Dans son dernier bulletin municipal, la commune de Adé (Hautes-Pyrénées) a exprimé son souhait de ne pas voir de gens du voyage s'installer en ville. Pour éviter cela, elle demande de dénoncer tout "manège inhabituel d'un fourgon ou autre véhicule" aux gendarmes. L'association des gens du voyage va porter plainte.
"Une fois installés c'est trop tard, ils connaissent la loi. Donc mieux vaut prévenir que guérir". Dans son dernier bulletin municipal, publié au mois de juillet, la commune de Adé (Hautes-Pyrénées) entre Lourdes et Tarbes, ne s'embarrasse pas d'amalgames, pour qualifier les gens du voyage.
Sur la route de Lourdes
Chaque année, à la fin du mois d'août, gitans et gens du voyage se réunissent à Lourdes (Hautes-Pyrénées), pour un pèlerinage. Connus pour vouer un culte à la Vierge Marie, ils se retrouvent au sanctuaire où elle serait apparue, pour plusieurs jours de célébrations.
Mais pour rallier la cité mariale, les gens du voyage effectuent plusieurs arrêts auparavant, pour résider quelques jours. Ainsi, le bulletin municipal d'Adé évoque les premières étapes de cette "transhumance estivale". Ossun, Ibos, Bours, Louey et Aureilhan sont cités, avant de rajouter "il serait bon qu'ils continuent leur chemin vers la côte sans s'arrêter chez nous".
Mais outre ce vœu exprimé sans détour, la mairie appelle également ses administrés à la délation, en recommandant de contacter la gendarmerie s'ils pensent reconnaître des véhicules de gens du voyage. Dès lors, difficile d'imaginer quel délit pourrait être reproché à des personnes circulant dans la commune. "Dans tous les cas, si vous observez le manège inhabituel d'un fourgon ou autre véhicule qui tourne sur la commune, n'hésitez pas à prévenir la gendarmerie (...) directement avant la mairie ou un élu" peut-on lire.
L'association des gens du voyage porte plainte
Face à un texte qu'elle juge discriminatoire, l'association nationale des gens du voyage a décidé de porter plainte pour délits de diffamation raciale publique et de provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale.
Dans un communiqué de presse, l'association écrit : "Ces communications incitent explicitement à la surveillance et au signalement des gens du voyage à la gendarmerie, rappelant douloureusement une époque pas si lointaine où l'État organisait le fichage des "bohémiens et romanichels" en incitant les civils à participer à leur traque et leur signalement".
De quoi faire le lien entre les écrits du bulletin municipal et la seconde guerre mondiale, où des centaines de milliers de ceux qu'on appelait alors "tsiganes" ont été déportés en camp de concentration, parfois sur dénonciation.