La préfecture des Hautes-Pyrénées a autorisé la chasse de 10 grands tétras pour la saison 2019/2020. Les associations écologiques contestent cette année encore cette chasse jugée illégale par les tribunaux administratifs.
La chasse au grand tétras oppose chaque année les écologistes et les chasseurs sur les départements de l'arc pyrénéen.
Ce vendredi 27 septembre à 18 heures, le préfet des Hautes-Pyrénées a publié un arrêté autorisant le prélèvement de 10 grands tétras à partir du 29 septembre jusqu'au 27 octobre.
Les associations France Nature Environnement (FNE) et Nature En Occitanie ont immédiatement saisi le juge des référés du tribunal administratif de Pau pour faire annuler cette décision préfectorale.
Durant la période la chasse se limite à 10 oiseaux, uniquement les coqs, 2 jours par semaine, les mercredi et dimanche.
Une chasse illégale
Depuis 2008, les associations de protection de l'environnement attaquent systématiquement les arrêtés préfectoraux autorisant les prélèvements de ce galliforme des montagnes, et systématiquement les tribunaux donnent raison aux associations.
En 10 ans, 44 décisions de justice ont été rendues pour confirmer l'annulation ou suspendre ces arrêtés.
Les juges retenant que "la chasse est de nature à compromettre les efforts de conservation de l'espèce", violant ainsi la "directive européenne Oiseaux" du 30 novembre 2009.
Les associations attendent une date d'audience du tribunal administratif de Pau, seul compétent pour juger les litiges administratifs dans les Hautes-Pyrénées.
Joint par téléphone, France Nature Environnement explique les motivations :
La publication de l'arrêté le vendredi soir pour une chasse le dimanche ralentit l'action juridique des associations, mais en fonction de la date d'audience, nous gagnerons peut-être 2 à 3 jours de suspension.
Les délais incompressibles des tribunaux empêchent l'arrêt de la chasse en temps et en heure.
Tous les voyants au vert
De son côté le président de la Fédération de chasse des Hautes-Pyrénées n'est pas satisfait du quota de 10 tétras imposé par la préfecture. Pourtant pour Jean-Marc Delcasso :
Cette année, tous les voyants sont au vert.
Pour la première fois depuis 30 ans l'indice de reproduction est exceptionnel, il est de 1.5 sur la chaine des Pyrénées et de 1.6 dans le département des Hautes-Pyrénées.
Il indique l'abondance de ces oiseaux cette année par rapport à l'année précédente où aucun prélèvement n'avait été autorisé.
Pour 2019, l'ONCSF, l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage préconisait le prélèvement de 17 grands tétras sur les Hautes-Pyrénées et la préfecture en autorise seulement 10.
Une décision que n'approuve pas le patron des chasseurs.
Il met en avant les efforts faits chaque année par sa fédération pour débroussailler et ouvrir les milieux naturels favorables au développement des grands gallinacés.
Entre les investissements et le matériel, ces initiatives coûteraient environ 150.000 € à la fédération des chasseurs.
Une chasse difficile
Jean-Marc Delcasso nous explique que la chasse au grand tétras est une chasse de spécialistes.
N'importe quel chasseur ne peut pas s'aventurer sur son territoire, sur les pentes abruptes, les éboulis, les forêts où il vit.
C'est physique, il faut connaitre le milieu, ce n'est pas donné à tout le monde, c'est un casse-pattes. Et puis pour en prélever un il faut en tirer dix, parfois on n'arrive pas à atteindre le quota.
Le grand tétras est une espèce protégée dans les départements de l'Est de la France (Jura et Vosges).
Dans le massif pyrénéen, seuls les coqs adultes peuvent être chassés, les femelles sont protégées.
Quotas autorisés et coqs effectivement prélevés les années précédentes
- 2018 : pas de prélèvement
- 2017 : 15 coqs autorisés / 9 prélevés
- 2016 : 18 coqs autorisés / 6 prélevés
- 2015 : 19 coqs autorisés / 3 prélevés
- 2014 : 15 coqs autorisés / 7 prélevés
- 2013 : 21 coqs autorisés / 14 prélevés