Parmi les 34 conseillers départementaux des Hautes-Pyrénées, 23 se représentent pour un nouveau mandat de 6 ans. Le renouvellement d’un tiers de l’assemblée départementale va certes bousculer les équilibres mais un basculement de majorité semble peu probable.
La majorité de gauche est largement ancrée dans les Hautes-Pyrénées. La personnalité de l’actuel président de l’assemblée : Michel Pélieu (PRG) y est pour beaucoup.
Michel Pélieu : un faux calme
Sa crinière grise trahit ses 75 ans, sa silhouette svelte lui procure l’allure d’un jeune premier… enfin presque. A la tête du département depuis 10 ans, Michel Pélieu tire sa légitimité de sa gestion des graves inondations de juin 2013. Les dégâts sont alors considérables sur les routes sans oublier les maisons dévastées par la boue et l’eau. Les berges des cours d’eau et des torrents fragilisées représentent une menace en cas de nouvelles intempéries majeures. Si les politiques sont souvent taxés d’inefficacité, il parvient à engager des travaux dans des délais très rapides.
Pendant plus d’un an, les grues, les camions, les engins de chantier de toutes sortes réparent le réseau routier dévasté. Pendant ce vaste chantier, Michel Pélieu parvient surtout à imposer à l’Etat un assouplissement des règles des marchés publics et des travaux dans les cours d’eau. Assurées d'avoir des contrats et face à l’ampleur de la tâche, les entreprises du BTP affichent les mêmes tarifs. Les poids lourds et les pelles se retrouvent jusque dans le lit des rivières. Les truites restent muettes, les écologistes détournent les yeux et l’Etat laisse faire. Cette « parenthèse » facilite les réparations menées tambour battant et montrent qu’une collectivité locale peut être agile et efficace. Michel Pélieu gagne alors ses galons de patron.
A son actif, le travail entrepris dans son fief du Louron. La station de ski de Peyragudes dispose des meilleurs équipements, le centre de thermoludisme Balnéa s’agrandit sans cesse et affiche une fréquentation en hausse constante. Dernier signe de ce dynamisme touristique, la construction d’un hôtel 4 étoiles dans le village de Loudenvielle.
Pélieu, le bâtisseur goûte peu les règles, les codes, les normes pour préserver écrevisses à pattes blanches et autres pipistrelles. Et il peste régulièrement contre les contentieux engagés par les associations environnementales envers des équipements ou des projets. Sa position de « patron du département» lui permet aussi d’enregistrer le passage du Tour de France avec une régularité métronomique. Et bingo, en 2020, avec une arrivée dans son petit village de Loudenvielle, au pied du col de Peyresourde. Dans le sillage du peloton, un flux de touristes et de visiteurs sans oublier les images magnifiques des cimes des Pyrénées diffusées dans le monde entier. Les sommets magnifiés par la télé attirent les touristes du prochain été.
Le tableau serait trop flatteur sans quelques aspérités. L’édile supporte mal la contradiction et la remise en cause de son action. En 2019, la publication d’une vidéo par La France Insoumise sur la base de rapports publiés en 2017 par la Chambre Régionale des Comptes met en fureur Michel Pélieu. Cet épisode révèle un homme cassant, autoritaire et volontiers dominateur. La caricature du potentat local.
Sa longévité, après 10 ans à la tête du département, associée à beaucoup de pragmatisme et loin de toute idéologie, lui assure une majorité bien au-delà du cercle de ses partisans. Autre atout et non des moindres, aucune autre personnalité ne parait en mesure de lui disputer cette autorité politique. D'ailleurs, il met un point d’honneur à entretenir son positionnement loin des partis et des postures, des slogans, des élans pour afficher une attitude de travailleur méthodique et laborieux.
Illustration de ce talent d’équilibriste, la limitation de vitesse. Bien conscient de l’impopularité des 80km/h sur les routes départementales, Michel Pélieu rétablit le "90" mais uniquement sur les principaux axes, 220 kilomètres concernés sur un réseau départemental de… 3.000km.
