Le Tribunal correctionnel de Toulouse (Haute-Garonne) condamne, mercredi 30 novembre 2022, l'ex amant de Sophia pour violence et appels malveillants. La diffusion massive et sans consentement de vidéos intimes avec la jeune femme toulousaine n'a pas été retenue contre lui .
Il n'a fallu qu'une petite dizaine de minutes au Tribunal correctionnel de Toulouse (Haute-Garonne) pour trancher l'affaire dont est victime Sophia. Son ex-petit ami, Stéphane Petit, 45 ans, est condamné à deux ans de prison dont une année avec sursis pour des faits de violence et d'appels malveillants.
Le chauffeur-livreur picard est en revanche relaxé pour les faits constituant le cœur de ce dossier : la diffusion massive et sans consentement sur les réseaux sociaux et sur des sites pornographiques de vidéos de leurs relations sexuelles.
Diffusion de vidéos antérieure à la loi de 2020
Lors de ses réquisitions, le parquet avait témoigné de son admiration face au courage de la jeune femme dans un dossier présenté comme "emblématique" de ce que peuvent subir les femmes. Mais le ministère public avait également souligné qu'elle se devait de réclamer la relaxe partielle concernant la diffusion des vidéos, pour une raison simple : les faits sont intervenus antérieurement à la loi de 2020. "La loi ne réprimait pas ces faits avant 2020. Je le déplore car ce sont les plus graves pour la victime."
Une décision que regrette également Sophia. "Sur ce sujet là, je trouve cela injuste mais c'est comme ça. La loi est arrivée après les faits. Pour le reste, je suis très contente et très troublée. C'est une page qui se tourne. Je n'ai pas attendu cette décision pour me reconstruire. Les faits datent de huit ans. Cela me fait du bien de me dire que j'ai été écoutée."
L'avocate de Stéphane Petit, Maître Marie-Hélène Pibouleau, déplore de son côté que la justice ait fait de son client "un exemple".
Les dénégations de Stéphane Petit
Durant tout son procès, Stéphane Petit n’a cessé de nier. Les faux comptes sur les réseaux sociaux permettant d’identifier sans difficulté la Toulousaine en l’associant à des termes dégradants ? Ce n’est pas lui.
Les 31 SMS envoyés en une heure à Sophia, lui réclamant de rembourser les 800 euros qu'il lui avait donné ? Impossible. La centaine d’appels insultants en une journée ? Une autre personne.
Les vidéos intimes de Sophia – au total 221 photos et 27 vidéos gardées chez sa mère - diffusées sur des plateformes pornographiques ? Il ne les a pas diffusées. La conversation enregistrée avec Sophia où il tient les propos suivants : "J’avais l’intention d’aller plus loin. J’avais l’intention de graver une centaine de dvd et de les diffuser à tes proches, tes amis et ton travail. J’avais prévu des trucs de chien. Ce n’est pas beau. Je voulais que tu payes autrement. Je voulais que tu sois virée. Je trouve injuste que tu sois avec quelqu’un d’autre et que tu sois heureuse. Cela voulait dire que tu voulais m’humilier." Le grand nombre de faux comptes qui permettent de l’identifier souvent avec des propos insultants ? Rien ne permet d’affirmer que c’est bien lui.
Malgré son sourire en arrivant dans la salle d’audience, l’homme de 45 ans, crâne rasé, barbe soignée, n’aura jamais réussi à convaincre. L’ancien champion de boxe ne cessera de se contredire.
"Vous affirmez ne pas vous être caché dans le hall de l’immeuble de Sophia en attendant qu’elle arrive. Mais lors de votre garde à vue, vous expliquez l’avoir prise par surprise. C’était un guet-apens" souligne la procureure de la République. Stéphane Petit ne peut refreiner un sourire et prendre un ton moqueur pour répondre au Parquet avant de se faire recadrer par la présidente.
Déjà condamné pour la diffusion de vidéos intimes
Outre son attitude à la barre, c’est son passé judiciaire qui a mis à mal ses dénégations. Stéphane Petit incapable de se comporter de la sorte avec Sophia ? Pourtant, le Picard a été condamné pour des faits similaires en 2022 par la cour d’appel d’Amiens. Celui qui se veut être un grand séducteur avait déjà diffusé des vidéos intimes de l’une de ses anciennes maitresses sans son consentement.
Sa version d’une possible manipulation de Sophia ne tiendra jamais la route face à un profil psychologique présenté "comme narcissique et potentiellement dangereux pour autrui en raison d’une importante tendance à la dissimulation et au mensonge utilitaire."
La présence à un mètre d’elle du responsable de l’acharnement et de la persécution dont elle a été victime durant 8 longues années, Sophia ne le supporte pas. Elle se sent mal. C’est son avocate, Maître Hélène Chayriugues, qui parle pour elle dans sa plaidoirie. Oui Stéphane Petit pouvait être à la fois "tendre et violent". Sophia était en effet "soumise et fascinée. Elle était sous l’emprise de Monsieur Petit." Elle eu pourtant le courage de déposer plainte pour viol à son encontre. Mais l’affaire fut classée faute de preuves.
Un préjudice social, professionnel, familial
Ses vidéos, Sophia a essayé de toutes les supprimer du net. En vain. Le préjudice de Sophia est social, sentimental, professionnel, physique mais aussi familial. Après la diffusion des vidéos, son père a coupé tous liens avec elle, jusqu’à son décès en 2017.
Voici le témoignage de Sophia accordé à Frédéric Fernandes et Jean-Luc Pigneux :
"Soit heureuse.Tes proches savent désormais qui tu es réellement. Je te hais" lui écrit un jour, un Stéphane Petit n’ayant plus aucune limite.
"Comme le définit Boris Cyrulnik, la Haine est une "prison du passée" dans laquelle est enfermé Stéphane Petit. Ma cliente, elle n’en a aucune" constate Maître Hélène Chayriugues.
Sophia a choisi un autre chemin. Celui de la reconstruction.