Le 18 juin 2013, des orages diluviens, ajoutés à la fonte de la neige abondante en montagne après un hiver particulièrement enneigé, entraînent de très graves inondations dans les Hautes-Pyrénées. Retour en images sur des lieux emblématiques, dix ans après le drame.
2013 reste une date très sombre pour Barèges et ses communes environnantes. Bilan humain : deux morts emportés par les flots. D’un point de vue matériel, les dégâts sont considérables. Les routes sont coupées et des centaines d’habitations et de commerces sont envahis par les flots et la boue, à Barèges, Luz-Saint-Sauveur, Cauterets, mais aussi à Lourdes où des hôtels et la Grotte se trouvent au bord du Gave.
Pendant des mois, des engins de chantiers vont réparer les routes et les berges des cours d’eau. Dix ans après ce triste évènement, la rédaction revient sur des lieux emblématiques qui ont souffert de ces inondations historiques. Reconstruction à l’identique ou changement de plans, ils ont sorti la tête de l’eau tant bien que mal.
Pour beaucoup, y compris le maire, ces inondations sont un souvenir douloureux. Au total, 6 millions d’euros ont été investis par la mairie pour reconstruire Barèges "et la rendre encore plus jolie", déclare Pascal Arribet (SE).
Camping de la Ribière
Le camping de la Ribière, situé sur la rive gauche du Gave, a été totalement détruit par la crue spectaculaire. Marjolaine Fourtine, directrice de l’établissement, explique comment ils ont pu faire face. "La partie basse du camping a été emportée par le torrent, tout a été rasé. " Pour éviter que cela ne se reproduise pas à l’avenir, une digue de 10 mètres a été construite, sur laquelle des emplacements et des chalets ont été installés. "On a tout reconstruit. Seul le bâtiment sanitaire est resté d’origine, explique Marjolaine avant de poursuivre. La nature sera toujours plus forte que nous, il faut donc que l'on s’adapte."
Le camping actuel est le résultat d’un important investissement de travaux. Pour ce renouveau, ils ont opté pour des chalets- construits à Albi - plus haut de gamme que les mobil homes qu’ils avaient. Pour attirer les clients, ils ont tous misé sur une vision différente du camping, en privilégiant la présence de biodiversité, mettant en valeur la convivialité.
Les thermes de Berzun
Les thermes, situés sur la rive droite du Gave, ont, eux aussi, été la proie de la crue. Au cœur de l’établissement, l’eau s’est plus qu’invité, créant une piscine de 4-5 mètres. "Toute la partie basse avec les bains a également été inondée. Tout a été détruit ", raconte Christophe Fabre, directeur des thermes. S'ensuivent deux ans de travaux qui s’élèvent à 550 000 euros, "pour pouvoir relancer l’attractivité de ce lieu".
Les thermes de Bezun traitent les rhumatismes et les troubles ORL. Après deux ans de reconstruction, le Covid s’invite et remonter la pente est un exercice physique permanent. Mais, Christophe Fabre n’en démord pas. "À leur création, les thermes traitaient les femmes et les enfants, et soignaient tout ce qui était gynécologie et dermatose. C’est là que m’est venue l’idée de s’orienter vers des soins pour le psoriasis et l’eczéma." Il a alors lancé une étude qui va durer deux ans, pour attirer davantage de curistes. "C’est un véritable atout pour Barèges de se lancer dans cette troisième orientation. Seulement dix établissements de France le proposent".
Lac vert contre les inondations
À quelques kilomètres de Lourdes, l’ancienne base nautique a, elle aussi, subit la crue. Plus de toboggan ni de baigneur, mais un promontoire subsiste pour embrasser du regard les neuf hectares du lac vert. Le site est désormais classé inconstructible et deux zones humides remplacent les bassins de la base de loisir. Une vaste étendue que le Gave peut dorénavant recouvrir, envahir et inonder, en cas de nouvelle montée des eaux majeure. "Forcément, on a de l'eau qui va venir se stocker, il va y avoir un effet frein et ces zones permettent aux enjeux que l'on a plus en aval de diminuer la pression de l'eau, explique Michael Sansas Technicien de rivière au Pays de Lourdes Vallée des Gaves (PLVG). Chaque endroit que l'on peut récupérer en zone d'expansion de crues participe à limiter les risques de montée des eaux sur certains secteurs."
Le site, placé quelques kilomètres avant Lourdes, doit préserver la cité mariale et sa célèbre grotte. Cette zone d'expansion ou de mobilité de la rivière réduit la montée des eaux, mais, le lac vert agit aussi en période de sécheresse. "Ce site va avoir une importance au niveau des crues. Il va pouvoir permettre aux crues de s’étaler, de dissiper son énergie avant d’arriver à la ville de Lourdes et de limiter les dégâts sur la commune. On est dans le cadre du fonctionnement naturel d’une rivière, et bien sûr, avec des zones humides qui pourront redonner de l’eau au Gave pour soutenir l’étiage, lors des périodes de sécheresse ", complète Jean-Luc Cazaux de la Fédération de pêche des Hautes-Pyrénées.