En marge de la finale de la coupe de France de football remportée, le 29 avril 2023, par le TFC, l'assistant parlementaire d'Aurélie Trouvé (La France Insoumise) a été agressé par des hooligans néonazis parisiens et toulousains. Avant le match, il filmait des agressions racistes dans le métro. Selon nos informations, l'un des suspects habite Albi dans le Tarn.
Le journal Le Parisien a révélé les faits. Un attaché parlementaire d’AurélieTrouvé (députée LFI) a été passé à tabac, le samedi 29 avril, par des ultras toulousains avant la finale de Coupe de France opposant au Stade de France (Paris) le FC Nantes au TFC. Selon nos confrères StreetPress, il s'agirait surtout d'hooligans d’extrême droite.
"La France aux Français"
"Il est environ 17 heures, lorsque le Centre de coordination opérationnelle de sûreté(CCOS) de la Brigade des réseaux franciliens (BRF) repère, grâce aux caméras de vidéoprotection de la RATP, l’étrange cheminement d’un groupe d’environ 80 ultras, selon toute vraisemblance toulousains, dans les couloirs du métro. Ils déambulent le long du couloir reliant la station La Chapelle, de la ligne 2 du métro, à la gare du Nord à Paris" comme le rapporte le Parisien.
D'après le site d'information en ligne StreetPress, "le groupe fait du bruit, tape sur le métro en criant : "La Garonne est violente." Les supporters prennent le tunnel qui mène du métro à la gare du Nord et son RER. Dans les escaliers, la victime voit une première altercation avec "le vendeur de cigarettes à la sauvette". Les hools chantent ensuite sur l’escalator : "La France aux Français ! "
Le jeune homme attaché parlementaire d'une députée LFI n'est pas à Paris spécialement pour la finale mais plutôt pour distribuer des tracts incitant les supporters à faire du bruit à la 49e minute, en référence au 49.3 utilisé par le gouvernement pour faire passer sa réforme des retraites tant contestée. Tentant de filmer ces agressions, il finit par être repéré par l'un des hooligans. Le groupe l’aurait alors roué de coups.
Frappé à la tête, au visage et dans le dos, la victime est conduite à l'hôpital
Toujours selon le journal StreetPress, "il subit une sorte d’amnésie traumatique... et se réveille dans les toilettes du hall principal de la gare, sans savoir comment il a marché jusque-là."
Un témoin affirme qu'il saignait beaucoup. Les sapeurs-pompiers décident de la transporter à l’hôpital Lariboisière, où il subit plusieurs examens qui révèleront une plaie au cuir chevelu, un hématome maxillaire droit et péri-orbitaire bilatéral, ainsi qu’une lésion à la lèvre supérieure et à la langue.
Le 30 avril, au lendemain de la finale, il décide de se rendre au commissariat pour porter plainte. On lui apprend que d'autres personnes ont subi le même sort et transportées à l'hôpital. Dans sa plainte, il dénombre trois à cinq personnes, qu'il suspecte de lui avoir infligé des coups.
Des personnes de la région dans le collimateur
En regardant les images de vidéosurveillance, certains visages ne lui sont pas inconnus.
L'une des personnes qu'il suspecte porte de nombreux tatouages néo-nazis et réalisant un salut de Kühnen avec le bras et trois doigts tendus, n'est pas un inconnu dans le milieu des supporters.
La "CamSide Tolosa" est un groupe de hooligans toulousains né en 2008 qui compterait aujourd’hui une quinzaine de membres actifs. Antonin V. militant antifasciste d'Albi et membre des Ultras des Girondins de Bordeaux connaît bien ce groupe. "CamSide Tolosa est un groupe de hooligans comme Jeunesse Boulogne. Ce sont des groupes de tribunes inscrits auprès du club de foot. Ils n'hésitent pas à provoquer et agresser les supporters adverses et font régner la terreur auprès des antifascistes comme moi".
Un des suspects serait proche de la CamSide Tolosa
Parmi les personnes qu'il suspecte de l'avoir agressé, l'attaché parlementaire a identifié un homme lié à ce mouvement. Le journal StreetPress évoque "un Toulousain, infirmier dans un grand groupe de maisons de retraite, et membre du groupe d’extrême droite Toulouse Offender, qui a été un temps "l’équipe jeune" de la CamSide Tolosa." Selon nos informations, cet homme n'est plus Toulousain mais s'est installé depuis plusieurs mois à Albi, dans le département voisin.
"Je connais bien cet infirmier d'Albi. Il m'a même agressé lors d'un concert, affirme Antonin V. Lui et ses amis de CamSide Tolosa sont assez proches des ex-Indians de Toulouse qui s'appellent désormais NVDRS (INVADERS : les envahisseurs). Officiellement, les Indians ont fait le ménage il y a 2-3 ans parmi leurs supporters après les insultes et agressions proférées auprès du gardien de but de Rodez parce qu'il était noir. Mais dans les faits, il y a toujours des accointances avec le hooliganisme et l'extrême-droite. Plusieurs d'entre eux étaient au Stade de France. Pour ces personnes, dont celles soupçonnées d'avoir agressé l'attaché parlementaire, une garde à vue, une dent cassée chez un adversaire sont autant de trophées" indique Antonin V.
Tensions croissantes entre extrême-droite et extrême-gauche
Les soupçons concernant la participation de l'albigeois à l'agression de ce collaborateur politique font écho à la situation au sein de la préfecture tarnaise. Depuis plusieurs mois, le groupuscule identitaire, Patria Albiges (dont il n'est pas membre mais proche), y fait régulièrement parler de lui. Ses membres, à peine 5 individus selon les services préfectoraux, sont néanmoins très actifs. A l'origine notamment des protestations contre la venue du rappeur Médine, ils n'hésitent pas à faire le coup de poing à la moindre occasion. En avril, leur porte-parole a été condamné à huit mois de prison avec sursis probatoire de deux ans pour avoir violemment attaqué deux étudiants CGT de l'université Champollion d'Albi (Tarn).
Le phénomène n'est pas nouveau à Toulouse et sa région. Durant plusieurs années, les tensions entre extrême gauche et extrême droite y étaient récurrentes. En 2012, plusieurs membres de la mouvance du Bloc Identitaire avaient frappé un étudiant chilien. La victime, hospitalisée dans un état critique à l'époque des faits, garde encore aujourd'hui des séquelles de cet accident.
Concernant les faits à Paris du samedi 29 avril, une enquête a été ouverte. Selon Le Parisien, elle aurait été confiée à la Sûreté régionale des Transports (SRT) – un service qui enquête sur les crimes et délits commis dans les transports en commun.