Plus vieux prisonnier de France, condamné pour complicité d'assassinat de diplomates : tout savoir sur Georges Ibrahim Abdallah dont le meeting de soutien est interdit

Dans le contexte de la guerre d'Israël contre le Hamas, la manifestation de soutien à Georges Ibrahim Abdallah prévue samedi 20 octobre devant la prison de Lannemezan vient d'être interdite par le préfet des Hautes-Pyrénées. Emprisonné depuis 40 ans qui est Georges Ibrahim Abdallah, activiste palestinien, plus vieux prisonnier politique de France.

Depuis quinze ans, fin octobre, à l'initiative du collectif 65 pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, des soutiens au plus vieux prisonnier politique de France se rassemblent devant la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).

Manifestation de soutien interdite

Cet activiste libanais engagé pour la cause palestinienne est emprisonné depuis presque 40 ans. Il est libérable depuis 24 ans. Et chaque année donc, en parallèle aux demandes de remises en liberté ou semi-liberté officielles toutes rejetées, une manifestation réunit beaucoup de monde à proximité de la prison où il est incarcéré. 

Mais au regard des événements en Israël et de la guerre engagée entre l'Etat hébreu et le Hamas, le préfet des Hautes-Pyrénées vient d'interdire ce rassemblement pour Georges Ibrahim Abdallah qui était prévu ce samedi 21 octobre de 14h à 18h.

Dans son arrêté préfectoral publié le jeudi 19 octobre, la préfecture des Hautes-Pyrénées justifie son interdiction

Cette manifestation rassemble chaque année un demi-millier de personnes venues de toute la France et de l'étranger, notamment des personnalités politiques, des figures de l'ultra-gauche et certains anciens membres du groupe Action directe. Avec le passage en niveau "Urgence attentat" cela réduit les moyens des forces de sécurité intérieure. Le collectif "Palestine vaincra", participant déclaré, exprime explicitement sur son site internet des propos ouvertement hostiles à l'Etat d'Israël. Au regard du contexte actuel de tensions en lien avec la situation au Proche-Orient et de la dimension internationale de Georges Ibrahim Abdallah, la mobilisation déclarée constitue une occasion particulière pour la mouvance pro-palestinienne de s'opposer de manière violente et véhémente à l'Etat d'Israël. Ainsi cette manifestation est susceptible de créer lors de cette édition des troubles inhabituels à l'ordre public.

Arrêté préfectoral des Hautes-Pyrénées du jeudi 19 octobre

Les autorités craignent clairement des troubles éventuels à l'ordre public. Une interdiction qui a pris une tournure politique au regard de la flambée d'horreurs et de violence en Israël et en Palestine. En effet pour le collectif 65 qui le soutient "Georges Ibrahim Abdallah est un défenseur de la cause palestinienne et d’un peuple qui exige depuis 75 ans un état et une terre. Un peuple qui demande l’application et le respect des résolutions de l’ONU, le respect du droit international."

Une procédure en référé pour lever l'interdiction

Le collectif vient de déposer devant le tribunal administratif de Pau une procèdure en référé liberté. Une procèdure d'urgence pour faire autoriser cette manifestation. Selon le collectif, l'arrêté préfectoral est une atteinte grave à une liberté fondamentale celle qui se rattache à la liberté d'expression.

"La décision litigieuse interdisant la manifestation (...) porte incontestablement une atteinte à la liberté de manifester", peut-on lire dans ce référé datant du 20 octobre 2023. Une audience est prévue demain samedi 21 octobre dès 10h. 

Un meeting était déjà prévu ce vendredi 20 octobre à 18h à la Bourse du travail à Toulouse (Haute-Garonne) dans le cadre d'une grande soirée de soutien à Georges Abdallah. Face à ce contexte de fortes tensions, l’UD CGT 31 a décidé d'annuler l'événement. 

  • Un militant communiste libanais

Mais alors qui est Georges Ibrahim Abdallah, plus vieux prisonnier politique de France. Considéré comme un terroriste par certains, comme un défenseur de la cause palestinienne par d'autres, ce citoyen Libanais suscite beaucoup d'attention et de ferveur.

Georges Ibrahim Abdallah est né le  dans le nord du Liban. Son engagement politique débute dans les rangs du Parti national syrien (PSNS). En 1976, la Syrie envahit le Liban. Abdallah, en tant que membre du parti social nationaliste rejoint le camp des pro-syriens. 

Georges Abdallah s'engage aussi en faveur du FPLP (front populaire de libération de la Palestine). Il est motivé par la cause palestinienne et les invasions successives de l'armée israélienne au Sud Liban, en 1978 et 1982 lancées en réponse à de multiples attaques palestiniennes contre la frontière nord d'Israël. Il est blessé lors de l'invasion israélienne du Sud Liban en 1978.

  • Abdallah crée la Fraction armée révolutionnaire libanaise

Selon le Mossad, il participe à la création de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL). Une organisation se déclarant communiste et anti-impérialiste, dont il dirige les opérations en France sous les pseudonymes Salih al-Masri et Abdu-Qadir, la base de ce groupe étant à Lyon.

En 1982, les FARL revendiquent l'assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray attaché militaire américain à Paris le  et de Yacov Barsimentov, diplomate israélien membre du Mossad le 3 avril de la même année et blessent gravement le  consul américain à Strasbourg.  

Les FARL décrivent ces attentats comme des actes de résistance à une agression militaire, le Liban faisant alors face à une invasion israélienne appuyée par les États-Unis. Abdallah, militant communiste, est considéré comme le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL) en France, donc à l'origine de ces attentats. 

  • Condamné à la perpétuité pour complicité d'assassinat de diplomates israëliens et américains

Il est arrêté à Lyon et emprisonné en 1984. En 1987, il est condamné à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l'assassinat de diplomates israëliens et américains à Paris. Il est également soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'assassinat en 1976 de Francis Meloy, ambassadeur des États-Unis au Liban.

Sa demande de libération fera l'objet entre 1985 et 1986 d'attentats par le « Comité de soutien avec les prisonniers politiques arabes du Proche-Orient » (CSPPA) qui feront 13 morts et 250 blessés en France ainsi que d'un kidnapping d'un fonctionnaire français en Libye.

Il jouit d'une grande popularité au sein de la classe dirigeante libanaise, plusieurs politiciens libanais exigeant sa libération. Une campagne pour sa libération est organisée par plusieurs mouvements communistes et altermondialistes.

Depuis 24 ans, il est libérable selon la loi française mais toutes ses demandes de remises en liberté ont été rejetées. Au Liban et en Palestine, il est considéré comme un défenseur de la cause palestinienne. Chaque année, des soutiens manifestent devant sa prison de Lannemezan pour obtenir sa libération. Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné depuis presque 40 ans. 

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