"Dieu, seul, juge", des fidèles et pèlerins en faveur du maintien des œuvres d'un prêtre accusé d'abus sexuels

Faut-il maintenir ou enlever les mosaïques du sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées) réalisées par un prêtre accusé d'agressions sexuelles ? Les avis sont partagés au sein de l'Église.

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Les céramiques ont été installées en 2008 sur la basilique Notre-Dame du Rosaire pour célébrer les 150 ans des apparitions de la Vierge. Elles sont l'œuvre de Marko Rupnik, un jésuite slovène accusé d'agressions sexuelles. Leur maintien est au cœur d'une polémique. Et les avis partagés au sein même de l'Église, au point que le 2 juillet 2024, l'évêque de Tarbes-Lourdes, pourtant favorable à leur retrait, a annoncé une solution provisoire : les mosaïques ne seront plus mises en lumière la nuit.

"Dieu, seul, juge"

Interrogés sur le sujet, certains des pèlerins rencontrés aux portes du sanctuaire de Lourdes préfèrent s'en remettre aux préceptes religieux. "Dieu, seul, juge", nous répond un visiteur breton. Pour lui, les mosaïques de Rupnik font partie du sanctuaire. "J'aurais tendance à dire qu'elles sont bien là. Moi, je les garderai, nous dit-il. Peut-être que si on les laisse, ce sera une façon pour lui d'être racheté. Si ça peut être une source de sanctification pour nous tous, tant mieux."

Garder les mosaïques, c'est aussi l'avis d'une autre croyante. "De toutes les manières, nous sommes tous pécheurs, estime-t-elle, allant jusqu'à dire que "ce n'est pas parce qu'un prêtre a commis des abus sexuels qu'il faille le condamner." Puis, elle se reprend tant bien que mal. 

"Il faut essayer de pardonner, avance-t-elle en guise d'explications. Ce n'est pas forcément facile, c'est certain, mais il faut faire appel à la miséricorde de Dieu. Le sanctuaire est fait pour cela. Le sanctuaire marial est un sanctuaire de miséricorde."

Rappelons que le père Marko Rupnik, théologien et mosaïste de renommée mondiale, est accusé de violences psychologiques et sexuelles sur au moins une vingtaine de femmes au sein de la communauté qu'il dirigeait à Ljubljana en Slovénie.

"Elles continueront d'alimenter le sentiment de douleur des victimes"

Fin juin 2024, cinq victimes du prêtre slovène ont demandé à l'Église catholique le retrait des œuvres de Rupnik dans les lieux de culte comme à Lourdes. Leur exposition étant jugée "inappropriée et traumatisante". Cette parole de victimes d'abus sexuels a été entendue par l'évêque de Tarbes-Lourdes qui avait mis en place une commission début 2023 pour décider du sort des mosaïques.

Pour l'heure, ses mosaïques ne seront plus mises en valeur par des lumières le soir venu. "Il s'agit d'un premier pas, que nous saluons, mais d'autres devront s'y ajouter prochainement, ont indiqué des victimes du père Rupnik dans une déclaration relayée par l'avocate italienne, Laura Sgro. La première plainte de Gloria Branciani, qui ne fut pas écoutée, remonte à 1994, c'est-à-dire à trente ans.

"Et s'il est vrai que le soir, les mosaïques ne seront plus éclairées, pendant la journée, elles seront encore bien visibles et continueront d'alimenter la perplexité des fidèles et le sentiment de douleur des victimes, peut-on lire encore. Les victimes que je représente sont disponibles pour rencontrer Mgr Micas dans le but d'avancer ensemble sur un chemin de discernement qui peut véritablement conduire à la réparation et à la consolation."

L'évêque de Tarbes-Lourdes s'est publiquement prononcé en faveur du retrait des mosaïques de Rupnik. Une option absolument non entendable pour certains, "qui rajouterait encore plus de division et de violence", a-t-il précisé dans un communiqué.

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