Un million de dollars et le titre de meilleur prof du monde, un Français parmi les dix derniers candidats

Depuis 22 ans qu'il enseigne les SVT, Nicolas Gaube n'a cessé d'adapter sa pédagogie aux enjeux contemporains et aux besoins des adolescents. Partagée sur les réseaux sociaux, sa méthode de travail lui vaut une sélection dans le top 10 des 7 000 candidats du Global Teacher Prize. Un enseignant de l'Hérault meilleur professeur du monde ? Réponse le 8 novembre.

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Quand il a quitté la faculté de médecine pour étudier les sciences, Nicolas Gaube ne se rêvait même pas parmi les enseignants les plus innovants au monde.

En mai dernier, le professeur de Sciences de la vie et de la terre (SVT) à Agde candidate sans prétention au Global Teacher Prize. Un concours de la fondation Varkey, avec un million de dollars à la clé pour "un enseignant qui apporte une contribution exceptionnelle à sa profession".

"Sidération" donc, mercredi dernier, quand le quarantenaire apprend qu'il est retenu parmi les 10 meilleurs candidats, sur 7 000 participants à travers le monde. Lors de la précédente sélection, en septembre, il était déjà le seul Français dans les 50 derniers enseignants en lice.

Avant de connaître le résultat final, le 8 novembre 2023 au siège de l'Unesco à Paris, le professeur-youtubeur revient sur carrière longue de 22 ans et en constant renouvellement.

Une classe en îlots

Dans l'académie de Créteil, il a commencé par enseigner "sur une estrade, devant des tables en rang d'oignons". À cette période, le jeune prof partage son emploi du temps entre "des heures de cours difficiles" au collège et d'autres au lycée, qui constituent pour lui une "bouffée d'oxygène".

Au collège René Cassin à Agde dans l'Hérault, Nicolas Gaube divise aujourd'hui ses classes en trois îlots : laboratoire, documentaire et numérique, entre lesquels les élèves naviguent en fonction de leurs besoins mais aussi de leurs demandes.

Pour ceux qui auraient terminé les exercices plus rapidement ? Un espace bibliothèque, dans un coin de la salle. Tandis que pour les plus en difficulté, un système de tutorats entre élèves se construit dans l'établissement, grâce "à une équipe éducative soudée".

Pour rien au monde, le passionné de biologie renoncerait aujourd'hui aux classes de 5e et de 4e qui lui ont jadis causé tant de fil à retordre. "Ce sont les groupes les plus compliqués mais aussi les plus intéressants", analyse-t-il à l'autre bout du fil. Sans terminer sa phrase, il argumente : "Les gamins bougent tellement d'une année à l'autre, à cet âge-là. Les voir évoluer, parfois dans une direction positive..." 

De la littérature pédagogique aux réseaux sociaux

Cette transformation pédagogique ne s'opère pas en un claquement de doigts. Nicolas Gaube est une première fois passé au système de classe en îlots, avant d'y renoncer, pour y revenir quelques années plus tard. "J'avais de nouveaux outils, je me sentais plus armé", raconte celui qui a définitivement arrêté de noter ses élèves il y a deux ans.

Autre cause de cette constante évolution : la littérature pédagogique, dans laquelle cet habitant de Béziers se plonge régulièrement.

Inspiré par ses homologues états-uniens qui diffusent leurs expériences en classe sur les réseaux sociaux, Nicolas Gaube se lance sur Youtube en 2017. "Après 15 ans d'enseignement, je me suis dit que je pourrais avoir quelque chose à partager".

Sans grand succès, tout d'abord. Jusqu'à ce que la pandémie mette les enseignants en recherche de conseils sur internet. "Je maîtrisais déjà les outils du numérique. J'ai publié une vidéo sur la gestion d'une classe en virtuel, elle a fait 145 000 vues". Depuis, le Youtubeur aux lunettes rectangulaires publie une à deux vidéos par mois sur @unprofheureux, sa chaîne aux 14 000 abonnés.

"Ceux qu'on ne peut pas sauver"

Professeur, lecteur et internaute confirmé, Nicolas Gaube se veut modeste, par-dessus le marché. Pas de meilleur prof du monde, ni de recette miracle selon lui, mais "du temps, des essais et des échecs pour devenir l'enseignant que l'on veut être"

Parmi ses propres pistes d'amélioration : une meilleure gestion du temps de son temps d'évaluation pour "permettre aux élèves de travailler à partir de leurs erreurs". Se protéger, aussi, de "ce qu'il se passe à la maison", "de l'image que les enfants ont d'eux-mêmes" : "Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter", "ceux qu'on ne peut pas sauver".

S'il remporte le million, Nicolas Gaube le redistribuera à son établissement agathois, implanté dans cette cité balnéaire qu'il juge abandonnée avant et après l'été.

Il envisage aussi d'en envoyer une partie à des établissements étrangers. Le 8 novembre, la star des SVT disputera le prix contre un Indien ou encore Ukrainien. L'un fait peindre des fresques murales à ses élèves dans la rue, l'autre enseigne sa langue sous les bombes.

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