Un collectif se mobilise contre un projet de scierie géante près de Lannemezan dans les hautes-Pyrénées. "Touche pas à ma forêt" prend de l’ampleur et s’organise pour faire capoter le projet.
A l’origine, il y avait 8 organisations dans le collectif. Aujourd’hui, il y en a 38 dont une trentaine rien que sur les Hautes-Pyrénées. Le collectif "Touche pas à ma forêt" lutte contre un projet de méga scierie qui pourrait voir le jour près de Lannemezan (65). Elle traiterait 50 000 mètres cubes de grumes de hêtres (soit 250 000 m3 de bois coupés chaque année) et serait associée à l’installation d’un co générateur qui brûlerait les déchets de la scierie.
"Une grosse chaudière pour faire de la vapeur d’eau", dit Pascal Lachaud élu PCF à Capvern.
C’est lui qui a découvert le projet du groupe Florian dans les cartons de la Communauté de Communes du Plateau de Lannemezan (CCPL) en décembre, lui qui l’a mis sur la place publique. Il fait désormais partie des nombreux porte-paroles du collectif. "Touche pas à ma forêt" fédère des associations, des syndicats, des partis politiques et de simples citoyens.
Des citoyens sensibles à l'environnement
"A chaque réunion publique (6 organisées déjà sur 4 départements) des organisations nous ont rejoint", explique Pascal Lachaud. "500 citoyens nous ont laissés leurs coordonnées. Le mouvement s’appuie là-dessus avec une structure grâce aux organisations mais aussi les citoyens. Ce qui nous intéresse c’est le sens, il y a des débats permanents."Les citoyens sont ultra réceptifs mais on a du monde en face : l’Etat, la Région, l’intercommunalité mais ça nous fait même pas peur.
Mathilde Gelamur a rejoint le collectif il y a quelques mois. Cette infirmière âgée de 30 ans se dit sensible à l'environnement et lors d'une réunion publique, elle a trouvé sa place dans le groupe. C'est la première fois qu'elle se mobilise pour une cause. "Je me suis sentie légitime à m'investir. On considère que la forêt est un bien commun et je trouve que j'ai mon mot à dire. J'ai l'impression qu'avec les amis de ma génération on a envie de s'investir car on a hérité d'un monde qui n'est pas en accord avec ce que nous croyons".
J'ai envie de me réapproprier cette forêt qui est à moi autant qu'aux autres.
Une organisation pour faire face à un projet industriel
Pour le collectif, pas question de faire de l’opposition systématique. Il y a des échanges en cours avec le président de l’intercommunalité et la Région (qui a financé une partie des études du projet de scierie)."On a créé 9 commissions de travail dont une qui étudie un projet alternatif", dit Pascal Lachaud. "Notre vision c’est le lancement d’un plan bois pour relancer les usages du bois. On veut montrer que l’on peut créer de l’emploi avec les métiers du bois. Les petites scieries ont de vraies difficultés."
Chaque commission a un référent et un comité de liaison réfléchit aux problématiques et aux questions qui seront soumises au vote en assemblée générale. En quelques mois, Mathilde Gelamur a vu le collectif prendre de l'ampleur et s'organiser : "ça se tient, j'avais peur de l'essoufflement mais pas du tout. Au début nous étions très nombreux, tout le monde voulait s'investir. On a ajouté ce comité de liaison pour la coordination."
60 personnes font partie de la commission actions et marches. Parmi elles, Christine Monlezun, maire du petit village de Fréchendets. "La forêt ici dans les Baronnies fait partie du patrimoine", explique-t-elle. Elue maire en juillet, elle a pu prendre connaissance de manière approfondie de ce projet dont elle avait entendu parler en tant que citoyenne.
C'est le fait que ce soit un projet industriel qui me dérange. On n'est pas du tout contre l'exploitation de la forêt mais il faut l'exploiter de façon raisonnée.
"Moi en tant que maire j'envisage de prendre une délibération contre ce projet", ajoute Christine Monlezun. "Il y a de la crainte parfois chez les élus qui ne veulent pas être dans le viseur mais il faut que les communes se positionnent car le bois qui va être utilisé c'est celui des forêts communales."
Christine Monlezun prépare avec sa commission une importante mobilisation pour le week end des 10 et 11 octobre.
Elle distribue des tracts sur les marchés. "Les gens sont réceptifs", dit-elle. "La crise sanitaire ça engage des réflexions. Sur le climat aussi. Sur comment on veut se positionner. Des projets comme celui-là, ça va à l'inverse de ce qu'il faudrait faire. Ce sont des projet d'un monde d'avant."