Une nouvelle demande de libération de Georges Abdallah, militant libanais pro-palestinien, libérable depuis 1999 et détenu à la maison d'arrêt de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, sera examinée ce lundi 7 octobre 2024.
"Georges Ibrahim Abdallah est le plus vieux prisonnier au monde lié au conflit du Moyen-Orient", affirme à nos confrères de l'AFP son avocat, Me Jean-Louis Chalanset.
En prison depuis 40 ans, libérable depuis 1999, le militant libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah, condamné en 1986 pour complicité d'assassinat, verra lundi 7 octobre 2024 sa nouvelle demande de libération conditionnelle examinée à la maison d'arrêt de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).
Une audience en comité restreint
L'audience se déroulera en comité restreint. L'avocat et le condamné seront face à trois juges, un représentant du parquet national antiterroriste, un greffier et l'avocat des parties civiles.
"Il est plus que temps qu'il soit libéré", insiste le conseil qui demande conjointement sa libération et son expulsion vers le Liban, car le prisonnier craint pour sa sécurité s'il devait rester en France.
Âgé aujourd'hui de 73 ans, Georges Abdallah est arrêté à 33 ans lorsqu'il entre, le 24 octobre 1984, dans un commissariat lyonnais pour demander à être protégé de ce qu'il pense être des agents du Mossad à ses trousses.
"En réalité, ce sont des agents français qui le filent car il occupe à l'époque un appartement au nom d'un individu arrêté en Italie avec 6 kilos d'explosifs", raconte au journal Le Monde Louis Caprioli, ancien responsable de la Direction de la surveillance du territoire (DST).
Condamné à perpétuité
"Malgré son passeport algérien, la DST comprend vite que cet homme au français parfait n'est pas un touriste, mais le cofondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises, groupuscule marxiste pro-syrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France", rappelle l'AFP.
Il est condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité, après avoir été reconnu coupable de complicité de l'assassinat à Paris en 1982 de deux diplomates, l'Américain Charles Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov, et de la tentative d'assassinat du consul général des Etats-Unis Robert Homme, à Strasbourg en 1984.
Quarante ans plus tard, il attend de connaître la décision des juges quant à sa demande de libération conditionnelle, la onzième. Celle-ci a été déposée il y a plus d'un an devant le tribunal d'application des peines antiterroriste.
Toutes les autres ont été retoquées au motif qu'il n'a jamais émis de regrets vis-à-vis des crimes qu'il a toujours niés. Toutes sauf une, en 2013, acceptée sous réserve qu'il fasse l'objet d'un arrêté d'expulsion, finalement pas mis en œuvre par le ministre de l'Intérieur d'alors, Manuel Valls.
Lire aussi : Incarcéré à Lannemezan, Georges Ibrahim Abdallah est libérable sous condition d'être expulsé de France
Une décision politique
Sa défense et ses soutiens, toujours nombreux, voient la main du gouvernement américain derrière son maintien en détention et rappellent que Washington, partie civile à son procès en 1987, s'est systématiquement opposé à ses demandes de libération. "Ce n'est pas pour autant qu'on ne mènera pas la lutte, puisqu'on est convaincu que ce n'est pas la justice qui bloque", explique Rita à l'AFP, militante libanaise au sein de la campagne pour sa libération, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. "Aujourd'hui, il est kidnappé par l'Etat français, donc c'est l'Etat français qui, quand il y aura assez de pression politique, sera obligé de le libérer."
Manifestement, il y a une opposition à sa libération et on souhaite qu'il meure en prison, ce qui est totalement délirant en droit et contraire à toutes les conventions européennes
Me Jean-Louis Chalanset, son avocat
La décision des juges ne devrait pas être connue avant une quinzaine de jours. En cas de refus, son avocat prévient qu'il fera appel.