 6000 euros. Elles ont déjà suscité de vives réactions d'opposition, lors d'expositions à Paris ou à Nantes. Mais c'est la première fois, selon elle, qu'une galerie décide de les retirer sous la pression de gens qui pour elle "sont des intégristes qui ne représentent pas la communauté catholique".
Bizarrement, le site internet de la galerie toulousain affichait toujours les sculptures de Soisig Chamaillard sur son site internet ce jeudi 4 juillet.
Pas une première à Toulouse
Dans un contexte tendu lié à la loi sur le mariage pour tous, Toulouse vit, à travers ce nouvel épisode, une deuxième "censure" après les menaces proférées contre une autre galerie qui exposait des "madones" dénudées. Pour les tenants de la liberté d'expression, la religion est désormais l'un des derniers "bastions" où les artistes sont en permanence taxés de racolage ou vilipendés, menacés.EN VIDEO : le reportage d'Amélie Poisson et Virginie Beaulieu