"Vocabulaire de l'Inquisition !" : un député fustige l'Archevêque de Toulouse pour ses déclarations sur un spectacle jugé "satanique"

Le deuxième opus de l'opéra urbain de la Halle de la Machine à Toulouse est annoncé du 25 au 27 octobre. Il n'est pas du goût de l'archevêque de Toulouse Mgr Guy de Kerimel, qui y voit des symboles sataniques et ésotériques. Ce qui a fait réagir les politiques de la région toulousaine comme le député LFI de la Haute-Garonne Hadrien Clouet.

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Si tout le monde connaît le nouvel opus de l'opéra urbain de la Halle de la Machine intitulé "Le gardien des ténèbres", France 3 Occitanie était le premier média à vous informer de la polémique soulevée par l'archevêque de Toulouse. Mgr Guy de Kerimel y voit des symboles sataniques et ésotériques et prépare une messe pour Toulouse le 16 octobre.

Paris vaut bien une messe, Toulouse une consécration

Le retour d’Astérion le Minotaure et d’Ariane la Grande Araignée, rejoints par Lilith, la Gardienne des Ténèbres ne sera pas passé inaperçu. Dans cette lettre en date du 16 septembre 2024 adressée aux curés du diocèse de Toulouse, Monseigneur Guy de Kerimel, annonce son intention de consacrer la Ville rose, "le meilleur moyen de repousser les ténèbres." Rien que ça.

Si le premier opus faisait référence à l'Antiquité, le second se passe plutôt au Moyen-Age. Le député LFI de la Haute-Garonne Hadrien Clouet réagit en faisant référence à la même époque."Sataniste" : c’est ainsi que M. Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, a qualifié l’opéra populaire organisé par la Compagnie La Machine fin octobre dans notre ville. Connu pour ses positions réactionnaires lors de sa précédente charge à Grenoble, le voilà désormais muni du vocabulaire de l’Inquisition. Aurait-il confondu la ville rose et le Nom de la rose ?"

 "Paris vaut bien une messe" avait déclaré le futur duc de Sully en pleine guerre religieuse à la fin du XVIe siècle. Selon Guy de Kerimel, ce spectacle justifie une consécration pour la Ville rose.

Dans une interview "exclusive" donnée à La France Catholique, il s'en explique : "Quand on fait de l’enfer un spectacle divertissant, cela ne peut qu’être inquiétant pour un pasteur. D’abord, j’ai tout de suite trouvé que l’affiche du spectacle, avec toutes les églises en feu, était de très mauvais goût dans le contexte actuel, notamment après l’incendie de Saint-Omer… Je trouve cela très bien que la ville organise des manifestations populaires, c’est un bon moyen pour fraterniser, mais je pose la question : pourquoi l’enfer ? Pourquoi Lilith, ce démon féminin de Mésopotamie – dont la machine a été commandée par Hellfest en plus ?"

Selon l'évêque, il s'agit de gommer le passé chrétien de la France. "Comme avec le spectacle à Toulouse, on invoque des figures païennes, telles que le Minotaure, et on essaie d’effacer 2000 ans de catholicisme."

Des réactions de soutien

En 2018, pour la première partie de ce spectacle "Le gardien du temple", près d'un million de personnes avaient assisté aux déambulations du Minotaure dans les rues de Toulouse. Tous des païens à jeter au bûcher ?

Il ne faudrait pas revenir au temps des Croisades. Raymond VI comte de Toulouse avait alors fait preuve d'une tolérance jugée excessive envers ses nombreux sujets hérétiques. Plus de 800 ans plus tard, son successeur au Capitole a défendu le spectacle lors de sa présentation début octobre. "Je ne suis pas là pour promouvoir les références sataniques, avait déclaré Jean-Luc Moudenc le maire de Toulouse au micro de France 3 Occitanie. Je respecte l'expression qui a été celle de plusieurs autorités religieuses. C'est une sensibilité c'est une interprétation. Ce n'est pas la mienne. Quand il y a une œuvre artistique, il y a toujours des ressentis différents, des interprétations extrêmement variées. Ce spectacle n'échappe pas à ce classique du genre. C'est important de respecter toutes les interprétations, de dialoguer là-dessus." 

Attention tout de même, l'Église avait excommunié par deux fois Raymond VI et lui refusa même un enterrement selon le rite chrétien en 1222 !

Lors de cette conférence de presse, Jean-Luc Moudenc a aussi reparlé de l'affiche du spectacle "avec des illustrations qui ressemblent un peu aux cartes du tarot". L'auteur de ce visuel, Stéphan Muntaner a fait sa scolarité dans un établissement catholique. Interrogé par ActuToulouse, il ne comprend pas cette polémique. "Quand j’entends parler d’iconographie diabolique ou d’imaginaire satanique, j’ai l’impression d’être sous l’Inquisition ! Quelque part, ça me fait beaucoup rire, je me dis qu’on a réveillé des peurs d’un autre temps. Mais très sincèrement, je ne pensais pas du tout que mon affiche allait échauder l’Église. Les images de cette illustration ne sont pas vraiment provocantes. C’est un spectacle familial et je trouve ces interprétations surannées".

Du côté de la Cie de la Machine, son directeur artistique François Delarozière a déjà discuté du sujet avec les autorités religieuses. Tout le monde veut passer à autre chose. Place au spectacle entièrement gratuit qui se tiendra du 25 au 27 octobre 2024 à Toulouse. 

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