Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la coupe du monde au Qatar, le football amateur continue et doit faire face à des violences de plus en plus fréquentes. Un arbitre agressé à la mi-novembre a accepté de témoigner.
Il n'y avait pas d'arbitre ce week-end sur les terrains de football amateur du département de la Haute-Garonne. Pour protester contre la violence et les agressions de plus en plus fréquentes, les arbitres sont restés aux vestiaires. L'un d'eux a accepté de témoigner.
Insultes régulières
Cet arbitre officiel a préféré changer son nom pour des raisons évidentes de sécurité. Nous l'appellerons donc Pascal. Le 12 novembre, Pascal arbitrait un match de District 2 : Roques-Confluent contre Encausse. La rencontre avait lieu à Saubens.
"Dès la seconde minute du match, j'ai du siffler une faute pour un pied levé dangereux. Le jouer a pris un carton jaune. Et ça l'a passablement énervé. A partir de là, il m'a pris en grippe et n'a pas cessé de commettre des petites fautes, comme pour me provoquer, soutenu par le public qui proférait des injures à mon encontre comme sale arbitre de merde..."
Des menaces
Lorsque Roques-Confluent encaisse son premier but, les relations entre le joueur l'arbitre se dégradent : "J'ai du siffler plusieurs rappels à l'ordre contre ce joueur mais j'avais le sentiment que ce soutien du public le galvanisait".
En seconde mi-temps, après une nouvelle faute, Pascal sort son carton blanc, synonyme de 10 minutes d'exclusion : "le joueur n'a pas rejoint les vestiaires comme il devait le faire. Il s'est installé avec le public au bord du terrain et me traitait de "lopette". J'ai donc du prendre une nouvelle sanction et cette fois ça a été le carton rouge de l'exclusion définitive. A ce moment là, il a commencé à me menacer, me donnant RDV à la fin du match".
Une violente agression
Le joueur a malheureusement mis ses menaces à exécution. Au coup de sifflet final, Pascal reçoit un violent coup de poing au niveau de sa mâchoire, s'effondre et perd connaissance. A terre, il reçoit également un violent coup de pied.
"Je m'en sors avec un séjour à l'hôpital, une dent cassée, plusieurs contusions et 5 jours d'arrêt de travail. Je n'avais jamais subi autant de violence depuis mes débuts d'arbitre il y a 7 ans. J'ai le sentiment que la violence de notre société est en train de se diffuser dans le football amateur et que les agresseurs pensent agir en toute impunité. Il faut prendre des sanctions fortes contre ces gens-là."
Week-end sans arbitre
Pascal a porté plainte contre son agresseur. Il appréhende aujourd'hui de retourner sur les terrains. Pour le soutenir et dénoncer la multiplication des agressions d'arbitres, ses collègues du District de la Haute-Garonne ont décidé de faire la "grève de l'arbitrage ces 3 et 4 décembre".