L'épouse et le fils d'un patient hospitalisé au centre hospitalier de Bagnères-de-Bigorre, aujourd'hui en état végétatif, s'oppose à la décision d'arrêt de soins prise par l'hôpital. Un référé a ordonné la reprise des soins ; la famille a porté plainte pour "traitement inhumain et dégradant".
Le 3 décembre dernier, l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, décide de stopper l'alimentation et l'hydratation d'un patient de 70 ans, entré depuis 2013 des suites d'un arrêt cardiaque. C'est en lui rendant visite que l'épouse dit avoir appris la nouvelle, et constaté que l'alimentation de son mari avait été stoppée.
La famille de ce patient s'oppose à l'arrêt des soins. L'époux n'avait pas rédigé de directives anticipées, mais "il ne souhaitait pas mettre fin à sa vie", au titre de ses "convictions religieuses" et car il "aimait la vie", précise l'avocat de la famille du patient, Me Roger-Vincent Calatayud.
La justice ordonne la reprise des soins
En désaccord avec la décision d'arrêter les soins, la famille envoie plusieurs lettres recommandées à l'hôpital puis, par l'intermédiaire de son avocat, forme un référé. La décision du tribunal administratif de Tarbes est rendue le 10 janvier dernier : la justice ordonne à l'équipe médicale de poursuivre les soins, selon les modalités compatibles avec l'état du patient, au motif que la procédure collégiale, normalement exigée par le code de la santé publique avant ce type de décision, n'a pas été respectée.
Depuis, l'épouse, qui se rend à l'hôpital tous les jours, dit n'avoir eu aucune information de l'équipe médicale. Un courrier, qu'elle reçoit le 26 janvier, l'informe qu'une "réunion collégiale" s'est tenue 3 jours plus tôt. Que s'est-il passé depuis ?
Une semaine plus tard, l'épouse attend toujours les conclusions. Elle ne sait pas si les soins pour son mari ont été stoppés ou non. "Elle est dans un grand désarroi", commente son avocat Me Me Roger-Vincent Calatayud : "on ne lui répond pas, c'est invraisemblable". "Ce qui est le plus aberrant c'est qu'il n'y a aucune communication possible entre la famille et l'équipe médicale." L'avocat de la famille réfléchit d'ailleurs à demander une expertise, pour pouvoir connaître l'état actuel du patient et savoir si les soins ont effectivement été stoppés.
Plainte pour "traitement inhumain et dégradant"
Contacté par notre rédaction, le directeur de l'hôpital se refuse à commenter cette affaire invoquant la confidentialité des patients et "par respect pour eux et pour leur famille." Concernant le référé du tribunal administratif, il déclare : "Je ne ferai également aucun commentaires sur les décisions judicaires". De son côté, l'avocate du centre hospitalier, Me Karine Lhomy, a également refusé de s'exprimer sur cette affaire.
La famille a porté plainte pour "traitement inhumain et dégradant", une enquête est en cours.
Sept mois après la mort de Vincent Lambert, cette affaire s'inscrit de nouveau dans le débat sur l'épineuse question du traitement de la fin de vie en France.