La ville de Tarbes c’est son bâton de berger. 19 ans de règne ! A 75 ans, Gérard Trémège tient toujours, à droite, les rênes à de la mairie. Mis en examen dans deux affaires judiciaire, il vient d'être réélu maire de Tarbes avec 52,79 % des voix.
C’est un homme de droite, un survivant de la vague bleue des années 2000. Sa vie c’est la politique, il le dit sans fard il a sacrifié sa vie privée pour tout donner à la politique, c'est sa raison d’être. A l’aube de ses 76 ans, il règne encore sur la ville de Tarbes et brigue un quatrième mandat. Ses opposants remettent d’ailleurs en cause "le système Trémège". Malgré les affaires judiciaires, les Tarbaises et les Tarbais semblent lui accorder leur confiance, il vient d'être réélu maire de Tarbes avec 52,79 % des voix.
Un parcours atypique et le sens des affaires
Gérard Trémège est né en 1944 à Séméac dans les Hautes-Pyrénées. Apprentis boulanger à 16 ans il entame des études de comptabilité. Diplômé à bac+5 en fiscalité, il rachète à 32 ans un cabinet d’expertise-comptable.
Parallèlement Gérard Trémège s’intéresse à la politique. En 1969, à peine âgé de 25 ans il est le co-fondateur de la jeune Chambre Economique de Tarbes.
Il a 41 ans quand il se présente pour la première fois aux élections cantonales à Tarbes. Un an plus tard il est élu député UDF-RPR des Hautes-Pyrénées. En 1989 il devient conseiller municipal de la ville de Tarbes et deux ans plus tard il est élu président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Hautes-Pyrénées.
Son ascension politique se poursuit en 1992 où il redevient conseiller général et en1993 il retrouve son siège de député qu’il devra quitter en 1995 contraint par décision du Conseil Constitutionnel de choisir entre son mandat de député et ses fonctions de président de l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie.
Il s’émancipe aussi dans sa famille politique, il est en charge du budget et de la fiscalité du parti républicain. De 1992 à 2002 il sera secrétaire national de Démocratie Libérale (DL) chargé de l’économie et de la fiscalité.
Le jeune apprentis boulanger est devenu un cador en politique et prend en 2001 les rênes de la ville de Tarbes, un fauteuil qu’il occupe depuis 19 ans après trois mandats successifs. Il a les pleins pouvoirs sur son territoire avec la présidence de la Communauté d’Agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées .
Membre des Républicains dont il est le vice-président national il est aussi conseiller régional d’Occitanie depuis 2004.
Une vie riche et tumultueuse
Il publie en 2016 "Mon Chemin", un livre d’entretien où il raconte sa vie, de son enfance à aujourd’hui. Des confessions qui s’adressent en grande partie à ses proches :
C’est une véritable introspection, j’ai posé mes valises et je me suis retourné sur ma vie, depuis mon enfance…je me rends compte que si j’ai eu une vie publique riche, elle a quand même saccagé ma vie privée. Mes absences trop nombreuses ont fait du mal à mes proches.
Aujourd’hui l’homme est un adepte des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle une manière de prendre un peu de recul sur sa vie sans pour autant remettre en cause sa voracité pour la politique.
L’homme d’affaires a conquis le pouvoir et dispose aujourd’hui d’une certaine aisance financière. Lorsqu’il vend son entreprise d’expertise-comptable il paiera un redressement fiscal de 400 000 euros sans difficultés.
Le maire de Tarbes est mis en examen dans deux affaires judiciaires. L’une pour travail dissimulé l’autre pour favoritisme sur des marchés publics de la ville.
Succès et déboire avec la justice
Gérard Trémège a été jugé le 9 juin dernier devant le tribunal correctionnel de Tarbes pour travail dissimulé. Il est soupçonné de ne pas s’être acquitté de ses cotisations à l’URSAAF. Des affaires qui relèvent "exclusivement de la sphère privé", se défend le maire de Tarbes, des affaires professionnelles qui n’ont rien avoir selon lui avec son mandat. Dans ce dossier l’élu reconnait des erreurs, il aurait agi avec légèreté. La justice lui reproche le non-paiement de cotisations sociales liées à son activité de commissaire aux comptes entre 2010 et 2012. Le jugement a été mis en délibéré le 4 août prochain, le parquet a requis 45 000 € d’amende.
Mais il y a une autre affaire dans laquelle l’élu a été mis en examen en 2015 et celle-ci ne relève pas de la sphère privée. Avec 8 autre personnes il a été mis en examen pour favoritisme et prise illégale d’intérêt et trafic d'influence passif. A la suite d’ une enquête du parquet de Pau menée sur les attributions de plusieurs marchés publics de la mairie de Tarbes. Après deux jours de garde à vue, le maire a été mis en examen ainsi que 8 autres personnes dont sa compagne et son directeur général des services. Quand l’affaire est sortie, Gérard Trémège s’est beaucoup exprimé sur le sujet convoquant la presse devant laquelle il a exprimé tout le bien qu'il pensait de Jean Glavany, l'homme de gauche et ancien Ministre de l'Eductaion nationale et de l'Agriculture, "à l’origine du complot" selon lui. Cela ne date pas d'hier, les relations ont toujours été très tendues entre les deux hommes. Mais lorsqu’il a été mis en examen le maire de Tarbes n’a plus donné suite ni convoqué la presse sur ce sujet.
Pour le moment nous ne disposons d’aucun élément sur la procédure, y aura-t’il des motifs de poursuite? L'actuel maire de Tarbes sera-t’il jugé après les élections et quelles en seront les conséquences ?
Ses adversaires remettent en cause ses méthodes et s’accordent pour dire la nécessité de "tourner la page Trémège". Myriam Mendez (DC) va beaucoup plus loin dans ses propos. Lors du débat du l’entre-deux tours sur l’antenne de France 3 Occitanie elle n’a pas mâché ses mots :
Le système Trémège, ce sont des pressions, des copinages, c’est mettre ses amis à toutes les places possibles . C’est aussi aller voir toutes les personnes que les candidats rencontrent. C’est une omettra, une terreur réelle.
Mais l’actuel maire de Tarbes n’a pas l’air d'effrayer les Tarbaises et les Tarbais. La "old school" fait apparemment recette. Malgré les affaires judiciaires, les électeurs ont voté pour lui en 2014 et au premier tour de ces élections municipales, Gérard Trémège a obtenu plus de 41% des suffrages.
Gérard Trémège va bientôt fêter ses 76 ans et dans son camp il reste fort, il n’y a pas de dissensions ni d’effondrement apparent du système, quelques élus ont démissionné mais l’homme arrive à colmater les brèches et à faire valoir son autorité.