Pour ce scrutin, pas question d’adouber ou de montrer des préférences pour des candidats en cas de renouvellement des conseillers départementaux. Michel Pélieu attend sagement que les nouveaux élus suivent son sillage et se rallient à son camp. Au sein de l’assemblée départementale, seuls les candidats de droite forment un groupe d’opposition… guère combatif. Pas de résignation pour le militant communiste Pascal Lachaud, fervent opposant au projet de méga-scierie à Lannemezan, il conteste l’hégémonie de Michel Pélieu associé à Maryse Bérié, élus avec 75% des suffrages en 2015 dans le canton Neste, Aure, Louron.
Les Hautes-Pyrénées qui comptent un peu plus de 225.000 habitants rencontrent pourtant de sérieuses difficultés. Une population vieillissante et ses piliers économiques, le tourisme et l’aéronautique sont les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. Un chiffre révèle le marasme actuel : le nombre d’allocataires du RSA a grimpé de 10% depuis un an.
La lutte des anciens alliés dans les cantons
La guerre larvée PS/PRG s’étale sur le canton de la Barousse avec des allures de 3ème tour des Municipales. Le maire de Lannemezan, le socialiste Bernard Plano, conseiller régional sortant mais évincé de la liste de Carole Delga, cherche à rebondir au département. Il fait face aux conseillers départementaux sortants : Laurent Lage et Pascale Péraldi, tous deux PRG. Plano a battu Laurent Lage aux dernières municipales et le maire de Lannemezan se trouve opposé à son ancienne collègue, au conseil régional : Pascale Péraldi. Bref, les amis d’hier se déchirent désormais et se retrouvent face à face.
Autre combat entre d’anciens alliés, le canton de la Haute-Bigorre. Le duo formé lors des dernières cantonales en 2015 par Jacques Brune et Nicole Darieutort se sépare. Les 2 sortants se présentent chacun de leur côté sur ce même canton, malheur au vaincu qui perdra son siège au département.
A Lourdes, le nouveau maire, Thierry Lavit veut assoir son influence. Il est candidat sur le canton de Lourdes 1. Un de ses proches se positionne sur l’autre canton de Lourdes. Thierry Lavit a d’ores et déjà annoncé qu’en cas de victoire, il viendrait se ranger dans l’actuelle majorité.
Autre points chauds ou plutôt tièdes, les cantons de Tarbes. Là aussi, les Départementales ont l’allure d’un 3ème tour des Municipales de l’an dernier. Des candidats d’une liste concurrente au maire Gérard Trémège (LR) se présentent. Ce même Trémège avance aussi ses pions avec la candidature de proches sur les 3 cantons tarbais.
A noter la présence de candidats PCF, si les résultats électoraux sont en déclin, les militants espèrent toujours un rebond… contestés parfois par des candidats estampillés La France Insoumise. Bizarrement, LFI est absente des cantons de Tarbes.
A surveiller, les scores du Rassemblement National, présent dans 10 cantons sur 17. En dépit d’un résultat décevant aux dernières municipales à Tarbes, le conseiller régional Olivier Monteil porte toujours les couleurs de son mouvement dans cet autre scrutin local.
L'assemblée départementale sortante compte 34 élus. La majorité de gauche, socialistes, radicaux et communistes, en totalise 31 sur 34. Le département des Haute-Pyrénées gère un budget de 320 millions d'euros.
La composition du Conseil départemental depuis 2015.
Débats sur France 3
France 3 Occitanie organise des débats pour les Départementales 2021 en Occitanie.
Lundi 7 juin :
- Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Haute-Garonne, 23h20 Gers et 23h55 Ariège.
- Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : Pyrénées-Orientales et Lozère.
Lundi 14 juin :
- Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Tarn-et-Garonne, 23h20 Tarn et 23h55 Lot.
- Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : Gard et Aude.
Mercredi 16 juin :
- Sur l'antenne de France 3 Midi-Pyrénées : 22h50 Aveyron et 23h25 Hautes-Pyrénées.
- Sur l'antenne de France 3 Languedoc-Roussillon : Hérault.
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