L'étrange phénomène des tremblements de terre dans les Pyrénées se décalant de plus en plus vers le sud, les sismologues en cherchent les raisons

Le dernier séisme d'une intensité de 4,7 sur l'échelle de Richter, enregistré ce mardi 21 mai 2024 près de Tarbes, vient rappeler que les Pyrénées sont régulièrement touchées par des tremblements de terre. La région est sous surveillance et un réseau de capteurs est d'ailleurs en cours d'installation. Matthieu Sylvander, sismologue à l'observatoire Midi-Pyrénées, nous en dit plus.

Un tremblement de terre dans les Pyrénées, cela se produit trois cents à quatre cents fois par an, selon le centre pyrénéen des risques majeurs. La chaine de montagnes et considérée comme l'une des zones les plus sismiques de France. Si la plupart des secousses sont imperceptibles par les habitants, les Pyrénées n'en sont pas moins surveillées, observées et étudiées de près par les sismologues dont fait partie Matthieu Sylvander.

Pure coïncidence, ce mercredi 22 mai 2024, au lendemain du tremblement de terre ressenti dans les Hautes-Pyrénées, le sismologue est en train d'installer, dans le secteur Bordères-Louron, quelques-uns des 320 nouveaux capteurs pour détecter les mouvements.

"Une échographie du sous-sol"

Ces sismomètres vont enregistrer tous les tremblements de terre dans la région sur une durée de six semaines environ. "L'objectif, c'est de réaliser une échographie du sous-sol avec une grande précision. Pour préciser un certain nombre d'éléments sur lesquels on a encore des doutes", nous explique Matthieu Sylvander. Le sismologue est en effet à la recherche d'éléments de réponse par rapport à certaines observations.

Pourquoi il y a des tremblements de terre entre Bigorre et Béarn et pourquoi ça s'arrête brutalement et qu'il n'y a plus rien à l'est ? Pourquoi les tremblements de terre se décalent vers la Maladeta, au sud, dans les Pyrénées espagnoles ?

Matthieu Sylvander, sismologue, observatoire Midi-Pyrénées

Le sismologue cherche à vérifier des hypothèses "On pense que c'est dû à un corps de roches qui viennent du manteau terrestre," avance-t-il.

Les roches du manteau

"Là, il y aurait des roches du manteau qui seraient remontées il y a quelques dizaines de millions d'années à la faveur d'un épisode d'écartement, explique Matthieu Sylvander. Ce bloc de manteau est vraisemblablement resté coincé dans la croûte. Il occasionne ce que l'on appelle une anomalie du champ de gravité."

Ces roches du manteau nous intéresse particulièrement parce qu'elles sont peut-être à l'origine de cette interruption de la sismicité.

Matthieu Sylvander, sismologue

Plus de 300 stations de relevé supplémentaires

Un large réseau de surveillance de la sismicité en France a déjà été déployé. Il s'agit du RAP, le réseau accélérométrique permanent, qui vise à enregistrer les mouvements forts du sol en cas de séisme et constituer une base de données. Dans les Pyrénées françaises, 27 stations d'enregistrement des mouvements du sol sont rattachées à ce réseau de suivi et de surveillance des tremblements de terre.

L'équipe de l'observatoire Midi-Pyrénées est pourtant en train d'en installer 300 de plus. "Dans les Pyrénées, les stations sont espacées d'une cinquantaine de kilomètres, ce qui nous permet d'avoir une certaine précision. Mais là, on veut aller beaucoup plus loin, nous précise Matthieu Sylvander. Pour ça, on va déployer sur un carré de 30 kilomètres sur 30 kilomètres presque 300 stations. Elles seront espacées de deux kilomètres. Ce qui veut dire qu'on aura une bien meilleure précision que ce que l'on peut avoir avec les stations du réseau permanent."

Les capteurs en cours d'installation sont, de l'aveu même du sismologue, "plus rustiques et beaucoup moins sensibles.".  Mais après une expérience similaire déjà menée dans la région d'Arette dans le Béarn aux excellents résultats, le spécialiste est tout à fait confiant. "Ils vont faire le travail pour les petits tremblements de terre qui sont vraiment sous nos pieds."

Ces stations sismologiques, placées en pleine nature, mais à très faible profondeur sous terre, sont signalées, car vulnérables. Pas question d'y toucher pour assurer la qualité des mesures.

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