L'artiste projette actuellement son univers sur le mur extérieur d'un boulodrome du quartier des Minimes. Une oeuvre gigantesque de 390 mètres carrés.
La rue porte le nom des Anges. Mais ce sont plutôt des monstres que 100Taur peint actuellement sur le mur extérieur d'un boulodrome municipal donnant sur cette petite artère du quartier des Minimes. Les monstres qui constituent son univers, celui d'un artiste singulier, passionné par le milieu aquatique et la nature où il puise son inspiration. Et cette fois, le tableau qui s'offre à lui est gigantesque : 65 mètres de long sur 6 de haut. Plus de 300 mètres carrés pour exprimer son talent. Du jamais vu à Toulouse.Quand on peint dans la rue, le rapport avec le public est direct. "C'est magnifique" s'exclame une riveraine passant devant ce qui n'est encore qu'un chantier. Work in progress. L'artiste, assisté de Pierre et Franck, est au travail. La passante échange quelques mots avec 100Taur, en train de donner vie à une gigantesque limace orange. "La limace c'est mon gimmick, c'est un peu grâce à elle qu'on me reconnaît". Les boulistes qui pointent leur nez de temps à autre par la porte ouverte du boulodrome ont l'air un peu plus dubitatifs. Pétanque et graff, deux mondes qui se croisent. La fresque sera surtout peuplée d'animaux mais mon petit doigt me dit qu'il y aura aussi une référence en clin d'oeil aux occupants du lieu et à leur discipline préférée !
100Taur, alias Nicolas Giraud (et inversement), a répondu à une commande de la ville de Toulouse. Il a eu carte blanche. "Je travaille à l'atelier sur des petits formats, explique-t-il. Ensuite sur ordinateur et puis quand la nuit tombe, nous projetons les images sur le mur pour peindre les contours avant de faire les remplissages. Ce qui est vraiment intéressant c'est que l'oeuvre évolue chaque jour, je m'adapte. Même si le moindre détail est calculé, il y a toujours quelque chose à modifier, à ajouter".
Cet ancien des Beaux-Arts de Toulouse, qu'il a quitté au bout d'un an à la recherche de technique pure, s'est rapidement tourné vers le street-art. Il a créé son propre univers mais glisse aussi dans ce projet de nombreuses références artistiques : l'oeil avisé du spectateur pourra, à l'issue du chantier, retrouver le taureau de Picasso ou encore La Tentation de Saint-Antoine de Jérôme Bosch.
A ma façon, je rends hommage à certains artistes et ce qui est bien avec ce type d'oeuvre en extérieur, visible par tous les publics, c'est que chacun pourra en faire sa propre interprétation, voir un détail plutôt qu'un autre.
Année après année, le travail de 100Taur, reconnu internationalement, finit par l'être aussi dans sa ville, à Toulouse. Lui qui travaille à Saint-Orens-de-Gameville, a bénéficié d'une résidence au Musée des Augustins. L'une de ses oeuvres accueille le public au Muséum de Toulouse. Il a aussi travaillé pour les 800 ans de l'ordre des Dominicains, exécutant un immense portrait de Saint-Dominique sur un bâtiment du couvent de Rangueil.
Le travail sur site de 100Taur a débuté le 2 janvier sur cet immense mur du boulodrome. Il devrait s'achever à la fin du mois de janvier, en tenant compte des aléas météo. L'occasion pour les Toulousains, les amateurs d'art, les fans de street-art ou les simples curieux de passer découvrir en direct le travail de l'artiste. Rue des Anges, quartier des Minimes.