La deuxième vague d'épidémie de coronavirus n'épargne pas l'hôpital de Tarbes. Sur 20 lits disponibles en réanimation, 16 sont occupés par des patients dont 11 atteints du covid-19. Le taux d’occupation est aujourd’hui supérieur à 80% ce qui met le service en extrême tension.
"Nous ne sommes pas saturés mais on s'oriente vers une réelle tension du service", explique le docteur Thierry Dulac, chef du service réanimation. La capacité hospitalière en réanimation était de 12 lits, elle est passée à 16 lits le 2 novembre dernier pour atteindre 20 lits ce lundi 9 novembre.
La deuxième vague frappe de plein fouet la structure. Rien à voir avec la première vague, analyse le docteur Thierry Dulac :Le taux d’occupation est supérieur à 80% avec une majorité de patients Covid et la situation ne devrait pas s’améliorer.
Entre le mois de mars et le mois d’août l’hôpital avait accueilli 13 patients covid, depuis septembre la structure a enregistré 23 patients. Ce qui nous préoccupe c’est que le taux d’incidence du département des Hautes-Pyrénées est de 510 pour 100000 habitants, ça nous laisse présager de la continuité de ce flux de patients.
Une tension à tous les étages
Dans la tente installée devant l’entrée de l’hôpital, les urgentistes sont aussi très sollicités. 15 à 20 patients atteints du Covid-19 se présentent ici tous les jours, un flux important auquel il faut ajouter l’entrée des urgences habituelles. Au printemps dernier, lors de la première vague, avec le confinement, les urgences dîtes classiques avaient diminué. Cette fois-ci, le confinement est moins suivi et les patients sont plus nombreux entre 80 et 90 personnes jour.Le plan blanc niveau 2 a été déclenché il y a une semaine, Il a donc fallu mettre en place un dispositif efficace pour une meilleure prise en charge des patients avec davantage de personnels. A noter que cette fois-ci les patients covid sont plus jeunes et plus gravement atteints.
Service en tension et personnel sur le pont
Un patient vient d’intégrer le service de réanimation. Dans la salle de soins adaptée pas moins de 7 personnes, médecin, infirmières aides-soignants sont mobilisées. Le patient atteint du Covid est placé sur le ventre pour améliorer sa ventilation.Pour Lucie Bertin, infirmière en réanimation "cela demande beaucoup de temps et d’énergie, il faut aussi de la force pour soulever à mains nues les patients".
Pour faire face à la recrudescence de cas Covid, l’hôpital de Tarbes a augmenté sa capacité d’accueil. "Cela a été possible par la mobilisation de tous les personnels paramédicaux en modifiant leur rythme de travail, par le rappel des personnels qui étaient venus en renfort dans le service lors de la première vague, le rappel également du personnel de bloc opératoire, des infirmières anesthésistes. Ceci nous a contraint à déprogrammer un certain nombre d’interventions non urgentes ou facilement reprogrammables." précise le docteur Thierry Dulac
Réguler le flux Covid
En tension, le service de réanimation doit aussi faire face à des temps d’hospitalisation plus longs. Les patients atteints du coronavirus restent en moyenne 14 jours en réanimation au lieu de 7 pour les personnes touchées par d’autres pathologies.Après un passage au sein du service de réanimation de l’hôpital de Tarbes les patients sont acheminés vers des "unités de surveillance continue", des structures spécifiques présentes sur le territoire, à Lourdes, Lannemezan ou Montaigu.
Actuellement la difficulté est de gérer ce flux important sans déséquilibrer l’ensemble du système hospitalier des Hautes-Pyrénées.
Vendredi 6 novembre, 97 hospitalisations Covid étaient recensées dans le département des Hautes-Pyrénées par l'agence régionale de santé (ARS). Un nombre jamais atteint lors de la première vague, 43 personnes sont décédées du Covid.
Risque de transfert de patients
Les Hautes-Pyrénées se classent désormais troisième des départements en Occitanie où le virus circule le plus. Le docteur Thierry Dulac, chef du service de réanimation met en garde :La situation est extrêmement préoccupante. C’est la raison pour laquelle j’en appelle à la responsabilité collective, nous devons respecter les mesures barrières et les contraintes de cette nouvelle période de confinement. On pense que cela va continuer et que si rien n’est fait le système n’est pas dimensionné pour faire face.